Risque sur la dette : la Banque d'Angleterre va effectuer des stress tests sur des instituts non bancaires

La Banque d'Angleterre va tester la résistance des instituts financiers non bancaires, cette « finance de l'ombre » responsable notamment du choc sur le marché de la dette britannique en septembre. Le but est justement d'éviter qu'une telle situation ne se reproduise. Si le système bancaire est armé pour résister à la récession que devrait connaître le Royaume-Uni en 2023, ce sera par contre plus difficile pour la population qui subit de plein fouet la dégradation de l'économie britannique.
Les fonds ou entreprises qui seront testées, ou le scénario-catastrophe qui leur sera soumis, n'est pas encore établi. « Plus de détails seront partagés au premier semestre 2023 », précise la Banque.
Les fonds ou entreprises qui seront testées, ou le scénario-catastrophe qui leur sera soumis, n'est pas encore établi. « Plus de détails seront partagés au premier semestre 2023 », précise la Banque. (Crédits : TOM NICHOLSON)

Comme elle le fait depuis 2014 avec les banques traditionnelles, la Banque d'Angleterre va tester les instituts financiers non bancaires à travers des "stress tests". Elle va ainsi « exécuter un exercice de scénario focalisé sur les risques venus » de ces organismes, comme les fonds d'investissements actifs sur le marché de la dette britannique, indique le gouverneur de la BoE Andrew Bailey dans un courrier adressé ce mardi 13 décembre au ministre des Finances.

Les fonds ou entreprises qui seront testées, ou le scénario-catastrophe qui leur sera soumis, n'est pas encore établi. « Plus de détails seront partagés au premier semestre 2023 », précise la Banque.

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Éviter un nouveau choc

Cette décision résulte du choc subi par le marché de la dette britannique. En septembre, dans le sillage d'annonces budgétaires ultra-coûteuses mais non chiffrées par l'ex-première ministre Liz Truss, le taux d'emprunt de l'État avait commencé à grimper. « Des fonds d'investissements ont alors été contraints de vendre dans un marché peu liquide », note le Comité de politique monétaire de la BoE dans les minutes de sa réunion. C'est ce qui a provoqué le fameux choc historique du marché de la dette.

La BoE, qui ne régule pas les fonds LDI (liability driven investments) souvent basés à l'étranger, recommande désormais que le régulateur des fonds de pension ainsi que les régulateurs européens s'assurent que ces fonds maintiennent des niveaux de collatéraux suffisants pour éviter un tel choc dans le futur. D'autant que la part de la finance non-bancaire a enflé ces dernières années, souligne la BoE, qui estime que des entités non-bancaires sont à l'origine d' « environ la moitié des actifs prêtés du système financier mondial ».

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La population touchée de plein fouet

D'après les prévisions de la BoE, face à la longue récession qui se profile et a déjà débuté au Royaume-Uni, les banques traditionnelles sont en mesure de résister.

En revanche, la hausse des taux d'intérêt fragilise les ménages britanniques, de plus en plus endettés. La moitié des propriétaires qui remboursent un emprunt sur le bien qu'ils occupent, soit environ 4 millions de personnes, seront soumis à un taux plus élevé, avec un paiement moyen qui passerait de 750 livres à 1.000 livres, selon la BoE. Ce qui pourrait mener à « plus de défauts sur les prêts hypothécaires, mais également sur d'autres formes d'emprunt comme les cartes de crédit ou les prêts non sécurisés, ainsi qu'à une baisse marquée de la consommation », note la BoE.

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Le Royaume-Uni fait par ailleurs face à une sévère crise du pouvoir d'achat. Son taux d'inflation sur un an est supérieur à 11% et les salaires, même s'ils augmentent légèrement, sont mangés par les hausses de prix. Ces hausses sont de toute façon loin de compenser l'inflation. Les salaires ont en fait baissé de 2,7% sur la période en termes réels, c'est à dire ajustés des hausses de prix.

Signes supplémentaires que la crise du coût de la vie frappe les Britanniques au portefeuille, le nombre de personnes prenant des emplois à temps partiel a augmenté « principalement parce que davantage de femmes choisissent de travailler », note Danni Hewson, analyste de AJ Bell. Le nombre de deuxième emploi augmente aussi légèrement, et les personnes ne travaillant pas en raison de maladies de longue durée sont moins nombreuses, selon les données de l'Office national des statistiques publiées ce mardi. Davantage de personnes dans la cinquantaine envisagent même de retourner au travail en raison du coût de la vie qui augmente rapidement.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 13/12/2022 à 15:27
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Ce sont les gens chagrins comme Citoyen Indigne niais base électorale de Meluche qui constituent une bonne boussole inversée des évolutions souhaitables et réalisables de l'économie

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