Le Crédit agricole envisage une première simplification de son organisation

CASA, l’entité cotée du groupe bancaire, pourrait céder ses parts dans les caisses régionales.
Christine Lejoux
Les investisseurs en attendent encore davantage du Crédit agricole, en matière de simplification de son organisation.
Les investisseurs en attendent encore davantage du Crédit agricole, en matière de simplification de son organisation. (Crédits : Reuters)

C'est un euphémisme de dire que la structure capitalistique du Crédit agricole est complexe. Il y a d'abord Crédit agricole SA (CASA), l'entité cotée en Bourse de la banque, qui détient 25% du capital des 39 caisses régionales du Crédit agricole. Exception faite, cependant, de la Caisse de Corse, détenue à 100% par CASA. CASA est-elle même contrôlée à hauteur de 56,5% par la SAS Rue La Boétie, laquelle est la propriété... des caisses régionales du Crédit agricole.

Dans ces conditions, pas étonnant que les investisseurs aient applaudi des deux mains l'éventualité d'une simplification de la structure capitalistique de la banque mutualiste, ce mardi 19 janvier : au plus fort de la séance, l'action CASA a grimpé de 6,5%, à 9,650 euros, dans le sillage des révélations de l'agence Bloomberg, selon lesquelles CASA pourrait annoncer en mars, à l'occasion de la présentation du plan stratégique 2020 du groupe Crédit agricole, la vente de ses 25% dans les caisses régionales à ces dernières, pour un prix de l'ordre de 17 milliards d'euros.

« Le groupe Crédit agricole confirme mener des réflexions visant à la réalisation éventuelle d'une opération consistant en un reclassement intra-groupe (de ses) certificats coopératifs d'associés (CCA) et certificats coopératifs d'investissement (CCI) auprès d'une entité dédiée, intégralement détenue par les caisses régionales », a admis la banque, dans un communiqué. Le Crédit agricole n'a en revanche pas confirmé le prix, indiquant que « si ce projet était mis en œuvre, les conditions financières, en ce compris le prix des CCA/CCI, qui restent indéterminées à ce jour, feraient l'objet d'expertises indépendantes afin d'en apprécier le caractère équitable, tant pour CASA que pour les caisses régionales. »

Un renforcement de la solvabilité de CASA

Si les investisseurs ont salué cette éventualité, ce n'est pas seulement parce qu'elle permettrait de simplifier l'actionnariat de la banque, mais également en raison de ses effets bénéfiques sur la distribution de dividendes aux actionnaires de CASA : le taux de distribution des bénéfices serait d'une part conforté au niveau actuel de 50%, et les actionnaires bénéficieraient d'autre part d'un retour à un paiement des dividendes exclusivement en numéraire, à partir de la distribution qui s'effectuera au titre de l'exercice 2016.

Autre vertu de cette opération, le renforcement de la solvabilité de CASA. En effet, le mécanisme de garantie dit « Switch », qui fait porter depuis 2011 aux caisses régionales une partie des exigences en capital demandées à CASA par les régulateurs, serait annulé de facto. Ce qui permettrait d'améliorer le ratio de fonds propres de CASA, ressorti à 10,3% « seulement » au 30 septembre dernier, alors que celui du groupe Crédit agricole (comprenant les caisses régionales) s'élevait à 13,4%.

Il n'en demeure pas moins que les investisseurs en attendent encore davantage du Crédit agricole, en matière de simplification de son organisation. Lors de la présentation de ses résultats semestriels, en août, le groupe les avait déçus en annonçant ne pas avoir de visibilité sur son projet de transfert du pouvoir d'organe central de CASA vers les caisses régionales, en raison de contraintes réglementaires non levées par la Banque centrale européenne.

Christine Lejoux

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Commentaires 2
à écrit le 21/01/2016 à 19:32
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la coopérative c'était autrefois. Maintenant c'est une "usine à gaz" juridique construite pour pouvoir accéder au marché financier afin de pomper des capitaux, sans que l'oligarchie qui la contrôle ne perde son pouvoir, et afin que celle-ci puisse co...

à écrit le 19/01/2016 à 19:16
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c'est une coopérative à la base: est-ce que ça le reste au final?! ou est-ce à cause de cela qu'on a cette complexité?!

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