Tensions à l'Opep+ : le cours du pétrole WTI atteint un sommet depuis 2014

Le report sine die des discussions de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole font flamber le prix du pétrole. Les Emirats Arabes Unis, qui souhaitent une augmentation significative des volumes de production, ont en effet bloqué l'accord attendu hier sur une hausse de la production en août. Résultat, le brut américain atteint un record depuis novembre 2014 ce mardi à 76,90 dollars le baril.
L'alliance qui fédère la majorité des producteurs de pétrole - hors Etats-Unis - a annulé sa réunion de lundi sans se donner de nouveau rendez-vous.
L'alliance qui fédère la majorité des producteurs de pétrole - hors Etats-Unis - a annulé sa réunion de lundi sans se donner de nouveau rendez-vous. (Crédits : LT)

[Article publié le 06.07.2021 à 14:00, mis à jour le 07.06.2021 (nouvelle variation du prix du pétrole) à 15:06]

[Après avoir atteint un record hier à 76,96 dollars à 9h51, le pétrole brut américain (WTI) rechutait brusquement hier soir à 18h30 à 73,06 dollars le baril. Il se relève ce mercredi à 73,83 à 15h06, les investisseurs attendant des signaux de l'Opep+.]

L'échec des négociations de l'Opep+ fait grimper le prix du pétrole brut américain. Le WTI - la référence américaine - atteint en effet un plus haut depuis novembre 2014, à 76,90 dollars mardi matin après le désaccord des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et des pays partenaires (Opep+) qui pourrait entraîner une offre limitée dans les prochains mois.

"L'absence d'accord sur l'augmentation de la production en août et au-delà laisse le marché encore plus déficitaire qu'auparavant", explique Neil Wilson, de Markets.com.

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Pas de nouveau rendez-vous

L'alliance qui fédère la majorité des producteurs de pétrole - hors Etats-Unis - a en effet annulé sa réunion de lundi sans se donner de nouveau rendez-vous, sur fond de désaccord entre les Emirats arabes unis et le reste du groupe. L'accord, qui vise à définir le niveau de production des pays membres à partir du mois d'août, aurait dû initialement être bouclé jeudi dernier les négociations.

Mais Abou Dhabi souhaite que son volume de production de référence, arrêté comme les autres à la date d'octobre 2018, reflète davantage sa pleine capacité de production, de 600.000 barils quotidiens plus élevée. Or, les 23 pays de l'Opep+, emmenés par l'Arabie et la Russie, avaient l'intention d'augmenter la production globale de pétrole de 400.000 barils par jour entre août et décembre. Soit 2 millions de barils d'ici fin décembre. Trop peu pour les Emirats Arabes Unis, dont le PIB dépend à 30% des hydrocarbures, qui ont estimé que l'accord était "injuste".

Cette divergence avait déjà fait capoter le premier cycle de réunions du cartel jeudi dernier, puis de nouveau le lendemain, au sein d'un groupe davantage habitué aux prises de bec entre Moscou et Ryad. L'alliance était en effet déjà au bord de l'explosion l'an dernier à cause d'un désaccord profond entre ces deux pays qui avait débouché sur une courte mais intense guerre des prix.

Un "consensus" obligatoire

Cet échec des négociations, s'il n'est pas résolu, pourrait aboutir à une reconduction en août, voire au-delà, des quotas de production s'appliquant en juillet et non l'augmentation de la production de 400.000 barils un temps envisagée. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre le ministre saoudien et chef de file du cartel Abdelaziz ben Salmane, interrogé dimanche par Bloomberg TV.

A la question sur une possible augmentation de la production en août sans la participation des Emirats si ceux-ci venaient à faire bande à part, le ministre saoudien a affirmé ne pas pouvoir. "C'est un accord, il se fait par consensus", a-t-il indiqué.

Or les économies qui repartent à mesure que les campagnes de vaccination contre le Covid-19 progressent et que les mesures de restrictions de déplacement des biens et des personnes sont levées ont besoin de davantage d'or noir.

Un échec des négociations pourrait ainsi faire grimper les prix du brut qui sont déjà en train de flamber.

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Les Emirats pourraient "quitter l'Opep"

Néanmoins, même si à court terme "il y aura moins de pétrole sur le marché", "si l'accord venait à être rompu, les producteurs pourraient être tentés de pomper beaucoup plus", estime Neil Wilson, de quoi refroidir les investisseurs.

De plus, "il existe un risque que le respect des quotas de production actuels diminue, et que les Émirats arabes unis finissent par quitter l'Opep et pomper en quantité", ajoute-t-il.

De plus, les investisseurs "ne doivent jamais oublier les conséquences des précédentes guerres de l'offre de pétrole et le pouvoir dont dispose l'Arabie saoudite en termes d'augmentation de sa production de pétrole", prévient de son côté Naeem Aslam, d'Avatrade.

L'analyste fait notamment référence au sommet Opep+ de mars 2020 lorsque les deux poids lourds de l'alliance, la Russie et l'Arabie saoudite, s'étaient quittés dos à dos. S'en était suivie une guerre fratricide des prix.

L'Opep+ fait également face à une équation complexe, entre la reprise de la demande qui reste fragile, un retour probable à moyen terme des exportations iraniennes et le mécontentement de certains gros importateurs comme l'Inde devant les prix élevés.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/07/2021 à 17:51
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Macron aime le pétrole cher surtaxé... les gilets jaunes moins.

à écrit le 06/07/2021 à 14:55
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Il y a un truc que je ne comprend pas trop : Quel est l'intérêt, pour les pays producteurs, d'augmenter leur production ? Un baril cher leur apporte une superbe rente, qui compense largement la baisse de volume

à écrit le 06/07/2021 à 14:27
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Il fallait bien se douter que du fait du dumping fiscal mondial des mégas riches le gâteau allait diminuer et maintenant tout ces gens qui ont détruit le monde en ronflant sont tout tendus ne pouvant que s'en prendre à eux-mêmes.

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