Taux : la BCE devrait de nouveau opter pour le statu quo

La Banque centrale européenne devrait une fois de plus maintenir ses taux d'intérêt dans leur fourchette actuelle, leur plus haut historique, lors de sa réunion régulière de ce jeudi. Les chiffres de l'inflation publiés en fin de semaine dernière dans les pays de la zone euro devraient l'encourager à garder son attitude prudente et à ne pas se lancer dès à présent dans une baisse.
L'inflation a poursuivi son reflux en février dans la zone euro, à +2,6% sur un an, une baisse de seulement -0,2 points par rapport à janvier.
L'inflation a poursuivi son reflux en février dans la zone euro, à +2,6% sur un an, une baisse de seulement -0,2 points par rapport à janvier. (Crédits : WOLFGANG RATTAY)

Alors que la Banque centrale européenne (BCE) tient sa réunion régulière ce jeudi, une baisse des taux ne devrait pas être annoncée en clôture. Pour rappel, l'institution européenne s'est lancée dans une stratégie de resserrement monétaire en juillet 2022 pour calmer l'inflation, en augmentant les coûts d'emprunt à un rythme sans précédent. Depuis octobre dernier, elle a opté pour le statu quo en maintenant ses taux inchangés à un niveau record. Le principal d'entre eux, sur les dépôts, est ainsi à son plus haut historique, à 4%.

Une politique qui a néanmoins porté ses fruits. La hausse générale des prix dans la zone euro (regroupant les 20 pays partageant la monnaie unique) a poursuivi son reflux en février, revenant à 2,6% sur un an d'après les chiffres publiés vendredi dernier par Eurostat. Elle a ainsi été divisée par trois depuis le record atteint en octobre 2022 (+10,6%) et a même décliné plus vite qu'anticipé sur la seconde partie de 2023. Mais elle évolue depuis de façon plus hésitante et la baisse de février par rapport à janvier n'est que de 0,2 point. Quant à l'inflation dite sous-jacente, c'est-à-dire sans les prix très volatils de l'énergie et de l'alimentation, particulièrement scrutée par les marchés financiers et la BCE, elle a reculé moins qu'attendu par les analystes (passant de +3,1% en janvier à +3,1% en février).

Ce processus de désinflation ne devrait donc pas être suffisant pour convaincre le Conseil des gouverneurs de la BCE de se lancer dans des baisses de taux aux prémisses du printemps.

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Une baisse attendue en 2024

Si la politique de la BCE a le mérite d'avoir calmé l'inflation, elle a aussi son revers. L'économie de la zone euro stagne depuis près d'un an et demi et a frôlé la récession en fin d'année dernière. Et la demande de crédits a été freinée, affectant la consommation et l'investissement des entreprises comme des ménages. L'activité pourrait toutefois se reprendre dans le courant de l'année, en Allemagne en particulier, pendant que le taux de chômage devrait rester historiquement bas, selon les économistes.

Dans ce contexte, il n'y a « pas d'urgence à baisser les taux » pour aider l'économie, selon la banque Oddo.

L'institution « réduira ses taux en 2024 », est toutefois convaincue Ann-Katrin Petersen, responsable des investissements chez BlackRock en Allemagne. Mais « elle n'est pas pressée car elle considère toujours que son combat contre l'inflation reste inachevé », ajoute-t-elle. Les marchés financiers anticipent eux aussi une baisse, vers le milieu d'année - après l'avoir espérée dès avril. Cette réunion de jeudi sera « étroitement surveillée par les investisseurs à la recherche d'indications sur le calendrier de la première réduction » des taux et du « rythme ultérieur de l'assouplissement » monétaire, estiment d'ailleurs les économistes de chez HSBC.

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Nouvelles prévisions économiques

À l'occasion de cette réunion de jeudi, les gardiens de l'euro vont en outre dévoiler des projections économiques actualisées. Les prévisions concernant l'inflation pour cette année devraient être ainsi légèrement revues à la baisse, les chocs sur les prix de l'énergie et des denrées alimentaires déclenchés par l'invasion russe de l'Ukraine s'étant atténués. Et les attaques des rebelles yéménites contre les navires de la mer Rouge, conduisant les compagnies maritimes à contourner cette route vitale, n'ont pas encore d'impact palpable sur les prix.

Les inquiétudes se concentrent en revanche sur l'inflation hors prix volatils de l'énergie et de l'alimentaire, celle dans les services notamment, et les évolutions des salaires. Après trois ans durant lesquels les prix ont grimpé plus vite que les salaires, un rattrapage s'effectue au vu des récentes négociations, ce qui risque de compliquer la donne pour la BCE. Combinée à une productivité faible en zone euro, la hausse des salaires pourrait faire repartir l'inflation, du moins freiner son repli, selon Isabel Schnabel, membre du directoire de l'institution européenne.

Il y a deux semaines, la Commission européenne a elle aussi réactualisé ses prévisions d'inflation dans la zone euro pour 2024. Elle table désormais sur une hausse de 2,7% sur l'ensemble de l'année, contre 3,2% attendu précédemment. Et prévoit 2,2% pour 2025.

Un recul dans les grandes économies

La hausse générale des prix en février en France se situe légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro, à +2,9% sur un an. C'est toutefois en baisse de -0,2 points et surtout un repli sous le seuil des 3% pour la première fois en deux ans.

L'Hexagone n'est pas la seule grande économie européenne à avoir enregistré un recul de l'inflation. L'Allemagne aussi, avec +2,5% en février sur un an (-0,4 points par rapport à janvier), tout comme l'Espagne, +2,8% (-0,6 points). Du côté de l'Italie, elle est restée stable, au très bas niveau de +0,8% sur un an.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 04/03/2024 à 10:31
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Ben oui, normal et sage, car il est "toujours long le dernier kilomètre", n'est-ce pas M. François Villeroy de Gallo [🤡]?🤣

à écrit le 04/03/2024 à 10:10
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Ben oui les marchés financiers sont beaucoup trop euphoriques e ncette période de vaches maigres pour les productifs il est bie névident que taper les 10000 points tandis que de plus en plus de gens ont faim ça ferait mauvais genre. Heureusement que ...

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