Le journaliste Mohamed Bouhafsi toujours en guerre contre la maltraitance des enfants

Mohamed Bouhafsi organise pour la troisième année d’affilée le Tournoi des défenseurs de l’enfance.
Le journaliste Mohamed Bouhafsi
Le journaliste Mohamed Bouhafsi (Crédits : Franck Castel/ABACAPRESS.COM)

Ce dimanche, 108 petites filles et 108 petits garçons entourés de 50 éducateurs et chaussés de crampons foulent la pelouse du Vélodrome à Marseille, le stade de l'OM, la célèbre équipe de foot de la ville. Un moment d'exception vécu aux côtés des professionnels marseillais et niçois - l'OGC Nice est là aussi - de rappeurs, de personnalités, de grands dirigeants... le tout assorti de la projection des Trois Mousquetaires - Milady et de la visite de la grotte Cosquer - un programme à faire briller les étoiles dans les yeux des enfants. Le magicien de l'histoire, c'est Mohamed Bouhafsi, qui pour la troisième année d'affilée organise le Tournoi des défenseurs de l'enfance. Le moment est festif, mais son fondement est grave. Car ces petites filles et ces petits garçons venus des quatre coins du pays sont des enfants ayant subi des violences de toutes sortes. L'espace de quelques heures, chacun a ainsi la douce sensation « d'être un enfant comme les autres ». « L'entraînement aux côtés des professionnels crée un phénomène d'appropriation, donne la sensation d'être considéré, ce qui est un vecteur de résilience exceptionnel », insiste le journaliste, qui sait de quoi il parle pour avoir vécu lui-même des violences dans son enfance. S'il a raconté son histoire une fois - une bonne fois pour toutes, notamment dans son livre Rêver sous les coups - et ne souhaite pas y revenir inlassablement, elle lui sert de moteur depuis trois ans pour organiser cette journée particulière. Parce que, dit-il, « on a fait beaucoup d'efforts sur l'écoute des enfants mais on a laissé de côté l'évasion ».

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Pour autant, cette journée particulière a vocation à bien plus. Comme éveiller les consciences. Car le sujet des violences faites aux enfants est encore empreint de frilosité.

« Pour la première fois en France, une publicité emploie le mot "inceste" », note Mohamed Bouhafsi, devenu ambassadeur de la Convention nationale des associations de protection de l'enfant (CNAPE) et de L'Enfant bleu, à propos du spot relatif à la campagne de prévention des violences sexuelles lancée par le gouvernement. Présente à Marseille, Charlotte Caubel, secrétaire d'État chargée de l'Enfance, offre ce dimanche aux gagnants du tournoi de foot des places pour les JO 2024. Demain, c'est aux côtés de la Première ministre qu'elle présentera un plan de grande envergure, plan qui est « à la hauteur des enfants », promet-elle. L'ancienne directrice de la protection judiciaire de la jeunesse reconnaît aussi que le métier d'éducateur doit être mieux valorisé. Bruno Le Maire encouragera également ce lundi le monde privé à s'engager pour l'enfance protégée.

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« Un enfant meurt tous les trois jours victime de violences. On ne naît pas violent. C'est un univers qui nous crée et qui nous formate. Si on casse les chaînes de la violence, c'est moins de viols, d'agressions ; ce qui signifie moins de personnes violentes à leur tour... Ce sont ces adultes qui coûtent cher à l'État », dit Mohamed Bouhafsi. Briser les chaînes, c'est aussi briser le silence, celui de ceux qui entendent, voient, mais se taisent. « Si la société était un peu moins égoïste, ce serait déjà une réussite. Nombre d'enfants ont envie de s'exprimer, mais on ne les entend pas. » Le journaliste de C à vous voudrait que l'on mette davantage sous le feu des projecteurs « ceux qui sont passés par l'aide sociale à l'enfance et qui ont réussi ». Pour faire valeur de modèle, « des personnes "feel good", qui sont devenues médecins ou chefs d'entreprise ». C'est un peu le sens de la campagne de communication assez surprenante de ce dimanche, où l'on découvre Pablo Longoria, Ahmed Sylla, Jean-Pierre Farandou, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, Big Flo et Oli, Camille Combal, DJ Snake ou Nagui réunis sur une même affiche où on les voit jeunes enfants. Une façon de créer une identification, de redonner confiance. « Il faut libérer la parole. Si on sauve un gamin, on a gagné. »

Commentaire 1
à écrit le 19/11/2023 à 9:19
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Un enfant qui meure tous les 5 jours du fait des coups qu'il reçoit de ses parents est un chiffre en effet indigne d'un pays qui se dit civilisé autant que les féminicides. Le capitalisme un système de barbares qui a aliéné les humains qui se bouffen...

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