Non, l'inflation n'a peut-être pas encore atteint son pic, estime Christine Lagarde

Malgré les pronostics, il est encore trop tôt pour parler de pic de l'inflation, selon la président de la Banque centrale européenne (BCE). Plus inquiétant, les pressions salariales se sont « encore renforcées », les salariés voulant logiquement récupérer une partie du pouvoir d'achat perdu en raison de la hausse des prix. Et le spectre d'une spirale inflationniste se dessine en Europe.
Selon ses dernières prévisions en mars, la BCE voit l'inflation revenir à 2% « avant le second semestre 2025 ».
Selon ses dernières prévisions en mars, la BCE voit l'inflation revenir à 2% « avant le second semestre 2025 ». (Crédits : YVES HERMAN)

C'est un pic dont la longueur est telle qu'il ressemble de plus en plus à un pallier. Et pour cause, malgré une légère baisse de l'inflation en zone euro à 6,1% en mai, après 7% en avril, tout laisse penser que la hausse des prix s'est durablement installée dans le porte-monnaie des consommateurs européens. A l'image des derniers propos de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde qui a reconnu lundi que les prix en zone euro restent sous « pressions fortes », en dehors de l'énergie et l'alimentaire. Autrement dit, l'inflation n'a peut-être pas atteint son pic.

Certes, l'Europe est loin du record de +10,6% atteint en octobre 2022. A cette époque, nombre de dirigeants anticipaient d'ailleurs un « pic » de l'inflation, notamment en France pour le printemps, puis l'été 2023. Mais après la période de l'argent gratuit lors du Covid, la remontée drastique des taux des banques centrales continue de pousser les prix à la hausse.

Ce n'est d'ailleurs pas seulement le pic qui n'en finit plus mais aussi les taux d'intérêt, qui, selon Christine Lagarde, ont atteint « leur altitude de croisière ».

Des baisses en trompe-l'oeil ?

Cette fois-ci, les dernières données disponibles « suggèrent que les indicateurs de pressions inflationnistes » hors énergie et denrées alimentaires « restent élevés » et « rien ne prouve clairement que l'inflation sous-jacente ait atteint un pic », a mis en garde Mme Lagarde lors d'une audition devant le Parlement européen.

Pourtant, au sein de cet indice, l'inflation sous-jacente (qui exclut l'énergie et l'alimentaire) s'est inscrite à 5,3% contre 5,6% en avril.

En France, la hausse des prix a marqué le pas à +5,1% en mai, sur un an après 5,9% en avril et 5,7% en mars, selon la première estimation publiée par l'Insee. « Il est même très probable que nous ayons passé le pic » d'inflation, avait constaté François Villeroy de Galhau, président de la Banque de France, constatant que « l'ensemble des composantes d'inflation semblent en baisse ».

Ce que Bruno Le Maire avait finalemen tempéré le 1er juin en indiquant prudemment que la France devrait « sortir du pic d'inflation fin 2023 », selon le ministre de l'Economie.

Mais, plus inquiétant, les pressions salariales se sont « encore renforcées », les salariés voulant récupérer une partie du pouvoir d'achat perdu en raison de la forte inflation, a-t-elle dit. Le risque de la spirale inflationniste entre prix et salaires semble donc engagée en Europe. Ce que craint la BCE.

Les entreprises sous pression, en plus d'une offre restreinte

Les entreprises continuent par ailleurs de répercuter sur leurs prix finaux les hausses passées des coûts importés, tandis que les goulots d'étranglement de l'offre restent présents, mais ces phénomènes tendent à s'estomper.

Dans ce contexte, la BCE n'en a pas fini de relever ses taux, son arme privilégiée pour restaurer la stabilité des prix.

Les taux directeurs « seront ramenés à des niveaux suffisamment restrictifs pour permettre un retour rapide de l'inflation à notre objectif à moyen terme de 2% et seront maintenus à ces niveaux aussi longtemps que nécessaire », a martelé Mme Lagarde.

Lors des neufs derniers mois, les taux ont été relevés de 3,75 points de pourcentage, avec un pas de 0,25 point en mai qui était le plus faible du cycle.

Une nouvelle hausse est attendue en juin, probablement de nouveau de 0,25 point selon les observateurs.

Certains banquiers centraux voient néanmoins les hausses de taux se poursuivre après juin: « Il n'est pas certain que nous atteindrons le pic des taux d'intérêt cet été », a déclaré lundi Joachim Nagel, président de la banque centrale allemande.

Selon ses dernières prévisions en mars, la BCE voit l'inflation revenir à 2% « avant le second semestre 2025 », ce qui ferait quatre ans de hausse des prix au-delà de l'objectif que poursuit la BCE.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 06/06/2023 à 6:13
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lagarde la pie bavarde.

à écrit le 05/06/2023 à 20:08
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Il y a un an elle disait le contraire et affirmait que l'inflation aller disparaître à horizon fin 2022 Ah un moment, il faut qu'elle reconnaisse qu'elle n'en sait rien

à écrit le 05/06/2023 à 19:00
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Quelle faillite de la BCE, cette inflation, alors que la BCE était sensée garantir la stabilité de la monnaie. Une faillite voulue, naturellement

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