Thales poursuit (beaucoup trop ? ) lentement sa croissance

Avec un chiffre d'affaires qui a progressé de 2% en 2014, Thales est encore loin des objectifs ambitieux de son ancien PDG Jean-Bernard Lévy. En outre, DCNS a plombé les résultats financiers du groupe d'électronique.
Michel Cabirol
Première grande sortie médiatique de Patrice Caine lors de la présentation des résultats de 2014

Pour le futur directeur général de Thales et futur ex-PDG, Patrice Caine, c'est le grand jour avec sa première grande sortie médiatique avec la présentation des résultats 2014 après le départ surprise cet automne de Jean-Bernard Lévy à la tête d'EDF. En même temps, en tant que numéro deux de Jean-Bernard Lévy, il a participé grandement à la réalisation de ces résultats qui sont plutôt corrects avec un chiffre d'affaires en légère hausse à 12,9 milliards d'euros (contre 12,698 milliards en 2013). Soit une progression de 2% (-1% à périmètre et change constants). Loin toutefois de la volonté affichée par son ancien PDG de trouver 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires dans les dix prochaines années. Surtout au regard de la croissance de Safran. Sans une acquisition majeure, Thales ne devrait pas pouvoir remplir cet objectif.

"En 2014, Thales a réalisé une très bonne performance commerciale, avec des prises de commandes en progression sensible dans l'ensemble de nos secteurs d'activités. Hors impact de DCNS, la rentabilité du Groupe s'est de nouveau améliorée. Cette dynamique devrait se poursuivre en 2015, avec le retour à la croissance du chiffre d'affaires du Groupe et une hausse des résultats",  a expliqué Patrice Caine dans un  communiqué publié par le groupe.

Pour 2014, Thales affiche un EBIT (résultat opérationnel) de 985 millions d'euros, soit une marge de 7,6% du chiffre d'affaires contre 1,01 milliard un an plus tôt (8%). Cette baisse est intégralement imputable à la contribution fortement négative de DCNS (- 117 millions d'euros, contre une contribution positive de 40 millions en 2013) "en raison d'importants écarts négatifs sur plusieurs contrats, notamment dans le nucléaire civil ainsi que sur le programme de sous-marins Barracuda", a rappelé Thales dans un communiqué. Hors DCNS, l'EBIT atteint 1,1 milliard d'euros (8,5% du chiffre d'affaires), en progression de 13% par rapport à l'exercice précédent, "témoignant de la poursuite du déploiement des plans d'amélioration de la performance".

Des commandes en forte hausse

En revanche, la vraie bonne nouvelle vient des prises de commandes qui ont atteint en 2014 14,3 milliards d'euros, en progression de 11% par rapport à 2013 (+8% à périmètre et taux de change constants). Au 31 décembre 2014, le carnet de commandes consolidé se monte à 27,2 milliards d'euros (24,4 milliards d'euros fin 2013, un chiffre qui a été retraité selon les nouvelles normes IFRS), soit plus de deux années de chiffre d'affaires. Le ratio des prises de commandes rapportées au chiffre d'affaires, le fameux "book-to-bill", s'est élevé à 1,11 à fin 2014.

Avec une croissance particulièrement marquée au Moyen-Orient, les prises de commandes dans les marchés émergents "continuent leur progression" (+7% par rapport à 2013), affirme Thales. L'an dernier, elles ont atteint 4,26 milliards d'euros (contre 4 milliards en 2013), soit 30 % des prises de commandes totales. Depuis 2012, les prises de commandes dans les marchés émergents ont connu une croissance de plus de 40%.

Dix-neuf grandes commandes - celles qui sont surveillées comme le lait sur le feu - d'un montant unitaire supérieur à 100 millions ont été enregistrées sur l'année 2014, soit autant qu'en 2013. Notamment grâce à la filiale spatiale commune avec Finmeccanica (8 commandes supérieures à 100 millions). Enfin, les commandes de montant unitaire inférieur à 10 millions d'euros représentent un peu moins de la moitié des prises de commandes en valeur.

Des perspectives de croissance... modérée

En 2015, après une croissance de près de 20 % en deux ans, les prises de commandes devraient continuer de se maintenir à un niveau élevé, avec une nouvelle croissance attendue dans les marchés émergents. Notamment grâce à des contrats Rafale. La hausse continue des prises de commandes depuis deux ans devrait permettre au chiffre d'affaires de connaître une légère progression en 2015.

Cette évolution favorable, la poursuite des efforts d'amélioration de la compétitivité et le retour progressif à la profitabilité de DCNS devraient conduire Thales à afficher un EBIT en hausse d'environ 15% par rapport à 2014 (sur la base des taux de change actuels), pour atteindre 1,130 à 1,150 milliard d'euros.Sur le moyen terme, Thales confirme viser une croissance modérée de son chiffre d'affaires et une amélioration de son taux de marge d'EBIT, pour atteindre un taux de 9,5 à 10% à l'horizon 2017/2018.

Pour l'heure, le futur directeur général doit affronter une grogne sociale des salariés, qui demandent la levée de la "politique de modération salariale scandaleuse au regard de l'implication et des efforts plus que significatifs fournit par les salariés", estime la CGC Thales.

"Forte de ce constat, la CFE-CGC a demandé à rencontrer, le plus rapidement possible, M. Patrice Caine, le président du groupe, avec comme objectif de débloquer une situation qu'elle juge préjudiciable à tous, salariés et entreprise. A ce jour, les cinquante établissements du groupe Thales manifestent régulièrement leur mécontentement. La CFE-CGC ne comprendrait pas que la direction reste figée alors que la situation ne peut que se dégrader et s'ancrer durablement dans le conflit".

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 26/02/2015 à 22:06
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Avec ce que verse la défense pour les contrats avec Thales et au vu des résultats, ils ne peuvent que faire des bénéfices.

le 27/02/2015 à 17:45
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Et si ils veulent améliorer leurs produits et de part le fait leurs ventes, qu'ils arrêtent de mettre leurs différents bureau en concurrence constante.

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