Dexia, en perte record, appelle la Commission européenne au secours

Dexia a interpellé jeudi la Commission européenne et prévenu que sa survie dépendait de l'approbation par Bruxelles de son plan de sauvetage et de l'octroi d'une garantie de 90 milliards d'euros de la France et de la Belgique à un coût non prohibitif.
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Dexia vient d'annoncer une perte annuelle de 11,6 milliards d'euros, l'une des pires performances financières jamais enregistrées en France et qui s'explique par le coût du démantèlement de la banque franco-belge, lessivée par la crise de la zone euro. La banque a prévenu dans un communiqué que l'absence d'un soutien adéquat des pouvoirs publics "pourrait avoir un impact sur la situation de continuité d'exploitation de Dexia et engendrer des tensions sur la situation de liquidité et de solvabilité du groupe". Dexia a ajouté qu'il était essentiel que la rémunération des garanties soit suffisamment faible pour qu'elle puisse réaliser un résultat positif et renforcer ses fonds propres.

La perte enregistrée en 2011 correspond à plus de 19 fois la capitalisation boursière de la banque, qui ne vaut plus qu'un peu moins de 600 millions d'euros à la suite de l'effondrement de 88% de son cours de Bourse en 2011. Dexia a logiquement indiqué qu'elle ne proposerait pas de dividendes à ses actionnaires au titre de cette année. Les pertes abyssales de Dexia proviennent à la fois des dépréciations enregistrées lors de la nationalisation de Dexia Banque Belgique (4 milliards) et de la nationalisation partielle de Dexia Municipal Agency (984 millions), de la liquidation progressive de son gigantesque portefeuille obligataire (2,6 milliards) et enfin de son exposition à la dette grecque (3,4 milliards).

Ces grandes manoeuvres auront néanmoins permis au groupe de réduire son bilan de 154 milliards d'euros, pour le ramener à 413 milliards d'euros.

"BRUXELLES N'A PAS DIGÉRÉ"

Bien qu'en forte baisse, la taille du bilan de Dexia est considérée par certains analystes comme systémique en cela qu'un défaut de paiement de la banque aurait des conséquences incalculables sur le système bancaire européen. La France, la Belgique et le Luxembourg qui avaient déjà consenti un premier plan de sauvetage en 2008, ont annoncé en octobre le démantèlement de Dexia, premier groupe bancaire européen de grande taille à succomber à la crise de la dette souveraine.

Selon certaines sources, la Commission européenne a été agacée d'avoir approuvé un premier plan d'aide qui n'a pas débouché sur une solution durable. La doctrine de Bruxelles en termes d'aide d'Etat est qu'une aide doit être définitive et assurer la viabilité à long terme de l'entité aidée. "La Commission européenne n'a pas digéré d'avoir donné son feu vert sur le premier plan de sauvetage. Avec le démantèlement maintenant, les services du (Commissaire européen à la concurrence Joaquin) Almunia sont furieux et traînent pour donner leur accord", indiquait récemment une personne au fait des discussions.

Dexia doit poursuivre en 2012 les cessions d'actifs et doit notamment vendre sa banque de détail turque Denizbank et sa filiale de gestion d'actifs. Dexia devrait rester à terme une holding financière cotée à la Bourse de Bruxelles et gérer en extinction un portefeuille obligataire.

En France, la débâcle de la banque a radicalement changé la structure du secteur du financement des collectivités locales. Les autorités françaises ont annoncé début février une série de mesures destinées à clore le volet français du démantèlement de Dexia après la disparition de l'ancien numéro un mondial du secteur. La Caisse des Dépôts (CDC) et La Poste créeront notamment une nouvelle banque destinée aux collectivités locales qui devrait être capable d'octroyer dès le mois de juin de nouveaux crédit.

La perte annuelle accusée par Dexia l'an dernier constitue la quatrième plus forte enregistrée depuis plus de 20 ans parmi les valeurs qui composent actuellement l'indice SBF 120, le record étant détenu par Vivendi avec une perte de 23,3 milliards d'euros en 2002, selon des données calculées par Thomson Reuters.

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Commentaires 10
à écrit le 24/02/2012 à 18:04
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Il faut fermer ce machin et les liquider les actifs, point barre. Il faut également aller chercher Pierre Richard, et tous les dirigeants ainsi que les autorités de surveillance dont l'ACP pour engager juridiquement leur responsabilité dans ce fiasco...

à écrit le 24/02/2012 à 15:39
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Je rappelle que les dirigeants de Dexia se sont versés 45.000 euros de bonus en fin d'année 2011. Oh les français, vous vous réveillez ou vous allez encore voter n'importe comment ?

à écrit le 24/02/2012 à 12:09
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J'ai la solution : appelez l'ancien président M.Pierre Richard...après tout il pourrait faire un dernier geste et s'investir bénévolement au vu des rentes qu'il perçoit (retraite chapeau) à présent

à écrit le 24/02/2012 à 9:11
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liquidation et dépeçage immédiat pour les banques en faillite après avoir plombé tout le monde !!!!

à écrit le 24/02/2012 à 8:40
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Encore une fois on s'apprête à faire appel aux fonds publics pour sauver une banque en capilotade. Cette Europe du fric et de la combine n'en finit pas de crever.Il est temps d'arrêter l'acharnement thérapeutique sur des institutions en faillite sout...

le 24/02/2012 à 9:47
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Veut légaliser l?euthanasie. Espérons que les banques qui ne valent rien aient droit à leur dose létale !

le 24/02/2012 à 12:26
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parce que les banques ont soutenu les états et leur politiques mauvais gestionnaires!! donc pour suivre votre logique il faut que la BCE via les banques arrete de soutenir les etats dont la France....je vous laisse imaginer la suite

le 24/02/2012 à 12:56
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pour l'instant ce sont les états qui soutiennent les banques qui ont prêté n'importe comment. Les dons à la Grèce vont juste permettre de rembourser avec l'argent des citoyens européens. :-)) seule solution viable : le défaut général et organisé !!!

à écrit le 24/02/2012 à 7:40
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Ce dossier est une bombe à retardement; il ne sera donc pas traité avant la Présidentielle.

à écrit le 24/02/2012 à 6:47
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Mais que fait donc dieu Nicolas ?

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