Bourse : la remontée des taux et la Chine éclipsent le résultat de l'élection présidentielle

La réélection d’Emmanuel Macron est sans doute un soulagement pour les investisseurs. Et même pour la Banque centrale européenne. Mais les marchés actions restent avant tout focalisés sur la hausse rapide des taux et la crise sanitaire en Chine. Reléguant l’issue des élections législatives de juin au second rang des priorités du moment.
Le CAC 40 fléchit en fin de matinée vers les 6.400 points pour remonter lentement en milieu d'après-midi.
Le CAC 40 fléchit en fin de matinée vers les 6.400 points pour remonter lentement en milieu d'après-midi. (Crédits : Regis Duvignau)

La victoire d'Emmanuel Macron à l'élection présidentielle n'a pas été saluée par la Bourse, à Paris ou ailleurs. Toutes les places européennes ont ainsi ouvert dans le rouge, ce lundi, avec un indice CAC 40 en net recul de 2% à mi-séance, vers les 6.400 points, réduisant la baisse en milieu d'après-midi autour de -1,40%. Les résultats électoraux étaient, il est vrai, déjà largement anticipés par les marchés et intégrés dans les cours. La Bourse n'a jamais réellement pris en considération l'hypothèse d'une majorité pour Marine Le Pen à l'issue du scrutin.

Les marchés restent sous le choc de la remontée des taux et sous la menace de la situation sanitaire en Chine qui a fait chuter les places asiatiques à la clôture ce lundi. La quasi-totalité de la capitale économique de Shanghai reste confinée depuis trois semaines, perturbant à nouveau les chaînes d'approvisionnement. De l'avis de nombreux analystes, la politique «zéro Covid » du gouvernement chinois, qui persiste et signe dans cette voie, pourrait in fine remettre en cause la croissance chinoise, et par conséquent, la croissance mondiale.

Mais c'est bien sur le terrain des taux que les inquiétudes restent les plus vives. Ce qui surprend les marchés, ce n'est pas la hausse en elle-même, qui peut se justifier par la vigueur de la reprise de ces derniers mois, mais bien son rythme accéléré.

Les « faucons » donnent le ton

Les taux américains à 10 ans, qui donnent le la sur les marchés, ont augmenté de 130 points de base depuis janvier pour désormais tangenter le seuil symbolique des 3%. Plus surprenant, les taux européens ont suivi quasiment le même rythme, alors que la croissance et l'inflation sont à des niveaux plus faibles qu'outre-Atlantique et que la Banque centrale européenne (BCE), contrairement à la Réserve fédérale, n'a pas encore engagé une hausse de ses taux directeurs.

Le taux allemand à 10 ans, taux de référence pour un actif sans risque en zone euro, se rapproche de 0,9 %, soit plus 107 points de base depuis janvier, et le taux français à 10 ans (OAT) s'établit à 1,35% (après avoir dépassé les 1,4%) aujourd'hui, contre 0,2% en début d'année. Soit une multiplication par 7 en quatre mois ! Cette hausse rapide des taux européens laissait d'ailleurs présager une accalmie. Las, Christine Lagarde, présidente de la BCE, a douché ces espoirs la semaine dernière en évoquant, pour la première fois, la « forte probabilité » d'une hausse des taux directeurs avant la fin de l'année.

Mais c'est bien Jerome Powell, président de la Fed, qui a sonné la charge, la semaine dernière, en jugeant « approprié » un relèvement des taux directeurs de 50 points de base en mai prochain, soit un cycle de relèvement des taux le plus rapide depuis des décennies. Bref, ce sont bien les « faucons » (priorité à la lutte contre l'inflation) qui donnent désormais le ton par rapport aux « colombes » (priorité à la croissance).

Pression sur les valeurs de croissance

La remontée des taux n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour la Bourse, sous réserve que les entreprises conservent la capacité à maintenir le rythme de croissance de leurs bénéfices. C'est pourquoi les investisseurs privilégient les valeurs qui ont un « pricing power », celles qui peuvent répercuter sur le prix de leurs biens et services la hausse des coûts des intrants, matières premières et salaires.

En revanche, il existe une pression mécanique sur les valeurs de croissance, qui sont généralement valorisées par une actualisation de leurs flux futurs. Or, plus le taux d'intérêt est élevé, plus la somme actualisée est faible. Mais cette règle ne s'applique pas aux valeurs de croissance qui parviennent à maintenir leur avantage concurrentiel, comme Netflix. Reste que le Nasdaq, l'indice américain de référence pour les valeurs de croissance, a reculé de 9% sur un mois et de 18% depuis le début de l'année.

En revanche, la rotation sectorielle en faveur des valeurs « value » peut être un facteur de soutien des marchés, surtout en période de forte inflation. Certains secteurs, comme les matières premières, l'immobilier coté, les banques et l'assurance, ou des valeurs plus défensives, comme les télécoms, pourraient en profiter.

Autre menace pour les actions : la hausse des taux rend les actifs obligataires plus attractifs, notamment la dette souveraine sans risque, désormais en territoire largement positif, et les gérants pourraient arbitrer en faveur de la dette plutôt que des actions. Mais ce mouvement de rotation ne semble pas encore clairement engagé, même si les fonds actions commencent, timidement, à décollecter, après les afflux massifs de l'an dernier.

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Commentaires 6
à écrit le 26/04/2022 à 9:06
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La vraie raison de l inflation: blocage des chaînes. De production Chinoise… il est temps de tout relocaliser et de mettre des taxes à l entrée de l Europe pour les produits fabriquées hors des règles…. Après tout le consommateur face au vendeur fait...

à écrit le 26/04/2022 à 9:06
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La vraie raison de l inflation: blocage des chaînes. De production Chinoise… il est temps de tout relocaliser et de mettre des taxes à l entrée de l Europe pour les produits fabriquées hors des règles…. Après tout le consommateur face au vendeur fait...

à écrit le 25/04/2022 à 18:32
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je ne suis pas convaincu que la bce soit contente dun ' quoi qui en coute' aux autres.......il n'a plus une caillasse en caisse, son businees plan est foireux, il compte sur ' la croissance' comme tout socialiiste, tout en expliquant qu'on va te coul...

à écrit le 25/04/2022 à 17:43
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L'exfiltration de Christine L. se prépare ... Ensuite la BCE pourra être dirigée par une personne compétente (hors pays du Club Med si possible)

à écrit le 25/04/2022 à 17:08
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Les français sont dopés aux allocations et à la dette. Très dur de décrocher mais il le faudra puisque la BCE doit revenir à se fondamentaux pour garantir la stabilité monetaire et pas pour financer les politiques d'assistanat. Les français ont bes...

à écrit le 25/04/2022 à 16:57
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Et MLP n'a même pas été élue.

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