Ingenico se réorganise pour passer la vitesse supérieure dans les paiements en ligne

Le spécialiste français des paiements veut accélérer dans les paiements en ligne. Cela passe par une réorganisation de l'entreprise et un plan d'économie de 100 millions d'euros.
Juliette Raynal
(Crédits : Ingenico)

Sans peut-être le savoir, les particuliers utilisent presque quotidiennement les produits Ingenico : en réglant leurs achats en magasin, en achetant un ticket de métro à une machine automatique ou encore en payant à la barrière de péage. Avec plus de 300 millions de terminaux de paiement déployés dans 170 pays, le français détient aujourd'hui près de 40% des parts du marché mondial. Mais c'est sur son activité retail, qui correspond principalement aux activités de paiement en ligne et de services aux commerçants, que l'industriel tricolore souhaite accélérer.

Objectif : 6% de croissance organique par an

Après une année 2018 tumultueuse, marquée par une forte consolidation du marché, des rumeurs de rapprochement avec Natixis (groupe BPCE) et un changement de direction en pleine réflexion stratégique, le groupe spécialisé dans les solutions de paiement a présenté son nouveau plan stratégique à l'horizon 2021, baptisé Fit for Growth.

Dans le cadre de ce nouveau plan, Ingenico vise une croissance organique supérieure à 6% par an sur la période 2018 à 2021 pour dépasser les 3 milliards d'euros de revenus, contre 2,64 milliards en 2018. À cet horizon, l'entreprise vise un excédent brut d'exploitation d'environ 700 millions d'euros. Pour atteindre ces objectifs, le groupe entend « continuer à accélérer ses activités retail en transformant l'essai au cours des trois prochaines années, et redynamiser son activité de terminaux de paiement après une année 2018 difficile [-4% l'année dernière, ndlr] », a exposé Nicolas Huss, son directeur général.

Développement des terminaux Android

Concernant le redressement de l'activité des terminaux de paiement, l'entreprise tricolore prévoit d'investir davantage dans les appareils Android (déjà déployés en Chine, en Inde, en Indonésie et en Amérique Latine), de développer des services complémentaires pour le compte des banques et de multiplier les alliances avec des partenaires alternatifs, comme les revendeurs de logiciels (ISV), qui permettent d'accéder à des gisements de commerçants dans différentes verticales comme le voyage, l'hôtellerie ou les transports par exemple.

Aujourd'hui, l'activité retail représente un peu plus de la moitié des revenus globaux de l'industriel français (435 millions d'euros sur 753 millions au 1er trimestre 2019). Son ambition est de faire grimper cette part à deux tiers du chiffre d'affaires en 2021. « Les pools de profit ne sont pas les mêmes. Sur le marché des terminaux de paiement, nous parlons de 6, 7 ou 8 milliards d'euros. Sur le marché du retail, c'est plus de 100 milliards d'euros », a estimé Nicolas Huss. Actuellement, l'entreprise française ne détient que 5% des parts de marché dans le paiement en ligne. En 2018, elle a traité 58 milliards d'euros de transactions en ligne. En comparaison, la jeune plateforme de paiement néerlandaise Adyen, valorisée plus que Natixis, a traité pour 159 milliards d'euros de transactions l'an dernier.

Réorganiser pour accélérer

Pour soutenir cette accélération des activités retail, Ingenico va enclencher un plan de transformation global de l'entreprise, visant à dégager 100 millions d'euros d'excédent brut d'exploitation.

« Nous avons développé l'activité retail via des acquisitions [comme le suédois Bambora et Payone en Allemagne, ndlr] qui ont nécessité beaucoup d'argent pour avoir une taille critique. Il faut remettre à plat ces acquisitions pour les intégrer, générer des synergies et appuyer sur l'accélérateur », indique Michel-Alain Proch, le directeur financier du groupe.

Aujourd'hui, le groupe se compose de 120 entités légales, de 35 systèmes de gestion (ERP) et de 50 structures analytiques. Pour simplifier la structure légale, Ingenico va créer deux sous-groupes autonomes autour des activités retail et des terminaux de paiement. Le géant des paiements prévoit également de passer de 35 à 2 ERP et d'aligner sa structure analytique pour avoir une meilleure vision des coûts.

Quid de l'impact sur les effectifs (8.000 dans le monde, dont un peu plus de 1000 en France) ?

« Nous sommes toujours en recherche de productivité et nous procédons à des ajustements, mais il n'est pas question de plan social », a assuré Nicolas Huss.

Quant aux éventuelles opérations de croissance externe, celles-ci sont relayées au second plan. « La consolidation dans le secteur du paiement se poursuit, mais le ticket d'entrée est devenu extrêmement cher. Nous ne voulons pas faire d'acquisitions à des prix non raisonnables. Toutefois, si un partenariat ou une acquisition différenciante pour nous, en termes d'activité ou de géographie comme aux États-Unis, se présentait, nous la regarderons», a précisé le directeur général.

Juliette Raynal

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