La décision était attendue. Felix Hufeld, le patron du régulateur allemand BaFin a été relevé, vendredi, de ses fonctions après les révélations à répétition autour de la faillite de Wirecard. Son adjointe, Elisabeth Roegele, qui avait pris la décision d'interdire les ventes à découvert sur Wirecard en 2019 a aussitôt remis sa démission.
Le superviseur allemand est vivement critiqué, non seulement pour la mauvaise gestion du dossier mais aussi pour sa défense persistante de Wirecard, malgré des alertes répétées, apparues dès 2015, grâce notamment une enquête approfondie du Financial Times, sur la régularité des comptes de la société.
Plainte et enquête interne
Devenue en quelques années l'une des stars du paiement dans le monde, et une vedette de la cote, Wirecard avait fait son entrée dans l'indice phare de Francfort, le Dax 30, à l'été 2018, marquant sa consécration. Après de nombreux démentis et un audit pour le moins controversé, Wirecard a finalement reconnu un « trou » de 1,9 milliard d'euros dans ses comptes au début de l'été 2020. Entre temps, la valorisation du groupe avait chuté en deux ans, de 24 milliards d'euros à son zénith boursier à moins de 200 millions d'euros.
L'éviction de Félix Hufeld intervient au lendemain d'un dépôt de plainte par la Bafin envers l'un de ses employés, soupçonné de délit d'initié. Ce dernier, qui travaillait dans le département en charge de la surveillance des valeurs mobilières, avait vendu des produits structurés, avec Wirecard comme sous-jacent, le 17 juin 2020, tout juste avant que le scandale n'éclate. Mais ce départ précède également la publication d'une enquête interne sur le fonctionnement de la BaFin, dont les résultats sont attendus dans les prochaines semaines.
Une institution décrédibilisée
Dans les mois qui ont précédé la faillite de Wirecard, le régulateur allemand avait en effet refusé de diligenter des enquêtes sur la fintech de paiement et avait retourné sa colère contre le Financial Times et les vendeurs à découvert. Cette attitude a lourdement décrédibilisé l'institution, déjà fragilisée par de nombreuses faillites retentissantes. C'est donc toute la réputation de sérieux de la place financière allemande qui est de plus en plus mise à mal.
La BaFin va devoir se mettre à la recherche d'un successeur suffisamment crédible pour mettre mettre à l'œuvre les réformes exigées par l'Autorité européenne des marchés financiers (Esma) à la suite de ce scandale.
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