Aéronautique : Safran affiche une santé financière époustouflante

L'équipementier aéronautique a révisé à la hausse ses objectifs de résultat opérationnel courant qui devrait bondir en 2018, non pas de 7% à 10% comme prévu jusqu'ici mais d'environ 20%.
Fabrice Gliszczynski
Le bénéfice opérationnel du groupe Safran devrait avoisiner les 3 milliards d'euros cette année.
Le bénéfice opérationnel du groupe Safran devrait avoisiner les 3 milliards d'euros cette année. (Crédits : © Regis Duvignau / Reuters)

Le millésime 2018 devait déjà être bon, il le sera davantage. Malgré l'intégration de Zodiac en début d'année et des défis industriels très lourds, le groupe Safran affole les compteurs en affichant une performance financière époustouflante. L'équipementier aéronautique a, en effet, fortement relevé ses prévisions financières pour l'année en cours. Alors qu'il tablait jusqu'ici sur une hausse de 7% à 10% de son bénéfice opérationnel courant, le groupe piloté par Philippe Petitcolin, son directeur général, vise désormais un bond d'environ 20% par rapport à celui enregistré l'an dernier qui s'élevait à 2,470 milliards d'euros. Autrement dit, le bénéfice opérationnel du groupe devrait avoisiner les 3 milliards d'euros cette année.

L'action flambe en Bourse

Ces prévisions sont dans la lignée des résultats du premier semestre au cours duquel le groupe a dépassé les attentes des analystes en publiant un bénéfice opérationnel courant en hausse de 32,6%, à 1,39 milliards d'euros. Ce qui représente 14,6% du chiffre d'affaires, lequel s'élève à  9,5 milliards d'euros (+24%). Le bénéfice net ajusté a quant à lui reculé à 932 millions d'euros, contre 1,5 milliard un an plus tôt, en raison d'effets de périmètre entre cessions et acquisition. Cette performance a été saluée par les investisseurs. À 14h15, l'action Safran grimpait de plus 7%, à près de 117 euros.

« Cette hausse des prévisions s'explique par une gestion meilleure que prévu de la transition entre le moteur CFM56 et le moteur LEAP mais aussi par le dynamisme de l'activité d'après-vente et notamment de la vente de pièces détachées qui génèrent de fortes marges. Enfin, l'activité commerciale de Zodiac semble repartir, ce qui laisse augurer que d'ici à deux ans, ils auront réussi le retournement », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.

De son côté, Sandy Morris, analyste chez Jefferies, estime dans une note que :

« La capacité de Safran de piloter la transition entre le CFM56 et le LEAP, de rendre l'acquisition de Zodiac satisfaisante, d'éviter toute conséquence négative de l'adoption de l'IFRS15 et d'éviter une détérioration des taux de couverture dollar/euro est remarquable. »

Safran a estimé que la transition entre le moteur CFM56 et son successeur, le LEAP, aurait un impact négatif moins marqué que prévu sur le résultat opérationnel de ses activités de propulsion, à 100-150 millions d'euros contre 150-200 millions estimés auparavant.

1.100 moteurs Leap livrés en 2018

Malgré les retards de livraison du moteur Leap annoncé en début d'année, le groupe aéronautique a confirmé son objectif de livrer 1.100 moteurs Leap en 2018.

« Nous étions entre 4 et 6 semaines, suivant les produits, en retard », a expliqué Philippe Petitcolin. « Nous n'avons pas aggravé ce retard. Nous avons même commencé tout doucement à le résorber. Mais la hausse des cadences (...) fait que nous ne les avons pas résorbés à la vitesse que nous avions prévu à l'origine », a-t-il ajouté en affichant sa confiance « sur la résorption de ce retard (..) pour pouvoir tenir les calendriers et les échéanciers demandés par nos clients avant la fin de cette année. »

Quant à Zodiac, sa contribution aux résultats est "en ligne avec la feuille de route financière". La direction Safran estime que Zodiac contribuera en 2018 à hauteur de 260 à 300 millions d'euros à son résultat opérationnel, de 3,6 à 4,0 milliards à son chiffre d'affaires et de 80 à 120 millions à son cash-flow libre.

« C'est conforme à ce qu'on attendait, il n'y a ni mauvaise surprise ni bonne surprise, c'est assez conforme mais ça reste un véritable challenge », a indiqué Philippe Petitcolin. L'acquisition de Zodiac devrait améliorer son résultat net par action annuel dans le bas de la fourchette de 5% à 10% précédemment indiquée.

"Il n'y a pas de magie"

Surtout, le pôle d'intérieurs de cabines de Zodiac, largement responsables des retards de livraisons de sièges d'avion, a effacé ses pertes pour afficher un résultat opérationnel à l'équilibre au premier semestre et Philippe Petitcolin s'est une nouvelle fois dit confiant dans la capacité du groupe à améliorer les marges de cette activité.

« Mais il n'y a pas de magie, c'est simplement du travail quotidien pour pouvoir améliorer chaque élément », a-t-il ajouté.

Dassault indemnisé par Safran pour l'arrêt du moteur Silvercrest

Enfin, concernant l'arrêt du moteur Silvercrest pour le Falcon 5X, Safran indique être parvenu à un accord avec Dassault Aviation concernant l'indemnité à verser à l'avionneur. Si Safran n'a pas précisé le montant, Dassault Aviation a fait savoir qu'il percevra une indemnité de la part de Safran de 280 millions de dollars.

Cet accord ne change pas les perspectives de rentabilité et de génération de cash-flow de Safran, qui précise que le montant de cette indemnité est couvert par les provisions déjà comptabilisées et que le paiement s'étalera sur trois ans à compter de 2018.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 5
à écrit le 07/09/2018 à 0:00
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L'action est au plus haut, si l'état était bon gestionnaire, il devrait en profiter pour se désengager du capital d'une entreprise à laquelle il ne sert à rien.

à écrit le 06/09/2018 à 23:07
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Merci, Monsieur Pompidou.

à écrit le 06/09/2018 à 16:18
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Ben oui il y a encore des patrons qui assurent, espérons que celui-ci ne se fera pas aussi détruire par les actionnaires milliardaires par pur bêtise avide. Pas facile d'espérer même là... -_-

le 06/09/2018 à 21:15
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Faut arrêter avec les patrons ci les patrons ça! Les employés se sont bien retroussé s les manches aussi

le 07/09/2018 à 8:50
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Si les employés sont motivés autrement que par la peur de perdre leurs emplois, ou sous la menace de façon plus générale, le néolibéralisme proposant une foule d'armes de ce genre aux décideurs, c'est que déjà le patronat est intelligent. LE mieu...

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