Ingenico change de patron en pleine réflexion stratégique

Le leader des terminaux de paiement a annoncé ce lundi 5 novembre au matin le départ de Philippe Lazare, son Pdg, et la séparation des fonctions de président et de DG. Nicolas Huss, arrivé il y a 18 mois, prend la direction générale d'Ingenico, récemment approché par Natixis.
Delphine Cuny
Arrivé chez Ingenico en juillet 2017, Nicolas Huss, ex-patron de Visa Europe, passé par Bank of America et GE Capital, est nommé directeur général de l'entreprise française de terminaux de paiement à un moment stratégique. La présidence du conseil est confiée au fondateur d'Atos, Bernard Bourigeaud.
Arrivé chez Ingenico en juillet 2017, Nicolas Huss, ex-patron de Visa Europe, passé par Bank of America et GE Capital, est nommé directeur général de l'entreprise française de terminaux de paiement à un moment stratégique. La présidence du conseil est confiée au fondateur d'Atos, Bernard Bourigeaud. (Crédits : Ingenico)

[Article mis à jour à 18h20]

« Évolution de la gouvernance » : c'est par un discret communiqué ainsi intitulé qu'Ingenico a annoncé ce lundi 5 novembre le départ de son Pdg, Philippe Lazare, aux commandes depuis huit ans. Le leader mondial des terminaux de paiement, qui se dispute le titre avec l'Américain Verifone, se trouve à un carrefour stratégique : sa mutation vers le paiement en ligne tarde à porter ses fruits, pendant que son activité traditionnelle de vente aux banques ralentit structurellement, dans les économies développées, ce qui se traduit par une piètre performance boursière (-22% depuis janvier et 35% depuis trois ans).

Approché par des fonds d'investissement et par des acquéreurs stratégiques, en premier lieu Natixis, Ingenico a annoncé le 23 octobre une révision en baisse de ses objectifs 2018 et une revue stratégique de ses options stratégiques.

« À la demande du conseil d'administration, Philippe Lazare a remis l'ensemble de ses mandats de président-directeur général et d'administrateur à disposition du conseil, afin de faciliter la transition managériale dans l'intérêt d'Ingenico Group », précise le groupe français dans un communiqué.

Interrogé dans nos colonnes en juillet dernier sur la préparation éventuelle de sa succession, Philippe Lazare, 61 ans, avait répondu que celle-ci appartenait au conseil d'administration. Il est donc remercié, dans les deux sens du terme, et son départ s'effectue avec effet immédiat après une réunion tenue le matin même.

« Le conseil d'administration a tenu unanimement à remercier Philippe Lazare pour le travail qu'il a accompli à la tête d'Ingenico depuis onze ans et pour son action décisive pour le développement du groupe », indique le communiqué, rappelant que, sous sa direction, « Ingenico Group est devenu une entreprise de croissance profitable et un leader mondial des solutions de paiement dont le chiffre d'affaires est passé de 500 millions d'euros à plus de 2,7 milliards d'euros ».

L'action Ingenico a gagné 3,85% ce lundi, signant la plus forte hausse du SBF120, et portant sa capitalisation à 4,29 milliards d'euros.

Le fondateur d'Atos à la présidence

Les fonctions de Pdg seront désormais séparées : la présidence revient à Bernard Bourigeaud, le fondateur d'Atos (74 ans), qui est conseiller du fonds d'investissement américain Advent International, et la direction générale à Nicolas Huss, arrivé en juillet 2017 en tant que vice-président exécutif en charge de la stratégie et la performance d'Ingenico.

Porté à la tête de la division "Retail" deux mois plus tard, Nicolas Huss avait été nommé en juillet 2018 au poste nouvellement créé de Chief Operating Officer (COO), chapeautant le "Retail" et la division "Banques et Acquéreurs" ainsi que l'entité nord-américaine. Titulaire d'une licence en droit et diplômé d'une maîtrise de sciences politiques, Nicolas Huss, 54 ans, a travaillé pour GE Capital, puis Bank of America et Avantcard, avant de rejoindre Visa Europe, dont il était Pdg, jusqu'au rachat par Visa Inc.

Le tandem devra aider le conseil à déterminer la meilleure voie pour l'avenir du groupe, qui emploie 8.000 personnes, dans un paysage concurrentiel en évolution accélérée, avec l'émergence de nouveaux acteurs venus du numérique, tels qu'Adyen et Stripe. Natixis, la filiale cotée en Bourse du groupe BPCE (Banques Populaires Caisses d'Epargne), qui a fait du paiement un de ses axes stratégiques et avait recruté en novembre 2017 le vice-président exécutif d'Ingenico, Pierre-Antoine Vacheron, avait confirmé le 11 octobre son intérêt pour une opération avec Ingenico.

En revanche, Edenred (tickets restaurant), un temps évoqué comme candidat potentiel, a précisé le 26 octobre qu'il « n'envisage pas d'opération sur le capital d'Ingenico.»

Delphine Cuny

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