PODCAST Un monde non assurable face aux dérèglements du climat ?

HISTOIRES ECONOMIQUES. Votre assurance habitation va-t-elle flamber à cause des aléas climatiques de plus en plus fréquents  Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.
Philippe Mabille
(Crédits : Reuters)


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Je vous emmène à Monaco, son casino, son front de mer luxueux et son congrès annuel où se décident les prix mondiaux de l'assurance. Car depuis dimanche se tient dans la Principauté le premier round des négociations entre les assureurs et les réassureurs, dont le rôle est de veiller à ce que votre assureur puisse vous rembourser sans faire lui-même faillite en cas de catastrophe, naturelle ou autre.

L'an dernier, ces réassureurs avaient exigé une forte hausse des primes en raison de la montée des sinistres climatiques. Après ce rattrapage, qui s'est répercuté sur les tarifs dans le monde entier, la hausse sera moindre cette année.

Car  les réassureurs, et donc les assureurs, réduisent désormais leur exposition face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et dont les coûts ont été sous-estimés.

Est-ce qu'on entre dans un monde non assurable ?

On n'en est pas là mais c'est une vraie interrogation. Aux Etats-Unis, selon le réassureur Munich Re, le montant des catastrophes naturelles s'est élevé à 140 milliards de dollars en 2022, dont seulement 90 milliards étaient assurés. Après le passage de l'ouragan Ian, en Floride en septembre l'an dernier, les primes d'assurance sont devenues tellement chères que de nombreux habitants renoncent à s'assurer.

En France aussi, la montée des sinistres climatiques fait flamber les tarifs des assureurs

Les chiffres sont alarmants. Le coût des risques climatiques a été multiplié par cinq depuis 2010 pour atteindre le record de 10,6 milliards en 2022, dont la moitié pour la grêle et 3 milliards pour la sécheresse. Certains nouveaux risques liés à la sécheresse, comme la fissuration des bâtiments sur les sols argileux, donnent le vertige : s'il fallait tout réparer, la facture totale pour les assureurs serait de 50 milliards d'euros, presque autant que le total des primes habitation.

La France a fait le choix de rendre l'assurance obligatoire pour tous et les assureurs jouent en échange la carte de la mutualisation. Du coup, il n'y a pas encore de grandes différences de prix entre les régions.

En outre, nous avons créé un dispositif unique au monde, qui associe l'Etat et les assureurs pour couvrir les catastrophes naturelles. Problème, ce régime Cat Nat est en déficit chronique et vit sur ses réserves. Les assureurs réclament donc une hausse de la cotisation obligatoire payée par tous les assurés : 12% en multirisques habitation et 6% sur l'assurance auto. Bercy bloque cette revalorisation. Mais pour combien de temps. La météo des prochains mois pourrait en décider.


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Philippe Mabille
Commentaire 1
à écrit le 12/09/2023 à 9:03
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La mutualisation a de l’eau dans les caves. Pourquoi des habitations avec vue sur mer, sur la plage, seraient-elles assurées aux mêmes conditions que ceux qui habitent à 20 mètres d’altitude..

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