Gerhard Schröder a finalement cédé à la pression. L'ex-chancelier allemand va quitter le conseil d'administration de Rosneft, a annoncé le groupe pétrolier russe. Ce dernier a précisé que Gerhard Schröder avait informé la compagnie qu'il ne pouvait prolonger ses fonctions de président du conseil d'administration du numéro un russe du pétrole.
C'est un changement radical de position pour celui qui fut chancelier de 1998 à 2005 et qui refusait jusqu'alors de quitter son poste de président du conseil d'administration de Rosneft, premier groupe pétrolier russe, et du comité d'actionnaires de Nord Stream 2, gazoduc russo-allemand controversé. Il était même question qu'il entre en juin au conseil de surveillance du géant russe Gazprom. Ce proche de Vladimir Poutine maintient à l'égard de la Russie une position ambiguë, condamnant l'invasion de l'Ukraine, mais appelant à "ne pas couper complètement les liens" avec Moscou.
Fin des privilèges
Mais la sanction imposée par le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, la veille a peut-être convaincu le septuagénaire de se ranger derrière l'avis général. Gerhard Schröder s'est en effet vu retirer certains de ses privilèges dus à son ancienne fonction, dont l'attribution de bureaux. L'ancien homme politique allemand continuait de bénéficier de plusieurs bureaux à la chambre des députés et d'un budget pour du personnel représentant un coût de 400.000 euros par an pour les contribuables allemands. Il avait également été privé de distinctions honorifiques par plusieurs villes.
Par ailleurs, à Bruxelles, les députés du parlement européen ont voté à une large majorité une résolution non contraignante lui demandant nommément de démissionner de ses postes. "Les membres européens des conseils d'administration des grandes entreprises russes et les hommes politiques qui continuent à recevoir des fonds russes" devraient être ajoutés à la liste des sanctions de l'UE, stipule le texte.
Risque d'une éviction du SPD
L'abandon de ses fonctions au sein de Rosneft lui évitera peut-être l'éviction de son camp que de nombreuses figures du parti social-démocrate (SPD) appellent de leurs vœux depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. À commencer par l'actuel chancelier, bien encombré par les positions de celui qui fut son mentor. "Je ne pense pas qu'il soit juste que Gerhard Schröder exerce ces fonctions et je pense aussi qu'il serait juste qu'il se retire", a ainsi affirmé Olaf Scholz. La co-dirigeante du parti social-démocrate, Saskia Esken, a, elle, reproché à Gerhard Schröder de "nuire à la réputation de l'Allemagne et de la social-démocratie". De même, Sebastian Roloff, député social-démocrate au Bundestag, a milité pour la suppression des avantages officiels dont le septuagénaire bénéficie.