Comment l'Europe participe à la reconquête de la Lune et à la conquête de Mars

Sous le pilotage de la NASA, l'industrie spatiale européenne s'est fait une place dans le programme lunaire Artemis et martien, Mars Sample Return. Elle va profiter d'une manne de près de 3 milliards d'euros distribuée par l'agence spatiale européenne.
Michel Cabirol
Pour le retour de l'Homme sur la Lune en 2024, l'Europe se met bien sûr dans les pas des Américains, qui ont lancé dans le cadre d'une coopération internationale (Etats-Unis, Europe, Japon et Canada) le programme Artemis
Pour le retour de l'Homme sur la Lune en 2024, l'Europe se met bien sûr dans les pas des Américains, qui ont lancé dans le cadre d'une coopération internationale (Etats-Unis, Europe, Japon et Canada) le programme Artemis (Crédits : Agence spatiale européenne (ESA))

Grâce à l'Agence spatiale européenne (ESA), l'industrie spatiale européenne ne connait pas vraiment la crise. Après le programme Copernicus (2,5 milliards d'euros) ventilé en grande partie à Thales Alenia Space (TAS), Airbus Space et OHB, l'ESA a de nouveau joué les très bons samaritains. Elle va distribuer au total des commandes évaluées à 2,9 milliards d'euros (officiellement 2,6 milliards) dans le cadre de programmes d'exploration spatiale vers la Lune et vers Mars : 1,2/1,3 milliard d'euros de contrats finalisés et 1,6/1,7 milliard, qui restent encore à octroyer (dont 300 millions fléchés vers la R&D et des études scientifiques).

Airbus, Thales et Leonardo en sont les principaux bénéficiaires. En novembre 2019, les États membres de l'ESA avaient manifesté à Séville lors de Space19 + un engagement fort pour ces programmes d'exploration en décidant une augmentation de 30% des crédits. Près de 2 milliards d'euros ont été abondés par les pays européens, notamment par l'Allemagne (552 millions), l'Italie (503 millions) et la France (345 millions). "Dans un contexte sanitaire difficile, l'ESA et ses partenaires industriels ont su faire preuve d'agilité afin de continuer à faire progresser la science et l'exploration. Des montants considérables de l'ensemble des contrats seront attribués d'ici au début de l'année 2021", a expliqué l'ESA dans un communiqué.

Airbus et TAS raflent déjà en grande partie les 1,3 milliard

Pour le retour de l'Homme sur la Lune en 2024, l'Europe se met bien sûr dans les pas des Américains, qui ont lancé dans le cadre d'une coopération internationale (Etats-Unis, Europe, Japon et Canada) le programme Artemis. Qui fait quoi dans la participation européenne au programme lunaire américain ? Fin mai, l'ESA avait signé avec Airbus un contrat portant sur la construction du troisième module de service européen (ESM) d'Orion, le vaisseau spatial habité américain. Ce contrat est évalué à 250 millions d'euros environ. En outre, l'ESA compte dans cette somme des opérations sur la station spatiale internationale (ISS) pour un montant de 140 millions d'euros, explique-t-on au sein de l'ESA.

De son côté, TAS a été sélectionné par l'ESA pour fournir un module à la future station spatiale lunaire, l'Habitat International I-HAB, une station spatiale de 40 tonnes habitée en orbite lunaire (327 millions d'euros). Par ailleurs, Airbus et TAS ont été sélectionnés par l'ESA pour mener des études de faisabilité dans le cadre de la phase de définition de l'alunisseur logistique lourd européen (EL3), capable de transporter jusqu'à 1,7 tonne de fret vers n'importe quel endroit de la surface lunaire (une trentaine de millions). La conférence ministérielle de 2022 décidera de lancer ou pas ce projet.

Enfin, l'ESA a attribué à Airbus la maîtrise d'œuvre de l'Orbiteur de Retour vers la Terre (Earth Return Orbiter-ERO), qui rapportera pour la première fois des échantillons martiens sur la Terre dans le cadre de la mission commune d'exploration de la planète rouge entre la NASA et l'ESA, Mars Sample Return. Ce contrat, qui fera travailler une centaine de personnes au sein d'Airbus à Toulouse, s'élève à 491 millions d'euros avec TAS comme principal sous-traitant. Le constructeur franco-italien a signé un accord préliminaire avec Airbus Defence and Space pour contribuer au programme ERO. Une première tranche d'un montant d'environ 11 millions couvrira la phase B2 du contrat, dont le montant global est d'environ 130 millions d'euros.

1,6 milliard encore à distribuer

Pour le futur, une chose est sure TAS a déjà été sélectionné par l'ESA pour développer et fabriquer le module de communication et de ravitaillement Esprit (295 millions). Le contrat doit être signé d'ici à la fin de l'année. Airbus devra quant à lui négocier avec l'agence spatiale européenne une nouvelle commande concernant les modules de service européen 4,5 et 6. En outre, Airbus UK attend une commande d'environ 300 millions d'euros pour le rover martien Sample Fetch Rover, qui sera utilisé pour recueillir des échantillons de la surface de Mars dans le cadre de la mission Mars Sample Return (MRS). Et l'ESA devra finaliser avec l'italien Leonardo le contrat du bras robotique du rover martien.

Par ailleurs, des compléments du programme ExoMars font également partie de l'enveloppe des 1,6/1,7 milliard. Enfin, à plus long terme, l'ESA devra décider qui d'Airbus ou de TAS aura la maîtrise d'oeuvre de l'alunisseur logistique lourd européen.

Michel Cabirol

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Commentaires 4
à écrit le 15/10/2020 à 10:40
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Oui à la reconquête de la Lune par l'Europe et les USA, oui a un partenariat commun pour faire des missions lunaires d'ici 2022 et la conquête de Mars d'ici 2024 soit 55 ans après juillet 1969 et les missions Apollo sur la Lune. Oui l'Europe doit aff...

le 15/10/2020 à 20:13
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Oui oui !

à écrit le 15/10/2020 à 10:14
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... a défaut de reconquérir la démocratie et la sécurité au sens large.

à écrit le 15/10/2020 à 9:07
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Si on veut continuer de suivre on ne peut que collaborer avec de véritables puissances politiques, nous autre pays européens en perpétuel déclin.

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