Porto Rico propose une forte décote sur sa dette à ses créanciers

L'île caribéenne a indiqué qu'elle ne pourra pas, malgré un sévère plan d'austérité, honorer 72 % de sa dette due d'ici à 2020. Le gouvernement espère obtenir l'accord des créanciers.
Le gouverneur de Porto Rico a proposé un plan d'austérité sévère.

Les créanciers de Porto Rico devront payer. L'île des Caraïbes, dépendance des Etats-Unis, est au centre d'une importante crise financière. Le territoire, qui se vide régulièrement de ses habitants au profit de la métropole, et n'est pas parvenu à développer un modèle économique stable, ne peut plus faire face à ses obligations. Pendant longtemps, le gouvernement local a pu faire face à ses déficits en empruntant davantage, notamment parce que les obligations générales de Porto Rico bénéficiaient d'exemptions fiscales pour les investisseurs étatsuniens. Ce n'est désormais plus possible, l'île ayant perdu son accès au marché. En juillet, une obligation d'une entreprise d'Etat, la banque de Développement, n'a pas été honorée. Porto Rico a continué de payer ses obligations générales d'Etat, cotées sur le marché des « municipal bonds », mais il arrive à court d'argent.

Une très forte décote

Selon le gouverneur de Porto Rico, Alejandro Garcia Padilla, le territoire ne pourra plus honorer ses paiements l'été prochain. Le gouverneur entend donc amener les créanciers à discuter d'une restructuration incluant un « haircut », une décote sur la valeur de leur créance. Sur les 72 milliards de dollars de dette publique, 18 milliards de dollars doivent être remboursés d'ici à 2020. Porto Rico ne disposerait que de 5 milliards de dollars. L'effort demandé sera donc considérable : une décote de pas moins de 72 %, à répartir cependant entre les différents types de dettes. Ce serait la plus considérable restructuration de dette sur le marché municipal américain.

L'austérité pour convaincre

Alejandro Garcia Padilla espère parvenir à un « échange volontaire », mais il marche sur un fil, car la légalité d'un défaut de Porto Rico n'est pas réellement établie. Un Etat américain ne peut faire défaut, mais Porto Rico n'est pas un Etat... A Washington, on réfléchit déjà à la possibilité d'une loi permettant une « faillite ordonnée. » Porto Rico préfèrerait donc un accord à l'amiable. Pour cela, le gouverneur a tenté de se montrer rassurant. Il promet d'inscrire dans la constitution la priorité du remboursement de la dette devant toute autre dépense et il a promis un plan drastique d'économies. Alejandro Garcia Padilla promet de fermer 135 écoles publiques, réduire les dépenses de santé, couper dans les subventions et réduire les salaires publics. Une austérité qui n'est pas nouvelle, mais qui n'a guère été capable dans l'île de redynamiser l'économie. Bien au contraire, Porto Rico a connu une austérité de cinq ans sur les six dernières années.

Quel avenir pour le pays ?

Le pari du gouverneur est désormais que, débarrassé de l'essentiel de sa dette, le gouvernement pourra équilibrer son budget. Mais c'est un pari risqué. L'austérité imposée à l'île pourrait affaiblir encore les recettes, notamment en accélérant les départs vers les Etats-Unis et en alourdissant le poids du vieillissement de la population. Cette première restructuration pourrait donc en appeler d'autres. Par ailleurs, si des créanciers refusent la décote, il faudra les payer ou faire défaut, d'où d'interminables procès qui pourraient rendre le gouvernement inopérant. Surtout, Washington et les Portoricains vont devoir réfléchir à leur avenir. Porto Rico pourra-t-elle rester une « anomalie » institutionnelle, ni Etat indépendant, ni Etat de l'Union ? Les Etats-Unis sont-ils prêts à investir pour redresser et dynamiser l'île ? Comment faire rester les Portoricains dans l'île ? De la réponse à ces questions dépend l'avenir réel de l'économie de ce territoire.

Commentaires 3
à écrit le 09/09/2015 à 21:30
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Qu'est-ce-que vous répondez à quelqu'un qui vous doit 100 euros, et propose de vous en rembourser 28...? Moi, je lui dit, je préfère prendre le risque de tout perdre, mais ton deal n'en est pas un..reviens sur terre...

à écrit le 09/09/2015 à 19:16
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"fermer 135 écoles publiques, réduire les dépenses de santé, couper dans les subventions et réduire les salaires publics" Bravo! Ca, c'est du capitalisme...

le 10/09/2015 à 9:00
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boh, en france on ouvre plein d'ecoles ou il est interdit de savoir lire ou compter car c'est antiegalitariste face a ceux qui ne savent pas! il est aussi interdit d'apprndre le grec le latin ou l'allemand russe ou autre, sous peine de voir la tchek...

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