Fin du bilan de santé des banques, début de reprise du crédit dans la zone euro ?

La BCE publiera le 26 octobre les résultats du check-up et des tests de résistance auxquels elle a soumis les principales banques de la zone euro, ces derniers mois. Sonnant ainsi la fin d’une période d’incertitude qui avait conduit les banques à resserrer les vannes du crédit.
Christine Lejoux
Les banques de la zone euro ont augmenté leurs fonds propres de 203 milliards d'euros depuis la mi-2013. REUTERS.

Le suspense touche à sa fin. Dimanche 26 octobre, à midi tapant, la Banque centrale européenne (BCE) dévoilera les résultats de la revue de la qualité des actifs (asset quality review, AQR) et des tests de résistance auxquels elle a tenu à soumettre les 130 principales banques de la zone euro, ces derniers mois, avant de devenir leur superviseur direct, le 4 novembre prochain. Avec la publication des conclusions de la BCE prendra fin une longue période d'incertitude pour les banques européennes, ce qui pourrait sonner enfin le début d'une reprise du crédit bancaire et, partant, de la croissance, au sein de la zone euro. Il y a en effet un peu plus d'un an, déjà, que la BCE a annoncé son intention de procéder à cet examen du secteur bancaire.

Un exercice d'une ampleur et d'une sévérité inédites au sein de la zone euro, puisqu'il vise à rassurer une bonne fois pour toutes les investisseurs sur la solidité des banques européennes, laquelle avait été mise à mal par la crise des dettes souveraines, en 2011. Depuis 2013, les banques savent donc qu'il leur faudra afficher un ratio de solvabilité CET1 (common equity tier 1, le plus exigeant quant à la qualité des fonds propres) de 8% au minimum pour être reçues à l'AQR et au scénario de base du test de résistance. Le scénario catastrophe du "stress test" - qui, pour la France par exemple, repose sur une récession économique en 2014 et en 2015, ainsi que sur une chute de 12,8% des prix de l'immobilier cette année, et de 12,4% l'an prochain - réclame, lui, un ratio de solvabilité de 5,5% au minimum.

Les banques ont augmenté leurs fonds propres de 203 milliards d'euros depuis la mi-2013

Faute de quoi, les banques auront quinze jours, à compter du dimanche 26 octobre, pour expliquer à la BCE comment elles comptent remédier aux insuffisances de capital que l'AQR et les stress tests auront fait apparaitre dans leurs bilans. Décidées à prévenir plutôt qu'à guérir, les banques n'ont pas attendu que la BCE leur communique les résultats de son check-up : depuis la mi-2013, elles ont renforcé leurs capitaux à hauteur de 203 milliards d'euros, a récemment indiqué Mario Draghi, le président de la BCE.

Mise en réserve de bénéfices, augmentations de capital, cessions d'actifs... Les banques n'ont pas lésiné sur les moyens afin de ne pas être prises en défaut par la BCE, ce qui serait du plus mauvais effet aux yeux des investisseurs. Parallèlement au renforcement de leurs fonds propres, les 20 plus grandes banques de la zone euro ont augmenté de 26 milliards d'euros leurs provisions pour créances douteuses, le provisionnement des crédits "non performants" constituant un autre élément central de l'AQR.

Vers une demande plus forte des banques lors des prochaines opérations de TLTRO

C'est dire si la distribution de crédits n'était pas la première priorité des banques européennes, ces douze derniers mois. Cela s'est notamment traduit par leur faible demande - 82,6 milliards d'euros - pour le TLTRO de septembre, ce programme de prêts à long terme très bon marché lancé par la BCE à destination des banques, dans l'espoir de voir ces dernières injecter cet argent dans l'économie réelle sous forme de crédits aux particuliers et aux PME.  Pis, en août, le crédit aux entreprises et aux ménages a fléchi de 1,5% dans la zone euro, signant ainsi son 28ème mois consécutif de baisse. Mais

"une fois l'AQR terminée, lorsque les inquiétudes au sujet des niveaux de fonds propres à respecter seront dissipées, les banques redeviendront plus enclines à octroyer des crédits",

assure Giuseppe Castagna, président de la banque italienne Banco Popolare, dans un entretien à l'agence Bloomberg, publié le 20 octobre. La banque prévoit d'ailleurs d'augmenter sa distribution de crédits de 5% par an d'ici à 2016, après une chute de 4,2% en 2013.

Des propos qui corroborent ceux de Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE : "(...) Une fois les résultats définitifs (de l'AQR et des stress tests) connus et toute incertitude levée, les banques seront en meilleure position pour reprendre leurs opérations de prêts", avait-il affirmé le 26 septembre, prévoyant une "une souscription plus forte" des banques au TLTRO de décembre et aux six qui suivront jusqu'en juin 2016. Une hypothèse d'autant plus crédible que, sur les 130 principales banques de la zone euro, 9 seulement pourraient échouer à l'AQR et aux stress tests, selon les analystes de Goldman Sachs, qui évoquent notamment Monte dei Paschi di Siena, Commerzbank, Banco Commercial Portugues, ainsi que la Banque nationale de Grèce et la Banque du Pirée.

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 25/10/2014 à 0:07
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On surveillera de près les résultats de BPCE

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