Libra de Facebook : une question de "sécurité nationale" pour le Trésor américain

La future cryptomonnaie du géant des réseaux sociaux pourrait être "mal utilisée pour blanchir de l'argent ou financer le terrorisme" s'inquiète le secrétaire au Trésor américain. Le promoteur du projet chez Facebook, David Marcus, sera auditionné ce mardi au Sénat.
Delphine Cuny
Le Trésor a de très sérieuses inquiétudes sur Libra, qui peut être mal utilisé pour blanchir de l'argent ou financer le terrorisme, a déclaré lundi le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin.
"Le Trésor a de très sérieuses inquiétudes sur Libra, qui peut être mal utilisé pour blanchir de l'argent ou financer le terrorisme", a déclaré lundi le secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin. (Crédits : Jim Young)

Après le président de la Fed, Jerome Powell, au Congrès et Donald Trump sur Twitter, c'est au tour du secrétaire au Trésor américain, Steven Mnuchin, d'exprimer ses "très sérieuses inquiétudes" à l'égard du projet de cryptomonnaie dévoilé par Facebook début juin sous le nom de Libra et dont le lancement est prévu début 2020. L'ex-banquier de Goldman Sachs, devenu l'équivalent du ministre des Finances de Trump en 2017, s'est exprimé lundi 15 juillet lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche sur la régulation des cryptomonnaies (voir la vidéo), la veille d'une audition du responsable du projet de Facebook, David Marcus, devant la commission bancaire du Sénat ce mardi 16 juillet.

"Le Trésor a exprimé de très sérieuses inquiétudes à l'égard du Libra, qui pourrait être mal utilisé pour blanchir de l'argent ou financer le terrorisme", a affirmé Steven Mnuchin. "Il est de ma responsabilité de protéger notre monnaie", a-t-il martelé. "Il s'agit en effet d'une question de sécurité nationale".

Reprenant les arguments de Jerome Powell, il a déclaré ne pas être "très à l'aise" avec l'idée de monnaie digitale mondiale de Facebook qui aura "fort à faire pour rassurer" le Trésor et la banque centrale américaine, le Fed. Il a insisté sur le fait que les créateurs de monnaies virtuelles "devront appliquer les même mesures anti-blanchiment, anti-financement du terrorisme que les institutions financières traditionnelles". Une déclaration qui a relancé les craintes de durcissement réglementaire à l'égard du Bitcoin, faisant chuter le cours.

Le sujet interpelle la grande majorité des gouvernements et banques centrales de la planète. Il sera même à l'ordre du G7 Finance ce mercredi 17 juillet à Chantilly. Un pré-rapport d'un groupe de travail sur les questions soulevées par les stablecoins (les cryptomonnaies adossées à des devises) comme le Libra sera présenté à cette occasion.

"Pas de lancement sans autorisation" promet Facebook

Ce mardi, le promoteur du projet, David Marcus passera donc sur le gril devant la commission bancaire du Sénat américain. Sa déclaration a déjà été mise en ligne ce lundi par celle-ci.

"Le Président Powell [de la Fed] a clairement indiqué que le processus d'examen de Libra devait être patient et approfondi, et non être un processus accéléré de mise en œuvre. Nous sommes tout à fait d'accord. C'est dans cet esprit que nous avons publié le livre blanc présentant le projet Libra" compte-t-il au Sénat.

"En fait, j'espère que ce sera la supervision la plus large, la plus étendue et la plus minutieuse avant le lancement par les régulateurs et les banques centrales de l'histoire de la Fintech. Nous savons que nous devons prendre le temps de bien faire les choses. Et je tiens à être clair : Facebook n'offrira pas la monnaie numérique Libra tant que nous n'aurons pas pleinement répondu aux préoccupations réglementaires et obtenu les approbations appropriées".

Lors de la présentation du projet Libra à la presse début juin, David Marcus avait balayé les sujets réglementaires, faisant valoir que l'Association Libra, à but non lucratif, ne serait pas en contact direct avec les consommateurs et que ce serait aux portefeuilles numériques en Libra, comme le futur Calibra que compte lancer Facebook, qui devraient être régulés, notamment au titre des obligations de connaissance client (KYC) et de lutte contre le blanchiment.

"L'Association Libra, qui gérera la réserve [un panier de devises], n'a pas l'intention de faire concurrence aux monnaies souveraines ni d'entrer dans le champ de la politique monétaire. Elle travaillera avec la Réserve fédérale et les autres banques centrales pour veiller à ce que Libra ne soit pas en concurrence avec les monnaies souveraines ni n'interfère avec la politique monétaire" insiste David Marcus dans sa déposition qui sera lue ce mardi devant le Sénat.

Il ajoute même en conclusion : "nous reconnaissons l'autorité des régulateurs financiers et nous apportons notre soutien à leur surveillance de ce projet".

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 16/07/2019 à 11:13
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"La mauvaise monnaie chasse la bonne". La loi de Gresham date du 16ème siècle. Pas de souci pour les bonnes monnaies nationales, elles ne circuleront presque plus et seront réservées à la finance.

à écrit le 16/07/2019 à 8:38
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errata il fallait lire ' si deja on supprime l'independance de la Fed pour imprimer du papier cul qui ruinera les gens facon republique de Weimar, vous ne croyez pas qu'on va laisser les gens ne pas etre ruines par l'hyperinflation qu'on vous prepar...

à écrit le 16/07/2019 à 8:10
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"nous reconnaissons l'autorité des régulateurs financiers et nous apportons notre soutien à leur surveillance de ce projet" ILs apprennent et comprennent que c'est un boulversement financier majeur qu'ils génèrent, du coup il faut raser les murs ...

à écrit le 16/07/2019 à 8:06
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Les politicards américains sont contre fabriquer de la monnaie sur FesseBouc, mais ils font de la propagande sur Tweeter. FB et Tweeter ne sont que d'autres médias, où c'est le lecteur qui fabrique le contenu, en plus : c'est le summum de l'exploita...

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