
Revolut, la star de la fintech britannique, a décidément bien des soucis avec les autorités réglementaires au Royaume-Uni. Selon le Daily Telegraph, la Banque d'Angleterre n'envisage toujours pas d'accorder ce précieux sésame réglementaire que Revolut cherche à obtenir depuis au moins deux ans.
L'autorité de régulation des banques, qui dépend de la banque centrale, « a informé en mars le gouvernement qu'elle prévoyait d'émettre » un avertissement à Revolut et que « la demande (de licence) initiale de la société serait rejetée », en raison d'inquiétudes sur ses comptes, affirme ainsi le journal britannique.
Interrogé par l'AFP, Revolut n'a pas souhaité commenter ces informations, se bornant à indiquer que la demande d'agrément bancaire était toujours en cours. Toutefois, le fondateur de Revolut, Nikolay Storonsky, a récemment expliqué le retard dans la délivrance de l'agrément par la crise bancaire aux Etats-Unis qui aurait rendu les superviseurs particulièrement sourcilleux.
Ironie du sort, la Britannique Revolut bénéfice depuis 2021 d'un agrément bancaire en Europe auprès de la banque centrale de Lituanie, et donc du passeport européen pour ses activités bancaires. Reste que cet avertissement n'a toujours pas été émis et que des négociations ont toujours lieu avec les autorités pour « sauver la licence bancaire », ajoute le journal.
Bataille réglementaire
La fintech bataille au Royaume-Uni depuis des mois avec les autorités et ses auditeurs, à la fois sur ses procédures de contrôles internes sur la lutte contre la fraude et le blanchiment, mais aussi ses méthodes de comptabilité, notamment sur les transactions de change, le cœur de métier de Revolut, ou ses systèmes d'information. Au début du mois de mai, le directeur financier, Mikko Salovaara, notamment en charge de l'agrément bancaire, a quitté l'entreprise .
C'est pourquoi la fintech avait publié ses comptes 2021 avec beaucoup de retard, en mars dernier, bien après la date limite fixée par la réglementation. La société avait alors indiqué que ces problèmes, liés à une croissance trop rapide, étaient désormais résolus. Le groupe a d'ailleurs publié, au titre de l'exercice 2021, le premier profit de sa (jeune) histoire à 26 millions de livres (contre une perte de 224 millions de livres en 2020).
Nouveau cap sur le crédit
L'obtention de cette licence bancaire au Royaume-Uni est pourtant devenue une priorité stratégique. Lancée en 2015 sur l'idée originale d'un service financier transfrontalier et multidevises adapté aux besoins des étudiants « Erasmus » ou des voyageurs en tout genre, la fintech s'efforce désormais, pour muscler ses sources de revenus, de multiplier les services sur son application mobile (super app) et surtout de devenir de plus en plus une « vraie » banque au sens propre du terme, en particulier d'être la banque principale de ses clients.
En 2021, les frais de change transfrontalier, son métier historique, et de gestion de patrimoine généraient plus de la moitié des revenus et les commissions interchange (activité sur les cartes de paiement) près de 25%. Cette ambition de devenir une banque conforte son objectif l'objectif, réaffirmé début mai lors de son lancement au Brésil, d'atteindre 100 millions de clients dans le monde d'ici 2025, contre 30 millions d'actuellement.
C'est pour cette raison que Revolut compte se développer dans le crédit, notamment le crédit à la consommation dans un premier temps, plus rémunérateur que le crédit immobilier. Ainsi, la fintech propose déjà du crédit en Irlande, en Espagne, en Pologne, en Roumanie et en Lituanie.
Une offre en France dans quelques jours
Le lancement d'une offre de crédit est également prévu en France à partir du 30 mai, en partenariat avec la fintech Algoan, spécialiste du scoring via l'open banking. Le montant des crédits doit s'échelonner entre 1.000 et 50.000 euros, sur une période de 3 à 84 mois, pour un TAEG compris entre 3,9% et 21,12% (proche du taux d'usure).
Dans l'Hexagone, Revolut a déjà presque tous les attributs d'une banque, avec un IBAN (identité bancaire) français pour ses clients français, une offre récente de compte-joints et bientôt le crédit. L'épargne n'est pas en reste. Revolut propose en France depuis quelques jours des fonds indiciels cotés (ETF), accessibles à partir d'un euro et il est prévu de proposer des actions américaines au cours de l'été prochain.
revolut
Reste donc le Royaume-Uni. A défaut de licence outre-Manche, Revolut devra se contenter de ses services de prestataire de paiement, moins rémunérateurs. D'autant que la fintech ne cache pas son ambition de se lancer également à terme dans le crédit immobilier ou le crédit hypothécaire. De quoi concurrencer enfin frontalement les Boursorama et autres N26, sans parler des banques traditionnelles.
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