Les Pays-Bas et le Danemark privés à leur tour de gaz russe

En réplique aux sanctions imposées par l'Union européenne à la suite de l'offensive russe en Ukraine, le géant gazier russe Gazprom a coupé mardi les livraisons de gaz aux Pays-Bas et ce mercredi au Danemark, les deux pays ayant refusé de payer en roubles. La liste des pays ainsi sanctionnés s'allonge.
Après avoir peiné à s'accorder sur un embargo pétrolier contre Moscou, l'UE hésite à envisager des sanctions visant le gaz russe dont elle est encore plus dépendante.

Les sanctions tombent. Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu : les pays « inamicaux », acheteurs de gaz russe, doivent payent en roubles depuis des comptes en Russie, et non en dollars ou en euros, sous peine d'être privés d'approvisionnement. Les récalcitrants sont punis. Et la liste s'allonge. Le géant gazier russe Gazprom a annoncé cette semaine l'interruption des livraisons de gaz à plusieurs clients européens. Après avoir coupé le gaz à la Finlande, la Bulgarie et à la Pologne, la Russie stoppe maintenant ses livraisons vers les Pays-Bas et le Danemark.

Les Néerlandais et les Danois privés de gaz russe

Alors que les Pays-Bas dépendent de la Russie pour environ 15% de leurs approvisionnements en gaz, soit quelque six milliards de mètres cubes par an, Gazprom a annoncé mardi avoir « cessé totalement ses livraisons de gaz à la société GasTerra B.V. (Pays-Bas) du fait du non-paiement en roubles ». Réclamant le respect d'obligations contractuelles et notant que des versements tels que le réclamait le Kremlin présentaient « un risque de violation des sanctions élaborées par l'UE », la société GasTerra avait refusé les conditions de Moscou. La décision du géant russe de l'énergie signifie que deux milliards de mètres cubes de gaz ne seront pas fournis aux Pays-Bas d'ici octobre, avait prévenu GasTerra, ajoutant avoir « anticipé cela en achetant du gaz ailleurs ».

Même sanction pour les Danois. Gazprom a annoncé suspendre ses livraisons de gaz à Ørsted et Shell Energy Export «à compter du 1er juin », sauf réception des paiements en roubles. « Shell n'a pas accepté les nouvelles conditions de paiement définies par Gazprom », a indiqué un porte-parole de Shell. « Nous nous efforcerons de continuer à approvisionner nos clients en Europe grâce à notre portefeuille diversifié d'approvisionnement en gaz. Shell continue de travailler sur un retrait progressif des hydrocarbures russes ». Au Danemark, le gaz représente 18% de l'énergie consommée chaque année, les trois quarts provenant de la production nationale.

La Commission européenne rejette le paiement du gaz en roubles, comme l'exige le Kremlin, estimant qu'il s'agit d'une violation des sanctions. Les compagnies énergétiques européennes sont en effet tenues de respecter les conditions de paiement des contrats conclus avec Gazprom (97% prévoient un règlement en dollars ou en euros), sous le contrôle des États membres.

Embargo européen sur le pétrole russe

Ces sanctions de Moscou, à l'encontre de certains pays européens, interviennent alors que lundi, l'Union européenne a trouvé un accord sur un embargo pétrolier contre la Russie au terme d'un mois de négociation pour régler les difficultés posées à la Hongrie et à la Slovaquie, deux Etats enclavés et dépendants de leurs importations russes.

Cet embargo devrait permettre de réduire de quelques 90% leurs importations de pétrole russe d'ici la fin de l'année. L'objectif est de tarir le financement de la guerre menée par Moscou en Ukraine. Le pétrole est une manne financière considérable, de l'ordre de « 800 millions de dollars par jour » pour la Russie, a rappelé mercredi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sur France Inter. « Nous avons anticipé cette décision d'embargo. Nous allons trouver des substituts au pétrole russe » , a assuré le ministre français de l'Economie et des Finances, alors que l'hexagone est finalement peu dépendant du pétrole russe. En 2021, les achats de pétrole brut russe ont représenté 9,5% des achats de pétrole brut de la France.

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Forte dépendance de l'UE au gaz russe et vice versa

Mais la suspension des importations de produits pétroliers russes devrait avoir un impact plus faible que l'interruption des approvisionnements en gaz naturel et charbon en provenance de ce pays, précise un rapport, publié mardi, par la Banque d'Espagne. Sur le charbon russe, l'Union européenne a adopté début avril un train de sanctions qui prévoit un embargo sur les importations à partir de la deuxième semaine d'août. Tandis que pour l'instant, les livraisons de gaz russe ne sont toujours pas concernées par les sanctions européennes. Même si, dans les faits ce bras de fer russo-européen a déjà un impact sur les exportations de gaz russe. D'après le géant russe Gazprom, elles ont chuté de 27,6% entre janvier et mai 2022 par rapport à cette même période de 2021.

Sur les sanctions économiques à adopter concernant le gaz russe, l'Union européenne hésite car elle en est encore plus dépendante que du pétrole. Pour rappel, en 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. Elle fournit annuellement 150 milliards de m3 de gaz, soit 40% des importations de l'UE.

Lors de la deuxième journée du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE à Bruxelles mardi, les dirigeants de l'Union européenne se sont montrés d'ailleurs plutôt frileux quant à un éventuel embargo européen sur le gaz russe. « Il ne faut rien exclure parce que nul ne sait dire comment les choses évolueront », a estimé Emmanuel Macron. « Le gaz est bien sûr beaucoup plus difficile que le pétrole. Le gaz doit faire partie du septième paquet, mais je suis également réaliste, je ne pense pas qu'il y sera », a souligné la Première ministre de l'Estonie Kaja Kallas. « L'embargo sur le gaz ne sera pas dans le prochain train de sanctions », a renchéri le chancelier autrichien Karl Nehammer.

Pour s'affranchir « le plus vite possible» du gaz acheté à Moscou, Bruxelles a présenté récemment un plan à 210 milliards d'euros qui prévoit une accélération des énergies renouvelables et des économies d'énergie.

(C.M. avec agences)

Commentaires 4
à écrit le 01/06/2022 à 12:10
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Bravo à poutine, dommage que nous soyons pas en hiver. Beaucoup de pays seraient rentrés dans le rang. Qui a commencé à mettre des sanctions ?

à écrit le 01/06/2022 à 11:34
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Sincèrement je susi étonné de l'étonnement des Européens. Vous empêchez aux Russes d'utiliser vos devises: Dollar et Euros mais vous voulez qu'ils vous vendent leur gaz avec ces monnaies qu'ils ne peuvent pas utiliser ce qui revient à dire de vous do...

le 01/06/2022 à 12:12
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Vous avez parfaitement raison

à écrit le 01/06/2022 à 10:48
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Excellente décision! La Russie doit réserver son gaz et son Pétrole comme toutes ses exportations de matières premières à la Chine communiste qui en fera un meilleur usage et ce qui affaiblira d'avantage l'occident capitaliste mafieux.

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