La radio allemande Deutsche Welle a épinglé une dégradation du statut diplomatique de la délégation de l'Union européenne aux États-Unis. Dans l'ordre de préséance du corps diplomatiquedu département d'État américain, David O'Sullivan, qui dirige la délégation de l'UE, n'apparait qu'après tous les ambassadeurs nationaux, qui sont quant à eux classés en fonction de la date de présentation de leur lettre de créance. En tant que représentant d'une « organisation internationale », il se retrouve donc au même rang que l'ambassadeur de l'Union africaine à Washington, Arikana Chihombori Quao.
Lors des funérailles de l'ancien président George H.W. Bush, David O'Sullivan n'a donc pas été appelé dans l'ordre chronologique habituel, sur un pied d'égalité avec les ambassadeurs nationaux, mais à la toute fin. Sans le changement protocolaire, il aurait fait partie des 20 ou 30 premiers ambassadeurs (sur plus de 150 représentants étrangers), étant donné qu'il est en poste à Washington depuis 2014.
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Un déclassement très discrètement effectué
Le déclassement a sans doute été appliqué fin octobre ou début novembre, et a été très discret. Quand des diplomates ont demandé des explications, il y a peu, on leur a répondu que les États-Unis avaient oublié de les informer.
« Selon nos informations, il y a eu un changement dans la manière dont la liste de préséance diplomatique est établie par le protocole américain et nous discutons actuellement avec l'administration des États-Unis des possibles implications que cela a pour la délégation de l'UE à Washington », a indiqué la porte-parole européenne Maja Kocijancic le 8 janvier.
Encore une mesure de Barack Obama défaite par Donald Trump
Interrogée sur le déclassement, qui intervient dans un contexte de relations rafraichies entre Bruxelles et Washington, la porte-parole a cité Federica Mogherini, Haute Représentante de l'UE, qui a récemment assuré que les liens entre l'UE et les États-Unis allaient bien au-delà de Washington DC et étaient profondément ancrés dans les sociétés des deux côtés de l'Atlantique.
« Quels que soient les désaccords politiques que nous pouvons avoir avec l'administration américaine, nous restons des partenaires naturels, des amis naturels et notre amitié avec les États-Unis est faite pour durer », a-t-elle ajouté.
Maja Kocijancic n'a pas voulu discuter de possibles représailles européennes. L'UE avait été élevée au même rang que les États dans le protocole sous l'impulsion de Barack Obama, en 2016. L'administration Trump est donc retournée à l'ordre plus ancien, qui place les représentants d'organisation internationale après les ambassadeurs. « Vous savez comme moi que l'UE est bien une organisation internationale », a-t-elle commenté.
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Par Georgi Gotev, Euractiv.com (traduit par Manon Flausch)
(Article publié le 9 janvier 2019)
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