Inflation : BNP Paribas annonce un gel de ses tarifs pour les particuliers

Au lendemain de l’engagement du secteur bancaire pris à Bercy de jouer la modération des tarifs, avec une hausse de 2% maximum en 2023, BNP Paribas fait un pas de plus avec le gel de ses tarifs l’an prochain. Un engagement fort qui pourrait faire des émules et conforter la bonne image des banques acquise pendant la crise sanitaire.
BNP Paribas a pris l'initiative de geler ses tarifs pour les particuliers alors que la profession est engagée sur une hausse limitée à 2% en 2023.
BNP Paribas a pris l'initiative de geler ses tarifs pour les particuliers alors que la profession est engagée sur une hausse limitée à 2% en 2023. (Crédits : STEPHANE MAHE)

« La question des inégalités sociales ou de l'inclusion financière va devenir un enjeu majeur pour les banques », nous confiait, en début d'année, un dirigeant de BNP Paribas. De la parole à la pratique, le groupe bancaire vient d'annoncer un gel de ses tarifs pour les particuliers pour 2023.

L'annonce n'est pas fortuite. Elle intervient au lendemain de l'engagement de la profession bancaire, à l'issue d'une réunion avec le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, de limiter les hausses de tarifs à 2% au maximum l'an prochain, soit bien en deçà de l'inflation, et de plafonner le prix de "L'offre clientèle fragile" (ex-"Service bancaire de base") à 1 euro par mois.

Ce geste, demandé et obtenu par Bercy au nom de son combat en faveur du pouvoir d'achat des ménages en période de forte inflation, permet certes aux banques d'échapper à des mesures plus contraignantes - comme une taxe sur des surprofits liés à la hausse des taux, comme en Espagne.

Mais les banques ont assez vite convaincu les pouvoirs publics des efforts déjà engagés, comme la modération tarifaire de ces deux dernières années, le coût de la hausse des taux réglementés, les augmentations salariales, la relative inertie des taux des crédits immobiliers qui sont de surcroît accordés en quasi-totalité à taux fixes (contrairement à l'Espagne), sans parler d'un coût du risque appelé à augmenter l'an prochain. Difficile de chiffrer cet engagement, mais il n'est pas négligeable.

Un exemple qui pourrait être suivi

Certaines banques avaient déjà évoqué l'idée d'un gel des tarifs, mais il était difficile de prendre un tel engagement au nom de la profession, qui aurait d'ailleurs pu être considéré comme une entente par les autorités de la concurrence. Reste que l'initiative de BNP Paribas, banque commerciale cotée avec un réseau d'agences national, peut marquer les esprits. D'autant que le groupe rappelle qu'il dispose d'une offre de base gratuite, avec un plafond de 20 euros par mois pour les incidents de paiement.

Du côté des mutualistes, le Crédit coopératif (groupe BPCE) vient également de geler ses tarifs 2023 pour ses clients particuliers « en tant que banque engagée au service des transitions sociales et environnementales », souligne un communiqué de la banque. D'autres initiatives dans le même sens devraient, concurrence oblige, suivre, même si BNP Paribas a marqué un point là où on ne l'attendait pas forcément. Plus prudent, Crédit Mutuel Alliance Fédérale s'engage à ce que la hausse des frais pour les particuliers soit « en-deçà de 2% ».

Marges de manœuvre

Il reste cependant encore des marges de manœuvre pour les banques pour limiter l'érosion du pouvoir d'achat. Sur le terrain du crédit immobilier, notamment le 1er octobre prochain, lorsque le taux d'usure sera revu à la hausse : la tentation des banques sera grande de marquer à cette date une nouvelle hausse des barèmes alors que la hausse des taux s'est jusqu'ici limitée en moyenne à 35 points de base, selon la Fédération bancaire française, depuis décembre dernier, contre une moyenne de 84 points de base en zone euro.

Des avancées sont également possibles sur les frais d'incidents de paiement, toujours très élevés en France, malgré une baisse de 17% pour les clientèles fragiles - mais dont la définition reste à la discrétion des banques.

Les assureurs revendiquent des risques bien différents des banques

Ces annonces du secteur bancaire mettent enfin un coup de pression aux assureurs, qui doivent également rencontrer le ministre le 19 septembre prochain, toujours sur le thème du pouvoir d'achat.

« On ne peut pas comparer ce qui n'est pas comparable », avance cependant un assureur.

« Les tarifs bancaires sont des frais de fonctionnement d'un service alors que les tarifs d'assurance doivent pouvoir supporter des sinistres à la fois plus fréquents et au montant moyen plus élevé », explique-t-il. Les négociations avec Bercy s'annoncent donc plus serrées.

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Commentaire 1
à écrit le 15/09/2022 à 19:42
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En même temps lorsqu'on est incapable d'envoyer un simple relevé de compte mensuel papier et qu'il est pratiquement impossible de joindre son agence physique par téléphone, les frais de tenue de compte s'apparentent à un impôt bancaire...

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