Carburants d'aviation durables : TotalEnergies met les bouchées doubles sur son site de Grandpuits

À deux semaines du prochain salon aéronautique du Bourget, la major TotalEnergies a indiqué ce mercredi matin de nouvelles ambitions dans la production de carburants aériens durables (SAF) sur son site de Grandpuits. Cette ancienne raffinerie de pétrole produira 285.000 tonnes de SAF par an dès sa mise en service en 2025, contre un objectif de 170.000 tonnes annoncé en 2020.
Marine Godelier

[Article mis à jour le 07/06/2023 à 16:49]

Quoi de mieux pour marquer le coup, à moins de deux semaines du lancement du salon aéronautique du Bourget ? Attendue au tournant sur la décarbonation de ses activités, la major TotalEnergies a annoncé ce mercredi matin de nouvelles ambitions dans les carburants durables pour l'aviation (SAF). Au lendemain du coup de pression du patron de l'association internationale du transport aérien (IATA), qui a appelé les Etats à instaurer un cadre fort pour disposer d'assez de « kérosène vert » à l'avenir, l'entreprise française a promis de rehausser sa propre production à Grandpuits (Seine-et-Marne), abandonnant par là même un projet d'usine de bioplastique sur le site.

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Concrètement, celle-ci passera à 285.000 tonnes de SAF par an dès la mise en service de cette ancienne raffinerie de pétrole, en 2025, contre un objectif de 170.000 tonnes annoncé en 2020. De quoi répondre à la mise en place attendue des mandats européens pour l'incorporation de ce carburant « durable » dans le kérosène, fixés à 6% dès 2030, espère l'entreprise. Laquelle se félicite déjà d'être la première à fournir un approvisionnement permanent de SAF en France, destiné à l'aéroport d'aviation d'affaires de Paris-Le Bourget.

Des graisses et huiles usagées

Pour l'heure, TotalEnergies dispose de trois sites principaux pour mettre au point ce fameux SAF : sa plateforme de Normandie et la raffinerie convertie de la Mède, couplée à l'usine d'Oudalle en Seine-Maritime. D'ici à 2025, le procédé utilisé à Grandpuits sera le même : l'idée sera de produire sur place du HVO (Hydrotreated Vegetable Oil, à la base du biodiesel), explique un porte-parole.

Néanmoins, contrairement à ce qui se fait aujourd'hui à la Mède notamment, ce HVO sera obtenu « en intégralité » à partir de graisses animales en provenance d'Europe et d'huiles de cuisson usagées, et non pas d'huiles végétales directement issues des culture, assure TotalEnergies. Pour ce faire, l'entreprise compte sur son partenariat avec le géant Saria, qui lui fournira les déchets organiques nécessaires à la fabrication du fameux HVO, récupérés en abattoir par exemple.

Risque de dépendance

TotalEnergies aura donc recours à un procédé bien connu intitulé « HEFA  » (pour production d'huiles végétales hydrotraitées) sur son site de Grandpuits. Et pour cause, il s'agit de la « seule » technique « industriellement disponible et à coût accessible en attendant le développement des e-fuels », affirmait en mai Valérie Goff, la directrice business unit biocarburants et carburants de synthèse, à nos confrères de l'Usine nouvelle.

Pourtant, l'IATA alerte sur le risque d'une dépendance à ces huiles végétales hydrotraitées, qui représentent 85 % de la production actuellement, alors que huit autres méthodes sont certifiées. Hier, son patron a ainsi appelé à poursuivre à élargir la base de production :

« Nous devons également continuer à approuver une plus grande diversification des méthodes et des matières premières disponibles pour la production de SAF. »

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Un gisement limité

Et pour cause, la disponibilité de la biomasse promet d'être limitée. « Les volumes disponibles ne sont pas non plus énormes », soulignait d'ailleurs Patrick Pouyanné lui-même lors de son audition d'avril au Sénat. Si l'on en croit le géant finlandais Neste, ceux-ci tourneraient autour de 10.000 à 15.000 tonnes par an en France et plusieurs dizaines de milliers de tonnes au niveau européen. Et pourraient atteindre maximum 7 à 10 millions de tonnes en 2030 sur le Vieux continent, pour 40 millions de tonnes dans le monde.

Le lobby de l'aérien préfère ainsi mettre l'accent sur les matières premières de troisième génération (déchets et résidus bio-agricoles), qui offre selon lui le potentiel de développement le plus intéressant pour la production de SAF. Et en parallèle, il appelle à la montée en puissance des carburants synthétiques, qui s'affranchissent des limites de la biomasse. Une chose est sûre : tout reste à faire, alors que le SAF utilisé par l'aviation en 2022 (240.000 tonnes) représentait 0,1% seulement de la consommation totale de kérosène cette même année (254 millions de tonnes).

Marine Godelier

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Commentaires 3
à écrit le 06/11/2023 à 21:33
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Bonne nouvelle ,les bio plastiques on s'en tape , mieux vaut fabriquer du SAF pour le bonheur des compagnies aériennes et donc des voyageurs.

à écrit le 08/06/2023 à 7:29
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J'aimerais bien connaître la composition de ce carburant moi aussi.

à écrit le 07/06/2023 à 19:32
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Il serait bon de préciser ce qu'est un carburant VERT. Pour l'instant, à part la couleur, je vois pas.

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