Energies renouvelables : le bilan de Ségolène Royal encensé par les professionnels

Les représentants des filières renouvelables, réunis à son invitation pour une ultime conférence, n’ont pas eu de mots assez forts pour louer le bilan de la ministre de l’Ecologie.
Dominique Pialot
Concernant le rayonnement des acteurs français à l'international, Ségolène Royal les a incités à « profiter des tergiversations des Américains » concernant l'Accord de Paris pour « prendre le leadership européen, comme le font de leur côté les Chinois ».

Pour sa dernière conférence de Ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal avait convié les représentants des filières renouvelables, pour un point sur les avancées réalisées au cours des trois années qu'elle aura passées à la tête du ministère.

A cette occasion, elle en a profité pour annoncer la publication de plusieurs arrêtés au Journal officiel, rendre publiques les listes de lauréats de plusieurs appels d'offres, notamment dans le petit hydrolien, et en lancer de nouveaux.

Les multiples applications de la loi de transition énergétique

Plus globalement, la ministre a rappelé les principales mesures en faveur de la transition énergétique en général et des filières renouvelables en particulier prises ces dernières années : le vote de la loi de transition énergétique, la publication de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) fixant un objectif de 23% d'énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie en 2020 et 32% en 2030, décliné en objectifs pour chacune des filières à l'horizon 2018 et 2023, et prévoyant un doublement des capacités renouvelables électriques et chaleur en 2023 par rapport à 2015 ; la désignation de plus de 500 territoires à énergies positive (TEPOS) ; la définition d'un cadre juridique pour l'autoconsommation et le financement participatif dans le secteur ; les progrès de la fiscalité verte (dont l'instauration d'une « taxe  carbone » pour les émissions diffuses) ; le succès de la COP 21 (menée sous l'égide du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius), et l'émission début 2017 de la première obligation verte souveraine d'une telle ampleur (7 milliards d'euros).

Ségolène Royal n'en a pas moins manqué de souligner combien le système énergétique français, particulièrement centralisé et dominé pour  l'électricité par le nucléaire, avait pu rendre certaines de ces avancées difficiles à opérer. « Nous entrons dans une phase d'accélération et de maturité de notre mix énergétique, même s'il y a un débat sur le nucléaire, s'est-elle félicitée. Mais il faut que même les grands groupes comprennent que la mutation concerne tout le monde. Y compris EDF. C'est le moment de faire des choix judicieux, car tout ce qui est investi aujourd'hui dans le nucléaire ne l'est pas dans les renouvelables. »

Concernant le rayonnement des acteurs français à l'international, elle les a incités à « profiter des tergiversations des Américains » concernant l'Accord de Paris pour « prendre le leadership européen, comme le font de leur côté les Chinois ».

La filière passée "d'un épais brouillard à un soleil radieux"

Au-delà de cet exercice d'autosatisfaction, les professionnels présents ont rivalisé de compliments pour rendre hommage à l'action de la ministre. Le président du syndicat des Energies renouvelables (SER) Jean-Louis Bal, qui a clôturé la matinée, résume le sentiment dominant. « On va la regretter », auraient ainsi déclaré ses adhérents unanimes à l'approche de son départ. « En trois ans, nous sommes passés de l'épais brouillard au soleil radieux qui brille aujourd'hui », a assuré Daniel Bour, président du syndicat Enerplan (et PDG de l'entreprise Générale du Solaire). « Je n'ai jamais, en 34 ans de carrière, eu l'occasion d'adhérer aussi totalement à l'action d'un ministère », a renchéri Arnaud Mine, PDG de l'entreprise Urbasolar. Comme Jean-Louis Bal, tous deux ont loué en particulier les progrès accomplis en matière de visibilité, de simplification, de méthode et de concertation, ainsi que la largeur et la profondeur de vue dont ont fait preuve Ségolène Royal et ses équipes.

4700 MW d'appels d'offres

Les chiffres sont là pour justifier ce satisfecit général. Sous l'égide de la charismatique ministre, les filières se sont redressées et ont accéléré : une production d'énergie renouvelable en hausse de 23% en 2015, avec 1000 mégawatts (MW) de nouvelles capacités éoliennes et 900 MW de nouvelles capacités solaires ; des appels d'offres représentant une puissance cumulée de 5700 MW, dont 2500 MW de projets déjà désignés. En décembre 2016, la France comptait 7,1 GW de solaire et 11,7 GW d'éolien, représentant des productions équivalent à respectivement 1,6% et 4,1% de la consommation électrique nationale. C'est dans la filière éolienne que le redressement a été le plus spectaculaire : tombés à quelque 600 MW en 2013, les nouveaux raccordements ont atteint  1345 MW en 2016, renouant avec la trajectoire fixée par la PPE.

Inquiétude à la veille de l'élection présidentielle

« Ne partez pas trop loin, ni trop longtemps », sont allés jusqu'à susurrer plusieurs professionnels à l'oreille de la ministre, dont il se murmure qu'elle pourrait se voir confier une mission sur l'environnement auprès de l'ONU.

Le résultat de l'élection présidentielle ne sera pas neutre pour la filière. Le programme de Marine Le Pen prévoit un moratoire sur l'éolien (que les Français, dit-elle, rejettent), et veut réserver le photovoltaïque aux seuls équipements français, ce qui promettrait un très net ralentissement étant donné que ces derniers se comptent sur les doigts d'une main.

Quant à Emmanuel Macron, s'il s'inscrit dans la parfaite continuité de la loi de transition énergétique, dans l'hypothèse où il devrait composer avec une majorité législative de représentants des Républicains, il risque d'être amené à réviser à la baisse les ambitions de la PPE...

Dominique Pialot

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Commentaires 29
à écrit le 02/05/2017 à 2:24
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@ Charly10 : Marine le Pen commet une erreur énorme en mettant de côté l'éolien dans son programme. L'éolien en France (2e site venteux d'Europe) a un potentiel minimal équivalent à 36% de la consommation électrique actuelle d'environ 425 TWh par an....

à écrit le 01/05/2017 à 17:10
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Pour Royal , les lauriers veindriont avec l'histoire. Elle a effectuée un immensse travail . concernant le PNUD et la place n'a pas ete pour elle. Dommage . https://atabia.com/actualites/377_segolene-royal-et-sa-candidature-a-la-presidence-du-progra...

à écrit le 29/04/2017 à 1:02
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Merci pour nos investissements dans les Energies Renouvelables.

à écrit le 29/04/2017 à 1:02
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Merci pour nos investissements dans les Energies Renouvelables.

à écrit le 29/04/2017 à 1:02
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à écrit le 29/04/2017 à 1:02
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à écrit le 29/04/2017 à 1:02
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Merci pour nos investissements dans les Energies Renouvelables.

à écrit le 28/04/2017 à 15:05
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L'idéal serait de produire l'énergie électrique au plus proche du consommateur, et non pas de faire des champs d'éoliennes ou de panneaux solaires. Il est vrai que les éoliennes en ville cela fait tache.Les panneaux solaires ont peu toujours les inst...

le 28/04/2017 à 20:07
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Les éoliennes sont nettement plus proches des consommateurs que les centrales nucléaires du fait d'absence de risques des premières par rapport aux secondes. Les champs solaires sont amenés à être réduits voire à disparaître à terme avec l'intégratio...

à écrit le 28/04/2017 à 14:51
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@énergie + 1) Cela fait très longtemps que j’essaye de comprendre comment, sous prétexte écologique on détruit le paysage de notre France. Je suis bien placé, dans mon département de l’Aube pour observer chaque jour, les forêts d’éoliennes qui pouss...

à écrit le 28/04/2017 à 14:35
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Il y a même plus d'aide pour l'installation de panneaux solaires de l'État c'est honteux

à écrit le 28/04/2017 à 12:58
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Une des nombreuses raisons techniques pour lesquelles Marine le Pen et le FN se trompent en excluant l'éolien du mix énergétique. Les 2 se complètent énergétiquement comme le tableau ci-dessous le démontre : http://www.techniques-ingenieur.fr/actuali...

à écrit le 28/04/2017 à 12:54
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La démonstration que le programme de Marine le Pen et du FN est également en matière d'énergie totalement absurde est simple : comparez le prix de l'énergie nucléaire (134 euros le MWh pour un EPR) à celui des renouvelables et vous comprendrez que l'...

à écrit le 28/04/2017 à 12:16
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BRUXELLES donne son accord pour NOTRE DAMES DES LANDES ! ! ! que pensent les Ecolos ? leurs représentants ?

le 28/04/2017 à 20:17
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Ce n'est pas Bruxelles qui donne son accord, c'est la France qui a décidé d'un aéroport avant même que n'existe l'Union européenne, le dossier est très ancien. La Commission reprochait à la France de n'avoir mené, lors de la procédure d'autorisation,...

à écrit le 28/04/2017 à 12:16
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BRUXELLES donne son accord pour NOTRE DAMES DES LANDES ! ! ! que pensent les Ecolos ? leurs représentants ?

à écrit le 28/04/2017 à 11:45
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Il ne faut pas rêver. La transition écologique ne doit pas devenir encore une fois le royaume de lobbys .La politique des « smart grid » visant entre autre, à gérer les contraintes telles que l’intermittence des énergies renouvelables d’origine (éoli...

le 28/04/2017 à 13:05
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@ Charly10 : 1) il y a moins de lobbies de l'intermittent qui sont concurrents que du nucléaire qui est un monopole en France et qui fait aussi de l'intermittent donc votre accusation est infondée et non recevable 2) Il n'y a pas lieu de remplacer to...

à écrit le 28/04/2017 à 10:16
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Ok elle a remis de l'ordre et surtout de la visibilite dans le soutien aux Enr. Mais sa pantalonnade sur l'ecotaxe autant que sur le prix du kwh qui aurait du etre releve pour promouvoir les enr et redresser les compte d'EDF, c'est condamnable.

à écrit le 28/04/2017 à 10:10
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Quand la france offre des rentes sur 20 ans a 100 €/MWh ce que le marché valorise a moins de 50, ca justifie de se mettre a genoux ou de baisser sa culotte. Les participants cités en ont fait leur habitude

le 28/04/2017 à 12:25
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depuis des décénies ce sont les banquiers de la Finance qui gouvernent nos marionnettes alors !

le 28/04/2017 à 13:08
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@ Agenoux : on est sous le régime des appels d'offres en éolien notamment et le prix d'achat est désormais de 71 euros le MWh et va continuer de baisser. Informez vous mieux, merci.

à écrit le 28/04/2017 à 8:15
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Une meilleure ministre de l'ecologie mais pour sa gestion de la rėgion Poitou Charentes un bilan financier désastreux en héritage pour la nouvelle région que nous allons devoir supporter en impot

à écrit le 27/04/2017 à 19:06
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Il faut rendre hommage à Ségolène Royal. Surtout que si on fait le "bilan écologique" de ce gouvernement, ce fut laborieux. L’épisode de l’écotaxe et des portiques fut le début d'une période d’incertitude et d’hésitation par rapport à la politique...

à écrit le 27/04/2017 à 17:38
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Avant que d'autres fassent un bilan ( qui ne sera pas très rose ) elle se donne des bonnes notes, sans mentionner toutes les mesures vertes qu'elle a bloquées.

à écrit le 27/04/2017 à 17:25
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Il s'agit de représentants des filières renouvelables. Je n'ai pas le même avis des représentants des autres sources d'énergie et surtout des économistes dont on ne parle pas. Il va y avoir un changement de majorité. Quel sera notre avenir?

à écrit le 27/04/2017 à 17:25
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bas carbone, oui mais un diesel emet moins de carbone et le nucleaire encore moins; pourtant ca n'est pas ecologique pour autant. Plus concerant l'article "les représentants des filières renouvelables" vu que c'est leur gagne pain ils pouvaient qu’ê...

à écrit le 27/04/2017 à 17:15
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Il est plus que temps de condamner Royal et sa gestion calamiteuse en Poitou-Charentes et lui réclamer des comptes. Elle n'a fait que tricher dans ses budgets non sincères en reportant des soldes d'impayés sur l'exercice suivant, elle a spolier la ré...

à écrit le 27/04/2017 à 15:22
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et d'après le WWF, la France a la meilleure stratégie bas carbone pour 2050 en Europe.

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