Toujours en difficulté, Crédit Suisse s'attend à une perte avant impôts « substantielle » en 2023

L'établissement bancaire suisse, qui a connu une série de scandales ces dernières années, ne devrait pas voir sa situation s'améliorer cette année. D'autant qu'il a déjà encaissé une perte de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d'euros) en 2022. En cause notamment, l'annonce en octobre dernier d'un vaste projet de restructuration, impliquant la quasi disparition de sa banque d'affaires, mais qui a provoqué d'intenses spéculations, faisant fuir ses clients. Son directeur général, Ulrich Körner, nommé depuis peu, s'est toutefois montré confiant quant à la poursuite de la « transformation stratégique » de la banque.
Crédit Suisse dit s'attendre à une perte avant impôts « substantielle » pour 2023.
Crédit Suisse dit s'attendre à une perte avant impôts « substantielle » pour 2023. (Crédits : Reuters)

La situation ne va pas en s'arrangeant pour Crédit Suisse. Ce jeudi, la banque suisse a dit s'attendre à une perte avant impôts « substantielle » pour 2023. Les difficultés se poursuivent donc pour l'établissement qui a déjà essuyé une perte nette de près de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d'euros) en 2022, soit sa plus grosse perte depuis la crise financière de 2008, a-t-elle annoncé, ce jeudi. À l'époque, elle avait accusé une perte de plus de 8 milliards de francs.

Pourtant, les pertes engrangées au dernier trimestre de 2022 s'étaient révélées moins lourdes que prévu se chiffrant à près de 1,4 milliards de francs, alors que l'établissement avait dit s'attendre à jusqu'à 1,5 milliards. Les analystes interrogés par l'agence suisse AWP l'attendaient, eux, en moyenne à 1,44 milliard de francs. Mais la banque d'investissement du groupe a connu une perte avant impôts de 1,3 milliard de dollars, contre 184 millions au quatrième trimestre un an plus tôt.

Un projet de restructuration

2023 ne s'annonce donc pas sous de meilleurs auspices. Une sombre prévision qui s'explique par le montant de ses frais de restructuration qui devraient se chiffrer à quelque 1,6 milliard de francs suisses en 2023 et 1 milliard en 2024, a-t-elle indiqué dans un communiqué ce jeudi. En novembre dernier déjà, l'établissement avait émis un avertissement sur ses résultats en raison des frais de restructuration, de la baisse d'activité sur les marchés de capitaux et des départs de clients.

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Des départs causés par l'annonce, en octobre dernier, d'un vaste projet de restructuration pour se recentrer sur ses activités les plus stables que sont la gestion de fortune, la gestion d'actifs et sa branche de détail et services aux entreprises pour le marché suisse. Cette restructuration doit également entraîner la quasi disparition de sa banque d'affaires dont les activités de marchés de capitaux et de conseils doivent être rassemblées dans une entité appelée à devenir autonome, renommée CS First Boston, du nom d'une banque d'affaires américaine absorbée en 1990. Un projet qui s'accompagne d'une augmentation de capital de 4 milliards de francs suisses, mais aussi de la suppression de 9.000 postes d'ici 2025, soit 17% des effectifs. Crédit Suisse a d'ailleurs annoncé ce jeudi, en marge de ses résultats annuels communiqués ce jeudi, l'acquisition de l'activité de banque d'investissement de M. Klein & Company, pour 175 millions de dollars, lui permettant ainsi de franchir une étape dans la transformation de sa banque d'investissement. En octobre, la banque avait annoncé que Michael Klein, un ancien banquier d'affaires de Citigroup, allait quitter le conseil d'administration de Credit Suisse pour participer à la mise en place de la nouvelle entité dans la banque d'affaires sous le nom de CS First Boston, dont il doit prendre la direction.

Mais ce projet de restructuration a provoqué d'intenses spéculations en octobre qui ont fait fuir ses clients. Au seul quatrième trimestre, les retraits de capitaux se sont montés à 110,5 milliards de francs suisses. « Nous avons constaté une inversion en janvier », a toutefois indiqué le directeur financier, Dixit Joshi, lors d'une conférence téléphonique, expliquant que les retraits de capitaux s'étaient surtout concentrés sur le mois d'octobre mais avaient ralenti en décembre. Le directeur général de Crédit Suisse, Ulrich Körner, s'est, lui aussi, voulu rassurant : « Nous disposons d'un plan clair pour créer un nouveau Credit Suisse et entendons continuer à mener à bien notre transformation stratégique sur trois ans », a-t-il affirmé, cité dans le communiqué de ce jeudi.

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Des scandales à répétition

Ce dernier a été nommé il y a peu, en juillet dernier, suite à la démission de Thomas Gottstein. Un changement stratégique pour répondre aux difficultés de l'établissement bancaire secoué par des scandales à répétition. À commencer par la faillite de la société financière Greensill, en mars 2021, dans laquelle il avait engagé 10 milliards de dollars. Quelques semaines plus tard, nouveau coup dur avec l'implosion Archegos qui avait coûté à la banque quelque 5 milliards de dollars. Elle avait alors dû inscrire une charge de 4,4 milliards de francs suisses dans ses comptes pour couvrir les dégâts. En octobre de la même année, elle a été sommée de payer près de 475 millions de dollars aux autorités américaines et britanniques pour solder des poursuites liées à des emprunts au Mozambique pour défaut de contrôle interne. Est venue s'ajouter, en juin 2022, une condamnation en Suisse pour blanchiment d'argent aggravé. Sans oublier, en 2019, la rocambolesque histoire d'espionnage qui a provoqué le départ du charismatique patron de l'époque, Tidjane Thiam. Enfin, à l'été 2022, c'est le président du Crédit Suisse, Antonio Horta-Osorio, qui a été forcé à la démission après avoir enfreint les règles sanitaires. Ulrich Körner a donc été chargé de redresser la barre. Un objectif qui demandera encore du temps pour Crédit Suisse.

(avec AFP)

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