Daher, un rebond en fanfare avec l'acquisition d'un site d'aérostructures aux Etats-Unis

Après une année de reprise en 2021, 2022 part sur les chapeaux de roues pour Daher, qui va reprendre un site d'aérostructures de Triumph Group (200 millions d'euros de chiffre d'affaires).
Michel Cabirol
Après une année 2021 qui signe le rebond de Daher, le directeur général Didier Kayat retrouve le sourire.
Après une année 2021 qui signe le rebond de Daher, le directeur général Didier Kayat retrouve le sourire. (Crédits : Stephane Mahe)

Daher a finalement eu raison d'anticiper dès juin 2020 la mise en œuvre de mesures drastiques pour sauvegarder le groupe centenaire fondé en 1863. "Pendant la crise, nous avons constaté une surcapacité industrielle de 45%", avait alors expliqué en juin 2020 le directeur général de Daher Didier Kayat dans une interview accordée à La Tribune. Des mesures inédites et des efforts considérables (643 suppressions d'emplois au final, dont environ 130 départs contraints) qui ont permis dès 2021 à Daher de mettre la crise dans le rétroviseur.

A l'occasion de la présentation du bilan de Daher en 2021, le directeur général de Daher Didier Kayat a annoncé mercredi que le groupe était revenu dans le vert l'année dernière - "nous ne perdons plus d'argent". Il a également dévoilé une belle opération en cours aux Etats-Unis avec le rachat à Triumph Group du site d'assemblage d'aérostructures métalliques en Floride (200 millions d'euros de chiffre d'affaires).

Pour Daher, la crise est dans le rétro

La crise est bel et bien dans le rétroviseur de Daher. Plusieurs signes illustrent le nouvel élan du groupe aéronautique (7e constructeur d'avions mondial, équipementier et logisticien), qui réalise 80% de son chiffre d'affaires dans cette industrie. "Nous sommes revenus à l'équilibre opérationnel en 2021. Nous avons gagné un an par rapport à nos prévisions", a ainsi confié Didier Kayat. Un retour plus rapide que prévu à la normale qui s'appuie sur le plan de sauvegarde du groupe : un volet de réduction des coûts, des frais financiers et des dépenses sévère, une croissance organique des activités services (50% du chiffre d'affaires de Daher) et enfin l'optimisation des financements.

Résultat, le chiffre d'affaires de Daher, qui ne publie pas ses comptes, s'est maintenu à 1,1 milliard d'euros comme en 2020 en raison de quelques cessions (site de Saint-Julien-de-Chédon et des activités nucléaires en Allemagne et aux Etats-Unis). "Nous sommes confiants" pour l'avenir, a-t-il assuré. "Le marché aéronautique reprend, très vite sur les moyen-courriers et va reprendre sur les long-courriers à partir de 2024-2025 probablement", a-t-il espéré. Le carnet de commandes de Daher représente deux années et demi d'activité. La bonne santé financière a déjà permis dès juin 2021 au groupe de rembourser partiellement le PGE (Prêt garanti par l'État) à hauteur de 60 millions sur un montant de 170 millions souscrit en juin 2020. Le groupe souhaite recruter 1.000 personnes, dont 800 en France. Soit un solde net estimé à 500 personnes par la direction.

Par ailleurs, les livraisons d'avions monomoteurs TBM et Kodiak se sont envolés l'année dernière : 68 appareils, contre 53 en 2020. Soit une hausse de plus de 28%. Daher prévoit en 2022 "une belle année" avec des livraisons s'élevant à 85 appareils (+ 25%). Fin décembre, "nous avions zéro avion en stock chez nous et chez nos distributeurs", a souligné le directeur général, qui a d'ailleurs estimé que si Daher avait pu produire 10 appareils supplémentaires, ils auraient été vendus. Enfin, le groupe compte sur le rebond du nucléaire en France avec les annonces d'Emmanuel Macron en novembre dernier.

Daher prêt à dégainer pour des acquisitions

Ce n'est un mystère pour personne que Daher souhaite être "du bon côté de la barrière" dans le mouvement de consolidation à venir dans l'industrie aéronautique. Ce qui ne sera pas le cas dans le nucléaire, a précisé Didier Kayat : "Nous n'avons pas de projet de croissance dans le nucléaire, ce n'est pas l'objectif", a-t-il très clairement indiqué. Mais pour le directeur général de Daher, "c'est maintenant qu'il faut prendre des risques" dans l'aéronautique pour profiter du rebond post-crise. Daher sait faire, il a déjà fait après la crise financière et bancaire de 2008 où son chiffre d'affaires avait doublé les années suivantes pour atteindre pour la première fois de son histoire 1 milliard d'euros en 2015. "La crise est un accélérateur", a-t-il confirmé. Daher est donc à la recherche "d'opportunités". Latécoère ? "Joker", a rétorqué Didier Kayat. Pour l'anecdote, il a refusé d'organiser cette conférence de presse au salon Latécoère à la Maison des centraliens.

En attendant un mouvement potentiel sur Latécoère, Daher a fondu sur un site de Triumph Group en Floride. C'est pile poil dans sa stratégie de rééquilibrage de ses activités vers l'Amérique du Nord. Avec le futur rachat du site de Stuart (400 personnes), dont la finalisation de la transaction (closing) est attendue cet été, le groupe marseillais réalisera 40% de son chiffre d'affaires en Amérique du nord en 2023. Cette opération coche plusieurs autres cases pour Daher : diversification de son portefeuille clients (montée en puissance chez Boeing et Gulfstream), atteindre la taille critique dans le domaine des aérostructures afin d'être un équipementier incontournable sur les prochains programmes aéronautiques et compléter son offre avec de grands ensembles et sous-ensembles structuraux métalliques.

D'une façon générale, Daher doit maintenant gérer sa montée en puissance pour accompagner la hausse de la production des monocouloirs d'Airbus, qui lui fournit plus d'un quart de son chiffre d'affaires. Un problème de riche certes mais dans un contexte de pénurie de main d'oeuvre, de tensions dans les approvisionnements (notamment dans les produits chimiques) et dans la chaine de fournisseurs (supply chain). Bref, la direction de Daher reste sur le pont pour accompagner la reprise du secteur aéronautique et continuer à muscler le groupe centenaire.

Michel Cabirol

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