Orange Bank mise sur Younited pour renforcer sa présence dans le crédit

Un partenariat technologique mais pas capitalistique : Orange Bank a finalement choisi d’acheter la technologie de la fintech Younited pour donner un coup d’accélérateur à son activité dans le crédit à la consommation. La nouvelle offre, 100% en ligne, sera lancée au premier trimestre 2022. Elle reposera sur la plateforme de Younited, dont la pierre angulaire est l’open banking pour assurer un scoring efficace et rapide. Au passage, le patron d’Orange Bank, Paul de Leusse, précise que la sortie de Groupama du capital ou l’entrée d’un nouveau partenaire n’étaient pas des objectifs « en tant que tel ».
Orange Bank annonce la vente de 2.000 cartes Premium par semaine dans les boutiques Orange et l'ouverture de 7.000 comptes par mois en Espagne.
Orange Bank annonce la vente de 2.000 cartes Premium par semaine dans les boutiques Orange et l'ouverture de 7.000 comptes par mois en Espagne. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

Pas à pas, depuis deux ans et demi, Orange Bank construit son offre pour rentabiliser son activité, après un lancement en 2017 sur le mode « gratuité » des services. Après avoir focalisé son attention sur les services de paiement (carte bancaire premium, lancement en Espagne, assurance pour mobiles, segment des TPE/PME avec le rachat d'Anytime), la filiale bancaire de l'opérateur télécom compte désormais donner un coup d'accélérateur à son activité de crédit à la consommation.

A ce jour, cette activité est pourtant loin d'être négligeable, avec une production d'un milliard d'euros, dont la moitié en Espagne. Mais, cela reste marginal compte tenu des ambitions affichées par la banque et de ses 1,2 million de clients particuliers (y compris les seuls titulaires d'une assurance pour mobile). Et Orange Bank était clairement à la recherche d'un partenaire dans ce domaine. Et ce partenaire, annoncé ce vendredi 9 juin, c'est la fintech Younited.

« Dans l'univers du crédit à la consommation, nous avons regardé assez largement le champ des possibilités, nous avons interrogé beaucoup d'établissements et nous avons trouvé que Younited était très loin devant ce que les banques traditionnelles pouvaient nous proposer », explique Paul de Leusse, directeur général d'Orange Bank.

Alors que les interrogations demeurent sur l'évolution de son capital, depuis que son partenaire Groupama, actionnaire à 22%, a manifesté son désir de se désengager, Orange Bank a donc fait le choix « d'un partenariat technologique et non d'un partenariat capitalistique », souligne Paul de Leusse.

L'ouverture du capital n'est pas un objectif

Bref, Orange Bank achète donc une technologie tierce qui sera, à partir du premier trimestre 2022, en charge de toute la chaîne de crédit à la consommation, depuis l'entrée en relation jusqu'au remboursement, en passant par le scoring et la gestion du crédit. Une offre qui s'adressera d'ailleurs autant aux clients d'Orange Bank qu'aux non-clients. Les encours resteront dans le bilan de la banque digitale.

« Il n'y a pas d'objectif en tant que tel de céder la participation de Groupama, qui restera notre partenaire commercial, ni d'ailleurs d'objectif pour ouvrir à tout prix notre capital. Si dans d'autres univers (que le crédit à la consommation, NDLR), il y a matière en faire un partenariat avec une banque et que ce partenariat se traduise par une entrée au capital, nous regarderons alors cette possibilité », ajoute Paul de Leusse.

La révolution de l'agrégation de comptes bancaires

Le choix de Younited n'est pas vraiment une surprise. Cette fintech, spécialisée dans le crédit en ligne pour les particuliers (720 millions d'euros de production en 2020 ; dont 35 % hors de France), a su développer depuis 2018 une activité de prestation de services (credit-as-a-service, credit-as-a-payment) pour le compte de tiers, souvent des néobanques (N26), parfois des institutions (Bpifrance). Une activité qui pèse déjà un tiers de son chiffre d'affaires et qui devrait connaître un bond significatif grâce à Orange Bank.

Sa force ? Son savoir-faire en matière d'utilisation de l'open banking (agrégation de comptes bancaires) pour réaliser le scoring. C'est même la pierre angulaire de son dispositif pour permettre d'accorder des crédits en ligne rapidement, sans faire déraper le taux d'impayés. « L'agrégation de comptes est une révolution », estime Geoffroy Guigou, cofondateur de Younited. « C'est la possibilité pour un client de partager, en trois clics, son historique bancaire, et ce depuis l'application de la deuxième directive européenne sur les paiements (DSP2) », explique le dirigeant.

C'est surtout un moyen de « scorer » un profil par l'analyse de ses comptes bancaires et de pallier ainsi l'interdiction en France de tout fichier « positif » (regroupement de tous les crédits d'une personne) ou l'absence de bureau de crédit, comme aux Etats-Unis. C'est d'ailleurs une pratique qui se répand de plus en plus dans l'univers du paiement fractionné ou du crédit.

Pionnier dans le scoring alternatif

En dans ce domaine, Younited figure parmi les pionniers. Dès 2018, il a noué un partenariat avec l'agrégateur Linxo pour accéder aux comptes bancaires. C'est ce dernier qui se charge, avec l'autorisation du client, de capturer les informations nécessaires sur le ou les comptes bancaires.

Selon Geoffroy Guigou, cette approche permet à la fois d'obtenir un taux d'acceptabilité du crédit plus élevé mais aussi « de personnaliser la tarification ». Pour les clients, l'avantage est de simplifier les démarches (fini les fiches de paie) et surtout d'accélérer la procédure d'acceptation du dossier, avec des réponses en quelques heures, voire en quelques minutes. Les consommateurs semblent devoir accepter cette procédure - « entre 60 et 90% de nos crédits sont accordés de cette façon », précise Geoffroy Guigou - même si certains considèrent cette utilisation de l'open banking comme un abus de la directive.

De fait, en France du moins, cette approche du scoring devrait vite se généraliser. Surtout lorsque les clients auront de plus en plus confiance dans ces fintechs qui commencent à s'institutionnaliser dans le paysage bancaire et financier.

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Commentaire 1
à écrit le 09/06/2021 à 23:33
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La énième diversification ratée du pdg Mr Richard qui déteste les télécoms, la crise des numéros d’urgence en apporte une nouvelle preuve. N’ayant trouvé aucun repreneur français, bnp et société générale ayant décliné, Orange bank en quasi faillite v...

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