Le petit lanceur italien Vega joue gros pour son retour en vol

Le petit lanceur italien revient sur le pas de tir avec des modifications réalisées sur le dôme avant du moteur Zefiro 23. Un problème de design et de fabrication a été à l'origine de l'échec du vol VV15.
Michel Cabirol
Retour en vol dans la nuit de jeudi à vendredi pour le lanceur italien Vega après son échec en juillet 2019 (vol VV15)
Retour en vol dans la nuit de jeudi à vendredi pour le lanceur italien Vega après son échec en juillet 2019 (vol VV15) (Crédits : Arianespace)

Article modifié le 18 juin à 9h36

Retour en vol dans la nuit de samedi à dimanche pour le lanceur italien Vega, près d'un an après avoir été cloué au sol par son premier échec. Initialement prévu dans la nuit de jeudi à vendredi, Arianespace a décidé mercredi soir de ne pas engager la phase finale des opérations de préparation du lancement, les conditions de vent en altitude au-dessus du Centre Spatial Guyanais étant défavorables. Un retour en vol n'est jamais très simple. Le juge de paix sera bien évidemment la réussite du lancement et, au-delà la qualité des paramètres du vol, qui répondront définitivement à toutes les questions auxquelles les ingénieurs du lanceur ont imaginé avant le tir. D'autant que la Commission d'enquête indépendante avait identifié une défaillance thermo-structurale dans le dôme avant du moteur Zefiro 23 (Z23) comme étant "la cause la plus probable de l'anomalie" du vol VV15 de Vega. Le suspense reste donc entier pour ce retour en vol, qui était initialement prévu au premier trimestre, même si les ingénieurs restent confiants.

Publié en septembre, le communiqué d'Arianespace sur "la cause la plus probable" de l'échec du vol VV15, n'expliquait pas en revanche pourquoi il y a eu cette défaillance thermo-structurale. Selon des sources concordantes, la défaillance dans le dôme avant du moteur de Vega est due à une combinaison de trois facteurs : le design de cette pièce, dont l'épaisseur a été, semble-t-il, trop optimisée, sa fabrication et, in fine, son contrôle. Le vol VV15 sera le troisième de l'année au Centre Spatial Guyanais (CSG), paralysé pendant deux mois par la crise du Covid-19. Arianespace a procédé à deux autres lancements avec le lanceur russe Soyuz depuis Baïkonour pour mettre en orbite 68 satellites OneWeb.

53 satellites en orbite

Pour la mission VV16, le lanceur léger de la gamme Arianespace va mettre en orbite 53 satellites pour le compte de 21 clients, à l'occasion du vol de validation du nouveau service de lancement de petits satellites (SSMS). Ce qui permettra à Arianespace de compléter sa gamme de services afin de répondre aux besoins institutionnels et commerciaux du marché des nano et microsatellites. "Ce nouveau service de lancement partagé avec Vega fait désormais partie intégrante de l'offre commerciale" de la société européenne de services de lancement, a expliqué Arianespace dans son communiqué. La masse au décollage sera de 756 kg pour les satellites qui seront placés sur deux orbites héliosynchrones.

L'Union européenne a contribué au financement de ce vol de démonstration, qui sera réalisée au profit d'applications telles que l'observation de la Terre, les télécoms, la recherche scientifique, le développement technologique ou l'éducation. Le projet SSMS a été développé avec le support de l'Agence spatiale européenne (ESA) et du constructeur italien Avio. Il permet de lancer en même temps plusieurs petits satellites dont la masse varie entre 1 kg et 500 kg afin de répartir les coûts du lancement entre les clients. Sous la maîtrise de l'ESA, la structure SSMS a été développée par Avio et le dispenseur a été fabriqué par l'entreprise tchèque, SAB Aerospace. Pour la première fois, une intégration de satellites a été réalisée en Europe (République tchèque).

A l'occasion de ce lancement, Vega transportera sept microsatellites (de 15 kg à 150 kg) dans la partie supérieure et 46 CubeSats plus petits dans l'Hexamodule de la partie inférieure. Les sept microsatellites sont : un satellite de télécoms expérimental pour Spaceflight Inc. (construit par Maxar) ; GHGSat-C1 au service de la qualité de l'air, pour GHGSAT Inc. (SFL) ; NEMO-HD, premier satellite slovène, pour SPACE-SI, (SFL et SPACE-SI) ; UPMSat-2 au service de l'éducation, pour UPM (IRD/UPM) ; ESAIL, pour le programme SAT-AIS de l'ESA, pour ExactEarth (LuxSpace) ; ION SCV LUCAS capable de transporter un lot de CubeSats et de les déployer individuellement sur des créneaux orbitaux précis, pour Planet Labs Inc. (D-Orbit SpA) ; NewSat, satellite commercial comprenant un imageur à haute résolution dans le spectre visible et le proche infrarouge, pour Satellogic.

Michel Cabirol

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