Comment Volvo (RTD) et Fincantieri (STX) jouent la montre

Pour Volvo, qui vend sa filiale Renault Trucks Defense (RTD) et Fincantieri, qui veut racheter STX, il est urgent d'attendre avant de lancer ces opérations. Car l'actuel gouvernement, bientôt sur le départ, contrarie leur plan.
Michel Cabirol
Plus le temps s'écoule pour le groupe suédois Volvo et le chantier naval italien Fincantieri, plus le départ du gouvernement Cazeneuve, très actif sur les deux dossiers Renault Trucks Defense (RTD) et STX, se rapproche.

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... Plus le temps s'écoule pour le groupe suédois Volvo et le chantier naval italien Fincantieri, plus le départ du gouvernement Cazeneuve, très actif sur les deux dossiers Renault Trucks Defense (RTD) et STX, se rapproche. Très clairement, les deux groupes européens jouent la montre et préfèrent attendre les futures prises de position du prochain gouvernement, expliquent des sources concordantes à La Tribune. Même si cette stratégie génère également pas mal d'incertitudes au vu d'une campagne électorale pour le moins surprenante jusqu'à aujourd'hui.

En tout cas, Volvo souhaite vendre Renault Trucks Defense (RTD) au plus offrant alors que le ministère de la Défense français privilégie très fortement une opération de rachat de RTD par la société franco-allemande Krauss-Maffei Nexter Defense Systems (KNDS). Ce qui n'est pas du tout du goût du groupe suédois, qui doit rendre des comptes à ses actionnaires. De son côté Fincantieri veut s'offrir STX, et surtout rester majoritaire au sein des chantiers de Saint-Nazaire. Ce dont ne veut pas l'Etat français, y compris au plus haut niveau :  pas question que Fincantieri reste majoritaire à la tête de ce fleuron de l'industrie française.

Volvo fait durer les procédures

Volvo gagne du temps en faisant durer les procédures de la vente. Ainsi, selon des sources concordantes, il n'a pas encore fait parvenir les documents à KNDS permettant d'examiner les livres de compte de RTD et de lancer les due diligences, c'est-à-dire les vérifications d'usage qu'un éventuel acquéreur réalise avant une transaction afin de se faire une idée précise de la situation d'une entreprise. Ce qui raccourcit les délais pour KNDS qui doit ensuite préparer une offre. Même si le équipes du groupe franco-allemand se tiennent fin prêtes. Tout comme celles du groupe belge CMI.

Selon nos informations, Volvo devrait lancer sous le contrôle d'Ernst & Young les due diligences début avril, en tout cas pas avant la fin du mois de mars. Il viserait une première offre non engageante des candidats le 15 mai. Puis, le groupe suédois attendrait une offre engageante fin juin, début juillet. Bien après le départ de l'acutel gouvernement. Mais ce calendrier pourrait encore glisser jusqu'au début de l'automne 2017. Pour mieux valoriser RTD, la banque conseil de Volvo, la banque Rothschild, tente également de convaincre des fonds encore hésitants, notamment Ardian, Advent et KKR, de s'intéresser au dossier RTD. Mais le gouvernement français ne veut pas en entendre parler.

Volvo a annoncé en novembre qu'il mettait en vente son activité "governmental sales", qui représente environ 1,5% des ventes totales du groupe et est principalement constituée de RTD. Ce groupe d'armement terrestre, qui emploie environ 1.300 personnes en France, possède les marques RTD, Acmat et Panhard. Il participe au programme Scorpion, qui est stratégique pour l'armée de Terre. C'est pour cela que la France s'oppose à la vente de RTD à un fonds financier ou à un groupe allemand, comme Rheinmetall.

Début décembre, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait expliqué qu'il serait "extrêmement vigilant pour que le processus de décision qui va se dérouler prenne bien en considération l'avenir de RTD". Et de rajouter qu'il y avait "une volonté du gouvernement et de moi-même de faire en sorte que cet outil stratégique demeure sous maîtrise car c'est un élément majeur de notre souveraineté".

Fincantieri a tout intérêt à jouer la montre

Pour le chantier naval italien, qui a soumis une offre de reprise à hauteur de 66% de STX France à l'actionnaire sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding, tout l'art va être de "balader" l'Etat français entre promesses et concrétisation. Cela commence d'ailleurs. Fincantieri se rapproche d'un accord qui le verrait prendre une participation inférieure à 50% dans STX France, conformément à la volonté du gouvernement français, a déclaré mardi à Reuters une source italienne proche du dossier. Pour autant, il n'y a pas de changement dans la stratégie du groupe italien, assure-t-on à La Tribune.

"Ce qui est pour nous indispensable est la possibilité d'investir sans préjugés sur notre nationalité", a affirmé mercredi le ministre du Développement économique, Carlo Calenda. "Dans ce cas spécifique, justement parce que la majorité appartient à une société coréenne, il serait un peu extravagant que l'Italie ne puisse avoir la majorité de l'actionnariat pour lui permettre une gestion intégrée", a-t-il expliqué. Par ailleurs, un haut responsable du ministère de l'Economie, Fabrizio Pagani, avait estimé que "l'attitude du gouvernement français qui tente de convaincre Fincantieri de prendre moins de 50% des actions est inacceptable parce qu'il doit y avoir en Europe la confiance réciproque et parce que les raisons invoquées ne semblent pas convaincantes".

Le gouvernement français refuse que Fincantieri prenne seul une participation majoritaire dans STX France même s'il se dit prêt à laisser le constructeur italien et l'un de ses compatriotes détenir ensemble plus de 50%. L'Etat français possède la minorité de blocage (33%) dans STX France et compte faire entrer DCNS dans le capital à hauteur de 10%. Il se dit même prêt à bloquer le projet de rachat de STX France par le groupe italien si ce dernier continue d'exiger de reprendre à lui seul la majorité du capital, avait annoncé mi-février le secrétaire d'Etat français à l'Industrie, Christophe Sirugue.

"Nous ne souhaitons pas que Fincantieri soit à lui tout seul majoritaire dans la gouvernance des chantiers navals de Saint-Nazaire. C'est une position qui n'a pas changé. C'est une position du gouvernement français qui a été exprimée par le président de la République au président du Conseil italien, qui a été exprimée par moi-même auprès de mes interlocuteurs, ministres, ou de monsieur Bono", avait déclaré mi-février Christophe Sirugue.

Michel Cabirol

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 11/03/2017 à 9:29
Signaler
La montre est peut-être la pire des solutions car le nouveau président peu importe sa couleur sera sous les yeux des citoyens et toute action qui pourrait être considérée comme néfaste pour la France sera immédiatement fortement contestée. Autre poin...

à écrit le 10/03/2017 à 19:35
Signaler
comment peut on faire l europe avec de pareils méthodes ; une entreprise Coréenne est majoritaire chez STX FRANCE et on veut enpécher une entreprise ITALIENNE de prendre la majoritée , decidément ce gouvenement marche sur la téte

le 11/03/2017 à 8:50
Signaler
Relisez votre "Cabirol". C'est très bien expliqué.

à écrit le 10/03/2017 à 11:42
Signaler
On peut s'étonner que ceux qui sont restés muets lorsque le contrôle du Chantier Nazairien a été pris par un groupe coréen dont on pouvait redouter les intentions prédatrices ,,soient si attachés à empécher Fincantieri ,entreprise européenne ,d'y p...

à écrit le 10/03/2017 à 10:34
Signaler
Foreign companies want to divide in pieces and buy french industry.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.