La Grèce rembourse sa dette avec deux ans d'avance mais le Graal du AAA reste à conquérir

Ce remboursement clôt certes le douloureux chapitre de la banqueroute évitée en 2010 à la suite de la crise financière de 2008 mais le pays n'est pas encore tiré d'affaire. Oui, sa notation sur les marchés s'améliore mais elle est encore loin du AAA à cause d'un taux d'endettement public qui reste le plus élevé de la zone euro. Explication.
Après avoir failli couler dans la pire crise financière de son histoire en 2010, la Grèce sort enfin la tête de l'eau mais le chemin pour rejoindre la terre ferme des pays notés AAA par les agences de notation reste pavé d'embûches.
Après avoir failli couler dans la pire crise financière de son histoire en 2010, la Grèce sort enfin la tête de l'eau mais le chemin pour rejoindre la terre ferme des pays notés AAA par les agences de notation reste pavé d'embûches. (Crédits : Reuters)

C'est ce qui s'appelle rembourser sa dette rubis sur l'ongle. Enfin, pas tout à fait, car si cette vieille expression qui remonte au 17e siècle a fini par désigner le fait de payer sa facture jusqu'au dernier centime, sans laisser la moindre crédit, il faut préciser ici qu'il y a, dans le cas de la Grèce, des économies substantielles réalisées au passage dans l'opération. En effet, en remboursant ce lundi avec deux ans d'avance la totalité de sa dette au Fonds monétaire international (FMI) -comme promis le 14 février dernier par le ministre des Finances grec Christos Staikouras-, la Grèce a économisé quelque 230 millions d'euros d'intérêts...

Pour mémoire, le pays avait été contraint d'emprunter plus de 260 milliards d'euros à l'Union européenne et au FMI afin d'éviter la banqueroute à la suite de la pire crise financière de son histoire, fortement déstabilisée par la crise financière mondiale de 2007-2008 (le pays avait perdu plus d'un quart de son PIB) et fort mal conseillée depuis des années. Avec l'aide de la grande banque américaine Goldman Sachs, les dirigeants de l'époque avaient maquillé les comptes publics depuis 1997 pour minimiser sa déficit public.

Le 23 avril 2010, la Grèce avait sollicité l'aide internationale, alors que son premier ministre nouvellement élu Georges Papandréou venait de découvrir que le vrai déficit grec (12,7% du PIB) était deux fois supérieur à celui annoncé par le gouvernement précédent (6% du PIB). La dette publique grecque était alors équivalente à 115% du PIB.

Pour sa dernière visite officielle, Angela Merkel se rend en Grèce

Le pays avait été le premier à être pris en charge par des plans d'aide internationaux (trois plans successifs en 2010, 2012 et 2015, avant le Portugal, l'Irlande, l'Espagne et Chypre, mais est aussi le dernier à en sortir. Et pour cause.

Pour mémoire, en 2010, Angela Merkel, dont la fermeté à l'égard de la Grèce lui avait valu le surnom de "Dame de fer de l'Europe" avait assuré que le plan de sauvetage ne coûterait rien aux Allemands. Concrètement, la chancelière allemande et son ministre des Finances de l'époque Wolfgang Schäuble avaient demandé des efforts considérables à la Grèce, dont ils avaient exigé une politique d'austérité (avec des coupes budgétaires et des hausses d'impôts) pour réduire les déficits publics du pays, en échange de trois plans de sauvetage internationaux de plus de 300 milliards d'euros.

En octobre dernier, pour sa dernière visite officielle en tant que chancelière de l'Allemagne, Angela Merkel, s'était rendue en Grèce et y avait tenu un discours plus compréhensif, affirmant qu'elle avait « conscience des contraintes et des défis auxquels les Grecs avaient été confrontés » pendant la cure d'austérité destinée à consolider la stabilité de l'euro, et a ajouté que l'austérité budgétaire imposée à la Grèce avait été « le moment le plus difficile de son mandat ».

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Ce mardi 5 avril 2022, en annonçant la bonne nouvelle aujourd'hui, le ministre des Finances Christos Staikouras a précisé que ce remboursement "clôt le chapitre", fort douloureux, qui s'était ouvert en 2010.

Précision: pour pouvoir opérer le remboursement anticipé du reliquat de 1,85 milliard d'euros dû au FMI, la Grèce avait auparavant reçu, fin mars, le feu vert du Mécanisme européen de stabilité (MES) et du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Regagner la confiance des marchés

Au début de l'année, avant la guerre en Ukraine, les agences de notation, dont Fitch, avaient révisé à la hausse les perspectives de la Grèce, de stable à positive.

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Fitch avait alors plus particulièrement évoqué "la combinaison d'une croissance économique en Grèce plus forte que prévue et d'une réduction du déficit public entraînée par une diminution substantielle du soutien lié à la pandémie".

Et si la Grèce affiche toujours l'un des taux les plus élevés de dette publique par rapport au PIB dans la zone euro, celui-ci devrait également reculer.

Cela "permettra une baisse de la dette publique en pourcentage du PIB", avait indiqué Fitch en janvier.

Fitch prévoit qu'il reculera à 190,3% cette année, puis à 185,3% d'ici fin 2023.

Ce taux était de 206,3% en 2020.

Fitch a également salué des prévisions positives de croissance du Produit intérieur brut (PIB) qui devrait être en 2021, selon l'agence, bien plus forte que prévu, à 8,3%, contre 4,3% anticipés en juillet dernier.

"Nous prévoyons que la reprise de l'activité économique se poursuivra en 2022", souligne par ailleurs Fitch.

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En janvier dernier, lagence de notation Fitch avait relevé la perspective de la Grèce, de stable à positive, signalant ainsi qu'elle pourrait rehausser sa note, maintenue à BB. Ce qui signifie beaucoup de chemin encore à parcourir pour retrouver une note AAA...

Commentaire 1
à écrit le 05/04/2022 à 14:48
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Le transfert de l'argent des grecs sur les paradis fiscaux des actionnaires milliardaires est fait ! Ça mérite bien une petite médaille ça au moins non ? Même pas ?

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