BCE : les taux d’intérêt proches de leur « altitude de croisière », estime Christine Lagarde

Alors que l’inflation diminue progressivement dans la zone euro et que de nouvelles hausses des taux sont attendues, la présidente de la BCE a déclaré que les taux directeurs « approchai[en]t [leur] altitude de croisière ». Le resserrement de la politique monétaire porte ses fruits. En revanche, la lutte contre la hausse des prix est loin d'être achevée. Du côté de la Fed, les avis divergent sur la marche à suivre lors de la prochaine réunion à la mi-juin.
Maintenant, nous approchons de notre altitude de croisière, a déclaré Christine Lagarde au sujet des taux directeurs de la BCE.
"Maintenant, nous approchons de notre altitude de croisière", a déclaré Christine Lagarde au sujet des taux directeurs de la BCE. (Crédits : KAI PFAFFENBACH)

Le desserrement de la politique monétaire n'est pas prévu dans l'immédiat. À l'heure où l'inflation recule dans la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) va poursuivre la hausse de ses taux directeurs. Si l'objectif des 2% d'inflation sur un an n'a pas encore été atteint, Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, a toutefois déclaré que l'« altitude de croisière » de la politique monétaire se rapproche.

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Pour expliquer l'évolution des taux directeurs, la directrice de la BCE, a recouru à la métaphore de l'avion : « Au départ, l'avion doit monter fortement et accélérer rapidement. Mais à mesure qu'il se rapproche de son altitude cible, il peut réduire l'accélération et conserver sa vitesse actuelle ».

François Villeroy de Galhau, membre du conseil des gouverneurs de l'institut de Francfort, s'est également exprimé en ce sens lors d'un colloque organisé par nos confrères de Challenges. Le gouverneur de la Banque de France a qualifié de « relativement marginales » les hausses de taux d'intérêt à venir, ajoutant que « l'essentiel du chemin a été fait ».

Des résultats encourageants, mais insuffisants

Si l'inflation globale diminue grâce à un tassement des prix de l'énergie, Christine Lagarde a averti qu'il n'y avait « aucune preuve claire que l'inflation sous-jacente (hors énergie et denrées alimentaires) ait atteint un pic ».

« Nous continuerons d'avancer, avec détermination et sans découragement, jusqu'à ce que nous voyions l'inflation revenir à notre cible à moyen terme de 2% en temps opportun », a-t-elle ajouté.

Au cours des neufs derniers mois, la BCE a procédé à sept hausses de ses taux d'intérêts, soit une hausse cumulée de 3,75 points de pourcentage. Les premiers résultats de cette politique économique sont visibles : reflux du crédit, tassement de la demande. En revanche, la lutte contre l'inflation n'est pas terminée. Alors qu'elle atteignait 10,6% en octobre dernier, l'inflation est redescendue à 6,1% au mois de mai, selon les données d'Eurostat. Toutefois, ces chiffres sont encore supérieurs à l'objectif de 2% de la BCE.

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Deux hausses « de plus et de chacune 25 points de base (en juin et en juillet) » devraient donc intervenir « avant de les maintenir inchangés », avance Salomon Fiedler, analyste chez Berenberg. Selon ses dernières prévisions, l'institut datant du mois de mars, la BCE prévoit un retour aux 2% d'inflation « avant le second semestre 2025 », soit après 4 ans de forte augmentation des prix.

Aux Etats-Unis, les avis divergent

Du côté de la Fed, la possibilité d'une pause dans la hausse des taux directeurs ressurgit malgré une inflation élevée (4,4% en avril selon l'indice PCE). Selon Philip Jefferson, l'un des directeurs de la banque centrale américaine, une pause lors de la prochaine réunion (les 13 et 14 juin) « permettrait au comité d'observer plus de données avant de prendre des décisions sur l'ampleur » des hausses encore nécessaires. Cette stratégie pourrait permettre de laisser les 10 dernières hausses de taux le temps de faire effet. De fait, depuis mars 2022, la Fed a relevé dix fois ses taux directeurs. Ils sont aujourd'hui compris entre 5,00% et 5,25%.

Le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, s'est lui aussi montré favorable le 31 mai dernier à un maintien des taux à leur niveau lors de la prochaine réunion.

« Nous devons arriver à un point où nous avons une politique où nous pensons qu'elle est restrictive, et je pense que nous sommes proches, sinon à ce point, en ce moment. Et donc je pense que nous pouvons prendre un peu de temps », a-t-il détaillé.

Patrick Harker a cependant mis en garde sur l'éventualité qu'une pause au mois de juin soit suivie par de nouvelles hausses au cours des mois suivants. Une pause permettrait d'observer les effets sur la consommation et les prix. Le risque d'un trop fort resserrement de politique monétaire est de glisser dans une récession, et les deux responsables pensent que l'économie américaine doit rester en croissance.

L'objectif des 2% d'inflation remis en cause

Un questionnement sous-jacent à la politique monétaire opérée par les banques centrales commence à émerger. Celui de conserver ou non l'objectif de maintien de l'inflation autour des 2%. Cet objectif est commun à la plupart des banques centrales, inchangé depuis la fin des années 1990.

Mais est-il encore adapté ? Avec la guerre en Ukraine, la pandémie de Covid, les tensions entre la Chine et les Etats-Unis, l'inflation a fait son grand retour. Et cette hausse généralisée des prix à la consommation, longtemps considérée comme « provisoire », semble bien installée dans nos économies, pour une durée indéterminée. Et pour cause, il faut aussi prendre en compte le coût de la transition énergétique qui risque, à son tour, de provoquer une forte hausse des prix. L'inflation a vocation à être structurellement plus élevée dans les années à venir que lors des dernières décennies.

Alors, les banques centrales doivent-elles relever les objectifs d'inflation ? Olivier Blanchard, ex-chef économiste du FMI, avait relancé le débat en novembre dernier. Dans une tribune publiée dans le Financial Times, l'économiste plaide pour que la cible d'inflation (inflation targeting) des banques centrales soit revue à la hausse, à au moins à 3%. La BCE avait déjà assoupli son objectif en 2021 en adoptant une cible d'inflation plus flexible, désormais fixée à 2%, tout en tolérant des dépassements temporaires et modérés. Jusqu'à présent, l'objectif de la zone euro était d'avoir un niveau d'inflation « inférieur mais proche des 2% ».

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Commentaires 2
à écrit le 02/06/2023 à 10:40
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t'as 7% d('inflation et des taux a 3.5%, et donc tout va bien!!! elle sort d'ou cette dame? on a compris qu'il s'agit de desendetter les etats, bon, cela dit c'est plus complique que ca, et ca risque de finir en gilets bruns et rouges....

à écrit le 02/06/2023 à 8:11
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« altitude de croisière » Ah leurs gros navions... De grands enfants immatures, irresponsables et capricieux

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