François Villeroy de Galhau écarte le risque "d'une crise de la zone euro"

Le marché obligataire, sur lequel les Etats financent leurs plans de relance, frémit depuis plusieurs séances. Mais pas de quoi nourrir davantage d'inquiétudes selon le gouverneur de la Banque de France. "À très court terme, il peut y avoir des réactions des marchés qui sont un peu excessives", a-t-il estimé.
(Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Alors qu'à l'instar des Etats-Unis et de la banque centrale américaine, la zone euro commence à s'inquiéter de la poussée inflationniste qui fragilise les classes moyennes, une autre inquiétude surgit. Depuis plusieurs séances, le marché de la dette s'est quelque peu tendu, avec une hausse des rendements sur les emprunts souverains. Or, celui-ci permet en grande partie de financer les plans de relance suite à l'arrêt de l'économie pendant la pandémie. Mardi, le taux allemand à 10 ans, qui fait référence en zone euro, a ainsi atteint un plus haut niveau depuis janvier 2019, à 0,27%, en cours de séance.

"Nous ne sommes pas (...) à la veille d'une crise de la zone euro, y compris en Italie", a toutefois estimé mardi le gouverneur de la Banque de France, tandis que les taux obligataires connaissent une hausse depuis plusieurs séances.

"À très court terme, il peut y avoir des réactions des marchés qui sont un peu excessives", a répondu François Villeroy de Galhau à un député, lors d'une audition devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

Le spectre de 2010

Ces hausses s'expliquent par le fait que la Banque centrale européenne, suivant la Réserve fédérale américaine, n'écarte désormais plus la possibilité de relever ses taux directeurs d'ici à la fin de l'année pour faire face à l'inflation. Ce qui mécaniquement va rendre beaucoup moins attractif les emprunts d'Etat.

Au début des années 2010, la zone euro avait connu de graves turbulences lorsque plusieurs États fortement endettés, dont la Grèce et l'Italie, avaient eu du mal à se financer sur les marchés, ces derniers demandant des taux de plus en plus élevés.

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L'enjeu de la croissance

Le scénario noir serait alors une incapacité des Etats à rembourser leurs emprunts, bloquant potentiellement le fonctionnement de services publics essentiels. Ou encore, face à cette manne financière perdue, de devoir recourir à des hausses d'impôts plus importantes pour éviter les défauts de paiement dans certains pays.

Jusqu'ici, le pari de la plupart des Etats européens s'est basé sur un équilibre étroit entre les gains de la croissance de l'après Covid pour rembourser, et maintenir sa crédibilité financière sur les marchés.

Ainsi, alors que la dette publique explose dans ces deux pays, la France, avec un PIB en hausse de 7%, et l'Italie (+6,5%) ont tiré la performance du bloc l'an passé, après avoir été parmi les pays les plus affectés en 2020.

L'Espagne s'est située dans la moyenne avec une croissance de 5%. Tandis que l'Allemagne, qui avait certes mieux résisté pendant la crise, n'a progressé que de 2,8%, pénalisée par le poids de son secteur automobile particulièrement affecté par les pénuries de semi-conducteurs.

L'inflation, l'autre crainte

De même, le taux de chômage de la zone euro a poursuivi sa baisse en novembre, touchant 7,2% de la population active, selon les derniers chiffres d'Eurostat. Du jamais vu depuis 25 ans.

Mais dans le même temps, l'inflation bat des records en zone euro, pénalisant potentiellement le pouvoir d'achat et la capacité des entreprises à investir. Les prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont ainsi augmenté de 5,1% par rapport à janvier 2021, note Eurostat.

A tel point que le gouverneur de la Banque de France a déjà dû rassurer sur le sujet mi-janvier. l'institution qu'il dirige ainsi que la Banque centrale européenne "feront ce qu'il faut" pour ramener la hausse des prix autour de 2%, et cela dans la "durée", a-t-il affirmé.

La "solidarité européenne" et les "réformes"

De son côté, pour justifier sa confiance dans la solidité de la zone euro, le gouverneur de la Banque de France a cité deux facteurs "extrêmement favorables par rapport à ce que nous avions connu dans le passé": "la solidarité européenne", avec le plan de relance européen de 750 milliards d'euros, et "l'Italie (qui) semble accélérer sur la voie des réformes, sous l'égide de Mario Draghi", le chef du gouvernement italien.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 18/02/2022 à 23:20
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c'est reparti pour un tour... la pandémie s'achève, la guerre n'aura pas lieu, le changement climatique tarde à venir... c'est la fenêtre idéale pour une bonne crise monétaire, qui est de toutes façons le vrai et gros sujet qu'on cherche à esquiver.

à écrit le 09/02/2022 à 21:46
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Le même qui ne "voyait" pas d'inflation ! C'était il y a deux mois...il n'a jamais aussi bien porter son surnom "sœur Anne".

à écrit le 09/02/2022 à 12:50
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Il est toujours curieux d'entendre qu'il y a des problèmes sur l'euro! Cela signifie quoi?;-)

à écrit le 09/02/2022 à 10:49
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Les marchés financiers reposant leurs actions plus sur le ressentiment que sur la réalité sont de moins en moins crédibles il serait temps d'arrêter de se laisser guider par des girouettes.

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