Sondage exclusif- Les Français au chevet de leurs maires

SONDAGE EXCLUSIF- Conscients des efforts de leurs maires, les Français estiment que ces derniers manquent de moyens pour exercer au mieux leurs fonctions.
Pascal Modet, maire de Baurech (Gironde), déblaie les routes de sa commune à la suite du passage de la tempête Domingos, le 5 novembre.
Pascal Modet, maire de Baurech (Gironde), déblaie les routes de sa commune à la suite du passage de la tempête Domingos, le 5 novembre. (Crédits : JEAN MAURICE CHACUN/PHOTOPQR/SUD OUEST)

« Tenez bon, on est avec vous ! » C'est le message de soutien adressé par les habitants à leurs maires qui se lit entre les lignes de notre étude exclusive Ipsos-Sopra Steria. Dans une immense majorité, l'opinion perçoit les élus municipaux comme dévoués et proches des gens, mais manquant de moyens et victimes de violences. « Une telle reconnaissance est rare envers les politiques », souligne Brice Teinturier, directeur général d'Ipsos. 59 % estiment même qu'ils ne sont pas assez rémunérés, un pourcentage aimable au regard des critiques sur le train de vie des élus.

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Les édiles ont bien besoin de cette sollicitude. À la veille du congrès des maires, qui se tient cette semaine porte de Versailles à Paris, le moral est bas et l'angoisse profonde. Ils ont affronté les émeutes de l'été après une vague de menaces et d'agressions - dont celle, emblématique, de Yannick Morez à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), qui a jeté l'éponge. À mi-mandat, les vocations s'évanouissent. Ils sont une quarantaine, chaque mois, à démissionner, soit plus de 1 300 depuis 2020.

Que peuvent-ils attendre de leur semaine parisienne ? Emmanuel Macron - qui reçoit une délégation mercredi - a de nouveau promis une étape de décentralisation, vendredi soir lors des rencontres de Saint-Denis. Les élus s'impatientent. Leur levier fiscal est désormais réduit à la taxe foncière, après la suppression de la taxe d'habitation. Et ils n'ont pas le droit d'avoir des comptes en déficit. Dans l'étau, les marges sont faibles.

La probité avant le savoir-faire

Un sentiment d'impuissance partagé avec leurs administrés. Selon notre sondage, les Français observent que les maires ne tiennent pas tous les leviers du pouvoir, loin de là. En matière de sécurité, d'emploi ou d'environnement, moins d'un sur trois pense que l'élu a la faculté d'agir au bon niveau. « Ils ne considèrent pas que l'équilibre des pouvoirs soit approprié », explique Brice Teinturier. Le député et ancien ministre Éric Woerth, chargé par Emmanuel Macron de plancher sur la décentralisation d'ici à mai 2024, est prévenu.

Toutefois, la bienveillance ne vaut pas quitus. La première qualité attendue d'un élu local est l'honnêteté (57 %), loin devant les compétences techniques pour accomplir la mission. « Les Français ont besoin d'être rassurés après des décennies de déceptions et de promesses non tenues », analyse le directeur d'Ipsos. La probité passe donc avant le savoir-faire. Et même avant la couleur politique. Seuls 6 % des sondés souhaitent que leur élu soit du même bord qu'eux. Signe, en creux, que le pragmatisme et le besoin de cohésion l'emportent au niveau local. « Dans cette enquête, les réponses sont très partagées et peu clivées, l'image des maires fait consensus. Eux-mêmes ont la capacité de créer le consensus », conclut Brice Teinturier.

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Commentaires 5
à écrit le 19/11/2023 à 11:34
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Les maires, au lieu de se plaindre, devraient procéder à des fusions de communes pour réaliser des économies d’échelle. En 2022, le rapport de l’IGA pointait l'insuffisance des fusions de communes. Avec 34 955 communes, la France est régulièrement pr...

le 20/11/2023 à 8:56
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Les communautés de communes, sans être des fusions, y ressemblent et finalement ne sont qu'une superstructure administrative, avec toute sa lourdeur et les dépenses engendrées. Pour des communes un peu importantes, le gain est nul et le pouvoir de dé...

à écrit le 19/11/2023 à 11:18
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Que les Français soient attachés à leur commune, c´est malheureusement vrai. Aussi quand l´État s´attaquera au millefeuille administratif, il ne pourra pas réduire radicalement le nombre de communes. A l´opposé, les Français ne sachant pas trop le rô...

à écrit le 19/11/2023 à 9:05
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Et ils en ont toujours moins, la com'com va absorber l'activité du transport scolaire et du centre sociale de la mairie. Ils vont pouvoir ainsi placer leurs réseaux à eux.

à écrit le 19/11/2023 à 8:59
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Personne ne doute de qui va manifester et s'indigner car de gauche quand les maires vont augmenter les impôts pour avoir plus de moyens

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