Présidentielle américaine : Nikki Haley, la carte républicaine anti-Trump

La candidate à l’investiture s’affirme comme la principale rivale de l’ex-président. Mais elle doit rassembler un nombre record d’électeurs mardi dans le New Hampshire pour rester dans la course.
L’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley dans un « diner » du New Hampshire, vendredi.
L’ancienne ambassadrice à l’ONU Nikki Haley dans un « diner » du New Hampshire, vendredi. (Crédits : JOSEPH PREZIOSO/AFP)

Le blizzard qui a frigorifié les plaines vallonnées de l'Iowa, lundi, n'a pas entamé la détermination de Nikki Haley. Dans cet État agricole du Midwest, les scores du caucus (première étape de la primaire républicaine) placent la candidate à l'investiture du Grand Old Party (GOP) en troisième position, avec 19 % des suffrages. Suffisamment pour coudoyer le Floridien Ron DeSantis (21 % des voix), mais trop peu face aux 51 % de Donald Trump. Pourtant Nikki Haley continue d'afficher un sourire serein. Mieux : elle estime toujours être la principale rivale d'un ex-président donné grand favori : « La primaire est [désormais] une course à deux », a-t-elle déclaré à l'annonce des résultats.

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Le bas du podium, Haley préfère le voir comme un marchepied. Le scrutin du très rural Iowa a certes permis d'affiner la liste des challengeurs, il n'a pas fauché l'ex-ambassadrice de Trump aux Nations unies. « Qu'elle ne soit pas à la deuxième place aujourd'hui ne veut pas dire grand-chose, parce que le vote de cet État n'est pas représentatif de l'ensemble du pays », rappelle Lauren Leader, cofondatrice d'All In Together, un organisme œuvrant pour une éducation non partisane des Américaines. La prochaine échéance, mardi, pourrait toutefois être décisive pour Nikki Haley : si l'on en croit le dicton local « Iowa picks corn, New Hampshire picks presidents », les habitants de l'Iowa choisissent le maïs, ceux du New Hampshire les présidents. Dans l'« État du granit », la républicaine devra brasser large pour se maintenir à flot. « Car marcher sur la Caroline du Sud [la troisième étape de la primaire] sans avoir remporté le New Hampshire serait ardu », prévient Liz Mair, consultante et ancienne directrice des communications du Comité national républicain.

Rassembler hors du « chaos »

La traversée s'annonce houleuse pour Nikki Haley, à qui l'on promettait assurément la défaite il y a quelques mois. Mais si Donald Trump surnage dans les intentions de vote, la quinquagénaire au parler vif s'est attiré les bonnes grâces de milliardaires qui, telle la famille Koch, font le jeu des campagnes républicaines depuis de longues années. Côté politique, le soutien de plusieurs poids lourds du GOP crédibilise l'alternative Haley : pour l'ancien gouverneur du Maryland Larry Hogan, ou celui du New Hampshire Chris Sununu, elle représenterait leur meilleure chance d'arracher la Maison-Blanche aux démocrates en novembre. D'une part parce qu'une frange des soutiens de Nikki Haley, les électeurs plus modérés, se déporterait sur Joe Biden si Donald Trump était choisi à l'issue des primaires. De l'autre parce qu'une victoire républicaine serait moins probable en cas de duel Trump-Biden, alors qu'un match Haley-Biden donnerait plus de marge aux Éléphants, prévoit un bouquet de sondages agrégé par Real Clear Polling.

« Nikki Haley a conscience qu'elle doit rassembler », explique Lauren Leader. Il serait tout aussi malheureux de s'attirer les foudres de l'électorat Maga (Make America Great Again) que d'embrasser la ligne de l'ancien cacique populiste, se privant ainsi des voix républicaines qui ne veulent plus entendre parler de lui. Adroite funambule, la candidate tente d'incarner une troisième voie responsable et promet un apaisement aux antipodes du « chaos » dans lequel les deux derniers présidents ont, selon elle, plongé le pays. Quoique les mots soient plus policés quand il s'agit de qualifier Donald Trump, dont Nikki Haley dit qu'il a été « le bon président au bon moment ». Loin de la remercier, celui-ci s'applique à matraquer son ex-obligée. Depuis plusieurs semaines, il recycle une vieille recette conspirationniste avec laquelle il avait déjà tenté de déstabiliser Barack Obama, affirmant que celui-ci serait né hors des États-Unis, et n'aurait normalement pas eu le droit d'y être élu président. Ce qui est faux : le démocrate est né à Hawaii.

Une droite pas si modérée

Les parents de la candidate à l'investiture républicaine, d'origine indienne, n'étaient pas encore citoyens américains quand Nimrata Nikki Randhawa est née en Caroline du Sud, en 1972. Mais celle qui se fait appeler par son second prénom a toujours détenu un passeport bleu marine. En 2010, la fille de Pendjabis est élue gouverneure de l'État où elle a grandi et devient l'une des deux premières femmes de couleur à diriger une telle administration dans le pays. À ce poste, l'autoproclamé parangon de l ' American Dream signe l'une des lois migratoires les plus sévères, finançant à hauteur de 1,3 million de dollars la création d'une unité spéciale pour expulser les sans-papiers. À l'instar des Britanniques Suella Braverman et Priti Patel, Nikki Haley est le jeune visage d'un conservatisme strict vis-à-vis de l'immigration, bien que sa propre famille en ait bénéficié. Mais la ressemblance s'arrête là : « Nikki Haley incarne une droite beaucoup plus sérieuse, et capable de gouverner », assure la consultante Liz Mair.

Une victoire républicaine serait moins probable en cas de duel Trump-Biden, alors qu'un match Haley-Biden donnerait plus de marge aux Éléphants

L'autre patate chaude de la compétitrice, c'est son genre. « Si vous voulez qu'une chose soit dite, demandez à un homme ; si vous voulez qu'elle soit faite, demandez à une femme », répète à loisir Nikki Haley, reprenant la formule de son idole Margaret Thatcher. Mais le symbole féministe ne va pas beaucoup plus loin : la candidate « pro-vie », qui vient d'un parti peu enclin aux politiques d'identité, rechigne à afficher une position plus modérée que Trump et DeSantis concernant l'avortement. « Erreur stratégique », estime Lauren Leader, qui avance que « Nikki Haley est, ironiquement, plus populaire auprès des hommes que des femmes ».

L'ancienne frondeuse du Tea Party, cette droitière faction du GOP, épouse les totems des faucons du parti en matière de politique étrangère. Lutte contre les ingérences chinoise et russe, prolongement des aides à l'Ukraine, soutien d'Israël à tous crins... Le credo Haley fait de l'interventionnisme son meilleur outil pour maintenir les États-Unis au rang de superpuissance. Celle qui apparaît, cette année, comme la candidate républicaine qui maîtrise le mieux les dossiers internationaux avait piloté le déménagement de l'ambassade américaine à Jérusalem sous la présidence Trump. Depuis que Nikki Haley a démissionné de son poste à l'ONU et s'est éloignée de la Maison-Blanche, cinq ans ont passé. Assez pour personnifier un renouveau républicain ?

Commentaires 4
à écrit le 22/01/2024 à 7:30
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Bonjour, certe Mr trump est asez âgé, ils a surtout lors de sont premiers mandat passé beaucoup de sont temps a jouer aux golf... bien sur ils ne faut pas le dire...

à écrit le 22/01/2024 à 1:50
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Mme Halley candidate du parti républicain, je pouffe de rire ,elle va se faire ridiculiser par F Trump🤣

à écrit le 21/01/2024 à 15:44
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Espérons qu'elle jouera le jeu théâtralement avec "l'appui financier" des démocrates pour faire élire un Trump redresseur de torts ! ;-)

à écrit le 21/01/2024 à 10:07
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Comment maintenant que Trump a été élu par les républicains trouver un candidat aussi surprenant ? C'est le problème, les électeurs ne vont plus revenir maintenant sur un candidat lambda dont on connait parfaitement le programme politique financier d...

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