Wirecard : le rôle du régulateur allemand Bafin visé par l'enquête

Le parquet "a initié une enquête pour examiner la pertinence, notamment d'un point de vue pénal, des accusations visant des responsables et employés" de l'autorité publique censée prévenir les fraudes.
(Crédits : Lisi Niesner)

La justice allemande a ouvert une enquête sur le rôle du superviseur financier Bafin et de ses employés dans le gigantesque scandale comptable autour de la société de paiements Wirecard, a annoncé lundi le parquet.

Cette enquête fait suite à plusieurs plaintes alléguant à la fois une défaillance de la Bafin dans son rôle de supervision mais aussi de délits d'initiés sur les actions de l'entreprise, a indiqué une porte-parole du parquet de Francfort dans un communiqué.

Le parquet "a initié une enquête pour examiner la pertinence, notamment d'un point de vue pénal, des accusations visant des responsables et employés" de cette autorité, explique ce communiqué.

Cependant, la justice " ne peut pas encore dire quels individus seront visés", note la porte-parole.

Wirecard, startup star de la place financière allemande, s'est effondrée l'année dernière après avoir avoué que 1,9 milliard d'euros d'actifs, soit un quart de la taille du bilan, n'existaient pas en réalité.

Lire aussi : Le scandale Wirecard éclabousse un autre organe de supervision

Le délit d'initié au sein de la Bafin

Le dossier a entraîné le renvoi du patron de la Bafin et le ministère des Finances a lancé une vaste réforme de la supervision bancaire.

"Plusieurs plaintes", "notamment de la part d'actionnaires de Wirecard", accusent d'une part les responsables de la Bafin d'avoir failli à leur devoir de supervision, d'autre part, certains employés d'avoir acheté ou vendu des actions de l'entreprise "en utilisant des informations internes".

La Bafin avait elle-même annoncé fin janvier avoir porté plainte pour délit d'initié contre un de ses employés.

Selon le ministère des Finances, questionné en décembre par des parlementaires, quelque 85 salariés de la Bafin spéculaient sur l'action de Wirecard au premier semestre 2020, avant la faillite de la société de paiements en ligne, posant la question de leur indépendance.

Dans ce scandale, la justice enquête également déjà sur le rôle du cabinet d'audit EY, qui a validé les comptes du prestataire de services sans déceler la fraude.

EY a depuis remplacé son directeur en Allemagne.

Le parquet de Munich poursuit par ailleurs ses investigations visant les anciens dirigeants de Wirecard, notamment l'ex-patron Markus Braun et son associé, Jan Marsalek qui reste en cavale.

La société elle-même est en plein démantèlement; certaines branches ont déjà été vendues à d'autres sociétés financières.

Lire aussi : Wirecard : le patron du superviseur allemand est démis de ses fonctions

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2021 à 8:52
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Finance et mafia ne faisant qu'un comme l'ont prouvé les journalistes du monde qui enquêtent sur les "paradise papers", il est obligé qu'il y ai leurs empreintes un peu partout au sein des institutions financières. Merci pour cet article.

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