Société générale : la Bourse reste insensible aux bons résultats 2022

Après avoir dirigé la banque pendant quinze ans, Frédéric Oudéa s’apprête à passer le témoin à Slawomir Krupa, actuel patron des activités de banque d’investissement et de marchés. Le dirigeant a présenté, pour la dernière fois, des résultats solides, impressionnants même au quatrième trimestre, malheureusement ternis par la facture de 3,3 milliards d’euros de l’aventure russe. Tous les chantiers sont en voie d’achèvement mais la banque ne pourra en récolter les fruits que dans deux ou trois ans, d’autant que l’impact de la hausse des taux ne sera que vraiment bénéfique qu’à partir de 2024. Il reste aujourd’hui à redresser le cours de Bourse qui reste à la traîne de la plupart de ses pairs.
Pour sa dernière présentation des résultats annuels en tant que directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa souligne les bonnes performances de la banque, dans tous ses métiers.
Pour sa dernière présentation des résultats annuels en tant que directeur général de la Société générale, Frédéric Oudéa souligne les bonnes performances de la banque, dans tous ses métiers. (Crédits : Reuters)

Pour sa dernière présentation des résultats annuels de la Société générale à la presse, Frédéric Oudéa, directeur général, n'a pas versé dans l'émotion excessive : « Je suis heureux de laisser une banque avec des fondations très solides à Slawomir (Krupa, actuel patron de la banque d'investissement et prochain directeur général à partir de la fin mai, NDLR) qui poursuivra le développement de notre banque ».

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Les fondations de la banque sont en effet solides, au terme d'une année 2022 « intense, exigeante », selon l'expression du directeur général. Sans l'impact négatif de 3,3 milliards d'euros pour solder l'aventure russe, le résultat net « sous-jacent » est de 5,6 milliards d'euros pour un résultat d'exploitation de plus de dix milliards d'euros. Le coefficient d'exploitation (charges sur revenus) atteint même un excellent niveau de 61%. Les résultats sont particulièrement bons au quatrième trimestre, largement au-dessus du consensus, ce qui témoigne d'un momentum positif pour la banque depuis le troisième trimestre 2022. Solide enfin avec un ratio de solvabilité « dur » (CET1) de 13,5%, bien au-dessus de la cible de 12% (post Bâle IV) et largement (440 points de base) au-dessus des exigences réglementaires.

Année de transition

Les chantiers de la banque, lancés par Frédéric Oudéa, avancent bien, comme la fusion des réseaux bancaires en France (la migration informatique est prévue ce semestre) ou bien l'ultra-croissance de la banque en ligne Boursorama, qui affiche 4,7 millions clients au compteur. En précisant au passage que pour cette filiale, qui cherche encore sa rentabilité, la priorité reste « la croissance organique », après la reprise partielle du fonds de commerce d'ING France. Ce qui ne fait pas forcément de la Société générale le candidat le plus en pointe pour une éventuelle reprise d'Orange Bank, qui cherche un repreneur.

La banque doit finaliser cette année l'acquisition de LeasePlan pour devenir le « leader de la mobilité durable », le nouveau troisième pilier de développement de la banque, mais aussi finaliser la joint-venture avec AllianceBernstein pour également créer un leader dans la recherche actions. Dans beaucoup métiers, des résultats records dans le financement et le conseil, dans les activités de marché et de bonnes performances dans les métiers de banque de détail, « malgré la pression sur la marge liée aux spécificités du marché français », précise Frédéric Oudéa. En clair, l'épargne réglementée qui pèse sur le coût des ressources et le taux d'usure qui contraint la production de crédit.

La contrainte des taux

Une contrainte qui devrait d'ailleurs continuer de peser sur les revenus de la banque de détail en 2023, avant un rebond attendu en 2024 au niveau de 2022, et une croissance supplémentaire en 2025. Explications de Claire Dumas, directrice financière : « Nous avons mis en place des couvertures lorsque les tendances sur les taux étaient plus incertaines afin de protéger notre marge d'intérêt mais elles nous privent aussi d'une partie du bénéfice de la hausse des taux. Ces couvertures vont progressivement arriver à échéance en 2024 et 2025 et capturer le plein bénéfice de la hausse des taux ».

Comme le rappelle Frédéric Oudéa, 2023 sera donc une année de transition, avec la finalisation des chantiers en cours, la mise en place d'une nouvelle gouvernance, et même, divine nouvelle, la fin de la contribution au fonds européen de résolution unique (FRU), qui plombe les comptes d'exploitation des banques françaises depuis des années. « Tous nos projets sont créateurs de valeur et je suis convaincu que le groupe récoltera les fruits de leur achèvement dans les deux ou trois prochaines années », souligne le directeur général.

Un actif net de 70,5 euros par action

La création de valeur, du moins en Bourse, sera certainement l'un des prochains défis de Slawomir Krupa. Avec un cours qui capitalise le groupe à 0,38 fois son actif net (70,5 euros à la fin 2022), la Société générale est l'une des grandes banques européennes les moins bien valorisées, loin derrière BNP Paribas ou bien Crédit agricole SA (CASA). Le titre sous-performe ainsi largement l'indice de référence Euro Stoxx Banks depuis le début de l'année, mais surtout quelles que soient les périodes de référence (un, trois, cinq ou dix ans).

Les résultats annuels ont été d'ailleurs mal accueillis, essentiellement sur une déception sur le retour aux actionnaires, avec un taux distribution inférieur à l'objectif de 50% du résultat net « sous-jacent », et surtout un taux bien moindre que celui de BNP Paribas. Il est vrai que la banque a dû payer la facture russe. Au total, la banque débourse 1,8 milliard d'euros aux actionnaires, dont 440 millions sous la forme d'un rachat d'actions (soit un montant divisé par deux par rapport à 2021).

« Le conseil a décidé après une année très spécifique une option qui rémunère à la fois les actionnaires de manière satisfaisante et consolide en même temps le ratio en capital », justifie Frédéric Oudéa. Les investisseurs sont d'autant plus déçus qu'ils n'ont pas eu le bénéfice d'une révision à la hausse des objectifs, comme l'a fait BNP Paribas.

En trois séances, BNP Paribas a gagné près de 6% alors que la Société générale a cédé près de 4%.

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Commentaire 1
à écrit le 09/02/2023 à 22:36
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Oui, peut être que la bourse a analysé le vrai bilan comptable de la Société Générale une sté qui peut retourner sonner à l'Elysée par la sauver, à tout moment comme en 2008.

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