La pandémie provoque des dégâts colossaux sur l'économie européenne. Selon les dernières prévisions macroéconomiques de la Commission bruxelloise, la croissance du PIB devrait reculer de 7,4% cette année avant de rebondir à 6,1% en 2021. La propagation du virus sur l'ensemble du Vieux continent a mis à genoux de nombreuses économies en seulement quelques semaines. Si certains pays ont déjà entamé un processus de déconfinement, les autorités redoutent une nouvelle vague de contamination. Ce qui provoquerait un choc terrible pour l'Europe qui affiche pour l'instant le bilan humain le plus lourd sur la planète.
"La pandémie du coronavirus représente un choc majeur pour les économies de l'Union européenne avec des conséquences économiques et sociales sévères. En dépit d'une réponse rapide et adaptée à la fois au niveau de l'Union européenne et au niveau national, l'économie européenne devrait connaître une récession dans des proportions historiques cette année" note la Commission.
Une récession catastrophique pour l'Europe du Sud
Les conséquences de cette maladie infectieuse dans le Sud de l'Europe sont faramineuses. La direction statistique de la Commission européenne (Eurostat) prévoit un repli du PIB grec de 9,7% cette année contre une hausse de 7,9% l'année prochaine. Athènes qui a déjà connu des années de croissance atone et d'austérité après la crise de 2008 pourrait avoir de réelles difficultés à redémarrer si le tourisme reste paralysé pendant encore des mois.
Plus à l'Ouest, l'Italie affiche également des résultats dans le rouge. Les économistes de l'institution bruxelloise tablent sur un recul de la croissance de 9,5% en 2020 avant un rebond de 6,5% l'année prochaine. La péninsule qui a été frappée très tôt par le coronavirus pourrait également connaître de graves difficultés pour repartir. Son poumon économique au coeur de l'épidémie est resté sous cloche pendant plusieurs semaines. L'économie italienne était déjà marquée par un chômage important, une productivité au ralenti et une croissance médiocre depuis des années.
En outre, le gouvernement a amorcé un début de déconfinement il y a quelques jours mais la population reste meurtrie par des milliers de victimes et d'hospitalisations.
Du côté de l'Esapgne, les projections sont loin d'être réjouissantes. Les statisticiens anticipent une récession de 9,4% en 2020 avant une hausse de 7% en 2021. L'économie espagnole a déjà bien souffert depuis le début de la crise même si elle n'a pas été touchée en premier. Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a autorisé de nouveau les Espagnols à sortir mais là encore, les conséquences pourraient être dramatiques sur le plan économique et social. L'Espagne connaissait déjà un chômage relativement élevé avant la crise du coronavirus.
Pour la France, la Commission européenne envisage une croissance en recul de 8,2% en 2020 avant un rebond de 7,4%. L'économie tricolore qui est confinée depuis la mi-mars a connu une paralysie très importante dans de nombreux secteurs. La perspective du déconfinement le 11 mai prochain devrait permettre à beaucoup d'entreprises de redémarrer. Il reste que les inquiétudes et les angoisses se multiplient chez les dirigeants et les salariés. Les règles pour faire respecter les mesures de sécurité sanitaire à l'intérieur des entreprises s'avèrent très complexes à mettre en oeuvre. En outre, les mesures de distanciation physique dans les transports en commun pourraient compliquer la vie et les horaires de milliers d'entreprises et de salariés dans les semaines à venir.
Une récession moins brutale dans le Nord de l'Europe
Le tableau des prévisions macroéconomiques pour les pays de l'Europe du Nord sont relativement moins sombres. En Allemagne, l'ampleur de la récession devrait être moins brutale (-6,5% en 2020) que pour de nombreux pays méditerranéens. La première économie de la zone euro devrait rebondir à 5,9% l'année prochaine. L'Etat fédéral enregistre un bilan humain et sanitaire moins douloureux que dans d'autres Etats.
Malgré de meilleurs résultats, son industrie, très dépendante de la Chine et des échanges extérieurs, pourrait encore souffrir cette année. En effet, l'économie chinoise, même si elle a levé de nombreuses barrières, est loin d'avoir retrouvé son niveau d'avant crise et le commerce mondial, avec la fermeture de multiples ports de commerce et de frontières est en berne. L'économie des Pays-Bas devrait également moins reculer avec un PIB à 5,4% avant une hausse de 5,7% l'année prochaine. Le PIB autrichien devrait s'infléchir de 5,5% en 2020 avant d'accélérer à 5% en 2021.
Un risque encore accru de fracture
Ces différents résultats montrent qu'il existe un risque encore plus fort de fracture au sein de l'Europe, déjà bien fragilisée par la crise de 2008 et la crise des dettes souveraines au début des années 2010. Pour l'instant, les ministres des finances de la zone euro ont obtenu un certain nombre d'accords sur des mesures de soutien en faveur des entreprises et des ménages. En outre, la Banque centrale européenne a amplement assoupli sa politique monétaire pour permettre aux entreprises et aux ménages d'obtenir des conditions de financement favorables. Il reste que beaucoup d'incertitudes demeurent sur la solidité financière de la zone euro. Plusieurs Etats, notamment les Pays-Bas, depuis le début de la crise ont déjà exprimé leurs réticences à être solidaires avec les Etats du Sud sur le sujet de la dette par exemple. Si ces positions se durcissent lors des prochaines réunions, les dégâts de la crise pourraient être majeurs sur le Vieux continent, remettant en question la construction de l'Union européenne. Les prochaines semaines devraient être déterminantes pour bâtir un plan de relance à la hauteur des pertes entraînées par cette pandémie.
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