En cas de Brexit, l’accord de Paris devrait être réécrit

Si le Royaume-Uni sort de l’UE, l’accord de la COP21 devrait être réécrit, a prévenu la secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
Christina Figueres était à Bruxelles aux côtés de Maroš Šefčovič, le commissaire à l'union de l'énergie, et Michael Bloomberg (photo), homme d'affaires et envoyé spécial de l'ONU pour le climat, à l'occasion du lancement de la Convention mondiale des maires.

Christiana Figueres, l'une des architectes de l'accord passé en décembre dernier pour limiter le réchauffement climatique à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels, assure que si les Britanniques quittent l'Europe, l'accord international « devrait être recalibré ». Celui-ci est actuellement en cours de ratification.

« Du point de vue de l'accord de Paris, le Royaume-Uni fait partie de l'UE et a promis des mesures dans le cadre de l'UE, donc si cela change, l'accord devra  être recalibré », a-t-elle annoncé lors d'une conférence de presse. « En principe, historiquement, l'humanité tend à évoluer vers des cercles de collaboration de plus en plus larges [...] plutôt que l'inverse. »

Le résultat du référendum britannique sur l'Europe devrait être annoncé le 24 juin dans la matinée. Les deux camps sont actuellement au coude-à-coude.

>> Lire : Le référendum britannique minute par minute

Christina Figueres était à Bruxelles aux côtés de Maroš Šefčovič, le commissaire à l'union de l'énergie, et Michael Bloomberg, homme d'affaires et envoyé spécial de l'ONU pour le climat, à l'occasion du lancement de la Convention mondiale des maires. La Convention rassemble l'ancienne Convention des maires mise en place par l'Europe et l'association des maires américaine, qui se penchaient toutes deux sur l'action des villes dans la préservation du climat.

« Du point de vue américain, le maintien du Royaume-Uni dans l'UE aurait un effet très positif sur l'économie mondiale et la paix dans le monde. Nous avons une relation spéciale avec le Royaume-Uni, qui découle d'un héritage commun. Je pense que nous serions affecté par un Brexit », a-t-il déclaré. « Une grande partie des inquiétudes sont en réalité liées à l'impact de la technologie sur les travailleurs, pas à la mondialisation. Or, les pays feraient mieux de collaborer plus étroitement en ce qui concerne ce genre de problèmes. »

>> Lire notre direct: Brexit or no Brexit

L'ancien maire de New York a par ailleurs indiqué que la restriction possible de la liberté de circulation dans l'UE pourrait avoir des conséquences pour le personnel de son agence de presse, Bloomberg. « Mon entreprise emploie environ 4 000 personnes au Royaume-Uni, parmi lesquels 1 100 ou 1 200 sont originaires d'autres pays de l'Europe. Les choses pourraient se compliquer, qui sait quelles règles seront mises en place », souligne-t-il.

>> Lire : L'UE abandonne le contrôle de la Convention des maires à Bloomberg

Malgré les rumeurs de rivalité entre Paris et Londres, « Paris soutient la place du Royaume-Uni dans l'Europe », assure pour sa part Patrick Klugman, maire adjoint de Paris. Il ajoute que sa ville s'est rangée aux côté de ceux qui font le deuil de l'assassinat de la députée britannique Jo Cox la semaine dernière.

Un Brexit ne devrait pas influencer directement la participation des villes britannique à la Convention des maires, étant donné que les autorités locales ne passent pas par le niveau national pour ce projet et appliquent souvent des politiques plus vertes que le gouvernement.

Toutefois, la plupart des dirigeants du parti conservateur, qui pourraient remplacer David Cameron en cas de déstabilisation du gouvernement après un Brexit, sont des climatosceptiques.

>> Lire : Les climatosceptiques dominent la campagne pro-Brexit

Quid de Trump ?

Les responsables politiques ont aussi été interrogés sur la menace posée par le candidat républicain aux élections américaines, Donald Trump. Le candidat climatosceptique a récemment déclaré que le changement climatique était un complot fomenté par les Chinois pour nuire à l'industrie américaine.

« Le problème du changement climatique est un des plus graves problèmes mondiaux puisqu'il a le potentiel de littéralement détruire la vie telle que nous la connaissons et de transformer la planète en une planète dépouillée comme Mars », a déclaré Michael Bloomberg.

« Les véritables progrès se sont faits à l'échelle des villes, pas les mairies et le secteur privé », a-t-il déclaré. « Je ne suis pas vraiment inquiet par ce que disent les candidats aux élections, même si certaines choses sont inexplicables. Je ne m'inquiète pas vraiment de savoir si le gouvernement fédéral agit. Ce sont les mairies et le secteur privé qui vont vous pousser à conduire des voitures plus économes en énergie et à utiliser des énergies plus propres. »

Christiana Figueres a approuvé le fait que le secteur privé mènerait la transition vers une économie à faible émission de carbone, parce que cela est sensé du point de vue économique. Les États-Unis seront en première ligne de cette innovation - a-t-elle assuré - quel que soit le nom du président.

Selon Maroš Šefčovič, dans l'opinion publique générale, le fait que l'homme est responsable du réchauffement climatique et doit agir fait consensus. « Tout responsable politique raisonnable devrait prendre cela en compte. »

>> Lire : Trump menace de faire capoter l'accord de Paris

La controverse des objectifs climatiques

Après la conclusion de l'accord de Paris, la Commission européenne a été poussée à augmenter ses objectifs d'efficacité énergétique pour 2030. L'accord prévoit aussi un idéal de 1,5°C. L'objectif d'efficacité énergétique actuel est de 27%, malgré les demandes répétées du Parlement européen, qui souhaite le hausser à 40%.

Pour Christiana Figueres, il est indispensable d'agir, et d'agir rapidement. « Les efforts actuellement déployés par l'UE, mais aussi par tous les pays, sont insuffisants », a-t-elle déclaré. « Les actions supplémentaires, que ce soit en termes d'efficacité énergétique, d'énergie renouvelable ou de transport sont donc non seulement les bienvenus, ils sont surtout urgents. »

>> Lire : La Commission s'oppose à l'augmentation des objectifs d'efficacité énergétique

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Par James Crisp, EurActiv.com (traduit par Manon Flausch, Marion Candau)

(Article publié le mardi 23 juin 2016)

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Commentaires 2
à écrit le 24/06/2016 à 8:58
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Le souci des politiques? Il va falloir réécrire des traités...

à écrit le 23/06/2016 à 21:05
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Ah bon, il n'y aurait donc pas de règles de droit international en ce qui concerne la succession d'Etats ? Et la défection d'un seul signataire (ou sous-signataire...) mettrait à bas la signature de tous les autres Etats sur un traité, d'autant plus ...

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