
Grèce, Suisse, Croatie, Finlande, Inde, Indonésie, Égypte et Émirats Arabes Unis... Sur ces huit pays intéressés par le Rafale développé et conçu par Dassault Aviation et susceptibles de l'acquérir, comme l'avait écrit en début d'année La Tribune, deux pays ont déjà acheté (Grèce) ou racheté (Égypte) l'avion de combat tricolore en 2021. C'est au tour de la Croatie de décider si son armée de l'air va s'offrir 12 Rafale F3R d'occasion proposés par la Direction générale de l'armement (DGA), du F-16 Block 70/72 Viper neuf, ou, enfin, du Gripen C/D (Saab) neuf, en vue de remplacer ses vieux MiG-21 subclaquants. La décision de cette compétition lancée à l'été 2019 est désormais proche, très proche.
"Je suis sûr que nous prendrons une décision dans la première moitié de l'année, et c'est le mois prochain", avait déclaré Mario Banožić fin avril à RTL Danas
Le ministre de la Défense croate Mario Banožić l'a d'ailleurs répété à de nombreuses reprises ces dernières semaines, la Croatie va annoncer le vainqueur de la compétition fin mai : très probablement le 28 mai, lors de la journée des Forces armées de la République de Croatie (CAF) et de l'armée croate (HKoV), ou le 30 mai, lors de la journée de l'État en Croatie, qui commémore la constitution du premier Parlement multipartite démocratiquement élu. Initialement, la décision devait être prise en début d'année mais le tremblement de terre, qui a durement frappé la Croatie le 29 décembre dernier, a légitimement bouleversé le calendrier du ministère de la Défense croate. La crise sanitaire liée au Covid-19 a également ralenti le processus de décision en raison des difficultés de se rencontrer, a expliqué Mario Banožić.
Une finale entre le Rafale et le F-16
Selon la presse croate, Zagreb hésite entre les Rafale livrés en 2024 et 2025 et le F-16 de Lockheed Martin, dont les premier exemplaires seraient remis à l'armée de l'air croate à partir de 2025. Soit une hésitation entre l'Europe et les Etats-Unis, ou encore entre un ancrage plus solide dans l'Union européenne, notamment dans l'Europe de la défense et son fonds de défense, et un ancrage au sein de l'OTAN. C'est le Premier ministre croate, Andrej Plenković, qui prendra une décision politique. Une fois le choix de l'avion annoncé, la Croatie négociera avec le gagnant en vue de signer un contrat d'ici à la fin de l'année.
La France a déposé le 10 novembre 2020 une offre de Rafale compatibles à la fois pour les missions de l'OTAN et de l'UE pour le renouvellement de la flotte croate d'avions de combat. "Un projet qui serait structurant pour la coopération entre nos deux pays, et pour une Europe de la défense plus forte", avait alors expliqué sur Twitter la ministre des Armées Florence Parly lors de sa visite en novembre en Croatie. Et l'offre commerciale française est compétitive. La proposition de Paris s'élèverait, selon la presse croate, à moins de 1 milliard d'euros (930 millions d'euros) tandis que celles des Américains serait évaluée entre 1,6 et 1,8 milliard d'euros. Mais depuis ils auraient considérablement fait baisser leur offre.
Des Américains encore en compétition bien qu'ils aient pourtant fait dérailler en 2019 un premier appel d'offres en refusant d'accorder des licences de réexportation à Israël, qui avait été sélectionné pour fournir des F-16 vendus d'occasion à Zagreb. Si la Croatie optait pour le Viper, elle rejoindrait une flotte d'environ 700 F-16 opérant à travers l'Europe.
Le Rafale en embuscade
A Paris, on continue de croire aux chances du Rafale. "Nous continuons à penser que nous avons vraiment de très bonnes chances", explique une source proche du dossier. Florence Parly s'est d'ailleurs rendue l'année dernière deux fois en Croatie, ce qui était la première visite d'un ministre de la Défense français depuis l'indépendance du pays. la ministre des Armées a effectué deux déplacements à Zagreb en moins d'un an : en mars, dans le cadre de la réunion informelle des ministres de la défense de l'UE, puis en novembre, pour travailler au renforcement du partenariat stratégique entre les deux pays. Lors de son retour à Zagreb, elle avait pu rencontrer le Premier ministre et le ministre de la Défense croates. Plus récemment, le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s'est également rendu en Croatie pour manifester la solidarité et l'amitié de la France envers la Croatie après le séisme qui a causé fin décembre la mort de sept personnes et de nombreux dégâts matériels.
Dans des déclarations aux médias, Mario Banožić avait rappelé en novembre lors de la visite de Florence Parly que la Croatie considérait la France comme un allié très important avec lequel elle entretenait des relations basées sur la confiance depuis des années. "Nous avons intensifié nos relations pendant la présidence croate du Conseil de l'Union européenne", avait alors assuré le ministre de la Défense croate. Florence Parly avait exprimé le souhait de "renforcer pleinement notre partenariat stratégique" avec la Croatie, y compris la coopération dans le cadre du programme du fonds européen de défense (FED). Ce qui intéresse la Croatie. "La France peut certainement aider avec son expérience les entreprises croates qui tentent de rejoindre le programme européen pour le développement de l'industrie de la défense", a estimé Mario Banožić.
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