BCE : l'heure n'est pas à la baisse des taux, prévient Christine Lagarde

La présidente de la BCE a rappelé que l'institution financière ne prévoyait pas de baisse des taux directeurs. Du fait des récents événements qui ont perturbé le secteur bancaire, Christine Lagarde a évoqué le risque d'un resserrement des conditions de crédit par les banques. Toutefois, elle s'est montrée optimiste quant à l'évolution de l'économie mondiale.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, s'exprimait lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, s'exprimait lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale à Washington. (Crédits : HEIKO BECKER)

« Nous n'avons pas à réduire (les taux). Nous verrons. Parce que nous devons vraiment mesurer ce qui sortira de ces récents événements financiers », a tranché Christine Lagarde, dimanche. La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui s'exprimait sur la chaîne CNN, évoquait la récente crise bancaire marquée notamment par la faillite de la banque américaine SVB, mais aussi le rachat de Credit Suisse par le groupe bancaire UBS.

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Une inquiétude persiste toutefois : que ces événements mènent à un resserrement des conditions de crédit par les banques aux ménages et aux entreprises. « Quel impact [les événements financiers] auront-ils ? Comment les banques vont-elles réagir ? Comment vont-elles évaluer le risque » et continuer à prêter de l'argent aux entreprises et aux ménages, s'est ainsi interrogée Christine Lagarde. « Si elles ne prêtent pas trop et qu'elles gèrent leur risque, cela pourrait diminuer notre travail pour réduire l'inflation (...). Mais si elles resserrent trop le crédit, cela pèsera excessivement sur la croissance », a-t-elle détaillé.

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Risque d'un resserrement des conditions de crédit

La semaine dernière, le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee, a alerté à ce sujet pointant le fait que, selon certains analystes, un resserrement des conditions de crédit lié aux turbulences du secteur bancaire « pourrait correspondre à une hausse du taux d'environ 25 à 75 points de base ». Il a donc estimé que « compte tenu de l'incertitude (...), nous devons être prudents », jugeant nécessaire de « recueillir d'autres données et de faire attention à ne pas augmenter les taux de manière trop agressive ».

À l'inverse, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait, elle, affirmé ne pas avoir « vu de preuve, à ce stade, d'un resserrement des conditions de crédit, bien que cela soit une possibilité », « Notre système bancaire reste solide et résilient », avait-elle martelé lors d'une conférence de presse organisée en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se déroulent cette semaine à Washington, et « l'économie américaine se porte exceptionnellement bien ». Et de conclure : « Je ne m'attends donc pas à un ralentissement de l'économie, même si bien sûr cela reste un risque ».

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S'exprimant elle aussi dans le même cadre de ces réunions de printemps, Christine Lagarde s'est montrée optimiste sur les perspectives de l'économie mondiale : « il y a une reprise. C'est, je pense, un point qui n'était pas évident il y a seulement six mois lorsque nous anticipions tous une récession, ne serait-ce que technique », a-t-elle assuré, ajoutant cependant que « le chemin est étroit, ce qui exige que les gouvernements et les banques centrales du monde entier adoptent les bonnes politiques ».

Elle a également averti sur les risques d'une fragmentation de l'économie mondiale en deux blocs, l'un tourné vers les Etats-Unis, l'autre vers la Chine: « le découplage et une bipolarisation du monde conduiraient à moins de croissance économique, moins de prospérité dans le monde, plus de pauvreté. (...) C'est quelque chose qu'il faut absolument éviter ».

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Inquiétude quant à un possible défaut de paiement aux Etats-Unis

Enfin, la présidente de la BCE s'est alarmée des conséquences mondiales d'un défaut de paiement des Etats-Unis, si le Congrès américain ne parvient pas à relever le plafond de la dette. Les Etats-Unis doivent régulièrement augmenter, via un vote du Congrès, la capacité d'endettement du gouvernement, un vote de plus en plus politisé. Le président américain, Joe Biden, est, ainsi, accusé par l'opposition républicaine d'être responsable de la forte inflation et de « refuser de négocier sur des changements importants concernant les dépenses de l'Etat, qui sont hors de contrôle ». C'est ce qu'a pointé du doigt le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy dans une lettre adressée au chef de l'Etat à propos du budget américain et du relèvement du plafond de la dette américaine. De nombreux ténors républicains demandent à Joe Biden, comme condition préalable pour relever ce plafond, de couper dans les dépenses de l'Etat fédéral.

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Dans sa réponse, le président américain a, lui, exhorté Kevin McCarthy à publier une proposition détaillée du budget voulu par les républicains, tout en appelant de nouveau le parti d'opposition à approuver le relèvement du plafond de la dette pour que les Etats-Unis ne se retrouvent pas en situation de défaut de paiement en juin, ce qui, selon des économistes, pourrait faire vaciller l'économie mondiale.

La conversation sur le budget « doit être distincte d'une action prompte du Congrès pour remplir son obligation élémentaire de payer les factures de la nation et d'éviter une catastrophe économique », a souligné Joe Biden dans sa lettre, publiée mardi soir sur son compte Twitter. « Ils mettent notre économie en danger en refusant de payer les factures du pays », avait aussi déclaré le président plus tôt dans la journée en Caroline du Nord. En effet, sans accord entre républicains et démocrates, les Etats-Unis pourraient être placés en défaut de paiement dès cet été, une situation inédite.

« Je ne peux tout simplement pas croire qu'ils laisseraient se produire un désastre aussi grave. (...) Je comprends la politique, j'ai moi-même été politique. Mais il y a un moment où l'intérêt supérieur d'une nation doit prévaloir », a, de son côté, alerté Christine Lagarde, qui a été ministre de l'Economie en France.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 17/04/2023 à 18:25
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Toujours la notre Lagarde, fidèle au poste à 67 ans,bon, faut dire qu'avec 421.308 euros brut au titre de 2021 ça donne envie de rester.

à écrit le 17/04/2023 à 12:50
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La BCE aurait dû augmenter les taux d’intérêt il y a un an, résultat de cette erreur l’inflation est installée et on aura une récession sévère et une stagflation

le 17/04/2023 à 18:18
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Pas le BCE mais les banques centrales des pays de sud de l'UE qu'ont bloques en profonde un politique financier saine par le BCE. Les cigales et les fourmis, vous souvenez vous? Fini la fete et la chante, et retour au boulot. De preference jusqu'au 6...

à écrit le 17/04/2023 à 10:43
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Comment cet individu qui a fait cadeau de 400 millions d'euros d'argent public à son ami Tapie, peut-elle encore exercer des fonctions de cet ordre ?!

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