Airbus et Qantas main dans la main pour produire du biocarburant en Australie

Dépendante de l'avion pour se connecter au reste du monde, l'Australie ne dispose d'aucune capacité de production de carburants aériens durables (SAF). Afin d'y remédier, le géant du transport aérien australien, Qantas, et le constructeur européen Airbus s'engagent à hauteur de 200 millions de dollars dans un fonds destiné à lancer des projets locaux. Un premier pas qui devra être suivi par beaucoup d'autres avant qu'une infrastructure robuste soit opérationnelle.
Alan Joyce, directeur général de Qantas et Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, lancent un fonds pour amorcer la production de biocarburants aériens en Australie.
Alan Joyce, directeur général de Qantas et Guillaume Faury, président exécutif d'Airbus, lancent un fonds pour amorcer la production de biocarburants aériens en Australie. (Crédits : L. Barnier)

Alors que la guerre juridique fait toujours rage entre Airbus et Qatar Airways, le constructeur européen a tout de même ouvert le bal lors de l'assemblée générale annuelle de l'Association internationale du transport aérien (IATA) qui se tient du 19 au 21 juin à Doha. Guillaume Faury, son président exécutif, est venu en terre qatarie pour rencontrer les nombreuses compagnies réunies pour l'événement, mais aussi pour signer un accord avec Alan Joyce, l'infatigable directeur général du groupe Qantas. Les deux dirigeants se sont ainsi engagés pour un investissement conjoint de 200 millions de dollars afin de créer un fonds destiné à amorcer la production de carburants aériens durables (SAF) en Australie. Le motoriste américain Pratt & Whitney est également contributeur.

Six semaines après avoir finalisé la plus grosse commande de l'histoire australienne, avec 20 A321 XLR et autant d'A220-300 pour le projet Winton (renouvellement de la flotte moyen-courrier), ainsi que 12 A350-1000 pour le projet Sunrise (route directe ultra long-courrier entre Sydney et Londres), Airbus et Qantas poursuivent donc leur collaboration. Comme le note Guillaume Faury, les questions environnementales ont été centrales lors de la conclusion de ce contrat, posant les bases de ce "partenariat unique". Ce fonds est ainsi destiné à accélérer la production de SAF en Australie, qui en est aujourd'hui démunie, via des prises de participation dans des projets commercialement viables.

Tout reste encore à faire

Alan Joyce explique que ces 200 millions de dollars ne sont qu'un investissement initial et appelle le gouvernement et les autorités locales à y prendre part, ainsi que d'autres investisseurs. Il en appelle également aux fournisseurs pour apporter des idées nouvelles pouvant être financées par ce fonds. Pour l'instant, aucun producteur n'a rejoint le projet mais le directeur général de Qantas assure que les marques d'intérêt sont nombreuses.

De même, Alan Joyce a appelé à la constitution d'un cadre politique, qui manque aujourd'hui en Australie et s'est montré confiant sur le sujet : "Nous avons eu des discussions encourageantes avec le nouveau gouvernement australien, compte tenu de l'importance qu'il accorde à la réduction des émissions, et nous sommes impatients de voir ces discussions progresser."

Le groupe australien espère ainsi disposer d'ici quelques années de l'infrastructure pour ses approvisionnements en SAF. Bien qu'exportatrice de matières premières pouvant servir à la composition de biocarburants, comme le colza et le suif animal, l'Australie n'en produit pas directement aujourd'hui, faute d'industrie locale.

Qantas, qui s'est engagé à utiliser 10 % de SAF d'ici 2030, doit donc s'approvisionner à l'étranger pour le moment. C'est notamment le cas sur la "Kangaroo route" entre Londres et Sydney, à hauteur de 15 % de son mix carburant, et sur les vols entre l'Australie et la côte Ouest des Etats-Unis (Los Angeles et San Francisco) à partir de 2025, avec 20 millions de litres annuels.

Airbus, le catalyseur

Interrogé sur le rôle que souhaite jouer Airbus dans le développement des SAF, Guillaume Faury voit son groupe comme un catalyseur, avec cet accord, la recherche pour aller vers les 100 % d'incorporation dans le mix carburant (aujourd'hui limitée à 50 %), mais aussi les discussions avec les autorités de régulations. Le patron d'Airbus juge ainsi que l'accroissement de la production de SAF est le pilier clef pour atteindre l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050. Il estime ainsi qu'il y a "besoin d'un système fiable pour la production et commerciale SAF près des grands hubs mondiaux".

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Commentaires 3
à écrit le 20/06/2022 à 9:19
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Le centre de l'Australie est un gigantesque désert très chaud. On peut imaginer produire du e-méthanol (mélangeable facilement avec le kérosène) avec du photovoltaïque comme source d'énergie, et en réalisant la réaction catalytique entre l'eau (désal...

à écrit le 19/06/2022 à 18:12
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Arrêtons de parler de biocarburant pour faire bien, parlons d'agrocarburant c'est plus concret et plus honnête. Avec 8 milliards d'habitant et une pénurie sur l'eau , utiliser les terres pour produire du colza, c'est un crime écologique.

à écrit le 19/06/2022 à 15:22
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C'est fou toutes ces magouilles pour continuer comme "avant" en nous faisant croire que c'est différent. Les biocarburants devraient être injectés dans les puits de pétrole pour diminuer la teneur en GES de l'atmosphère ...

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