SCAF : et si Dassault Aviation et Airbus trouvaient un accord à la surprise générale

Dassault Aviation et Airbus devraient prochainement pouvoir annoncer le lancement de la phase 1B (études détaillées en vue d'aboutir à la définition d'un démonstrateur).
Michel Cabirol
Si un accord était finalement trouvé entre Airbus et Dassault Aviation, tout peut être remis en question par le Bundestag, les syndicats allemands ou encore la future loi allemande sur le contrôle des exportations, qui serait a priori restrictif.
Si un accord était finalement trouvé entre Airbus et Dassault Aviation, tout peut être remis en question par le Bundestag, les syndicats allemands ou encore la future loi allemande sur le contrôle des exportations, qui serait a priori restrictif. (Crédits : Dassault Aviation / Eridia Studio / V. Almansa)

C'est une nouvelle surprenante dans le contexte franco-allemand actuel déprimé. Airbus et Dassault Aviation ne seraient pas loin de trouver un accord sur le pilier 1, le NGF (Next Generation Fighter) dans le cadre du programme SCAF (Allemagne, Espagne, France), selon nos informations. "Il reste encore un peu de travail mais les discussions avancent. Elles peuvent se terminer cette semaine comme dans plusieurs semaines", explique-t-on à La Tribune. Il existait même récemment une volonté d'officialiser de la part d'Airbus un accord (et non pas une signature) en début de semaine.

Jusqu'ici sous la pression de leur pays respectif pour parvenir à un accord, les deux industriels ne sont plus aujourd'hui aussi pressés par le temps en raison du report du conseil des ministres franco-allemands, qui devait se tenir mercredi à Fontainebleau, en raison des divergences sur de nombreux dossiers, notamment dans le domaine de l'énergie. Le chancelier allemand Olaf Scholz sera mercredi à Paris pour tenter d'aplanir les divergences entre les deux pays.

Phases 1B

Dans le cadre des négociations sur le SCAF, Dassault Aviation veut exercer librement la maîtrise d'oeuvre du pilier 1 sans interférence avec Airbus, comme il l'a toujours clamé haut et fort, et revendique désormais plus de présence dans les piliers 3 (remote carrier) et 4 (cloud de combat), soit le NGWS (New generation weapon system) pour avoir une cohérence d'ensemble nécessaire pour le NGF et ses missions (NGF + Remote carriers, au sein d'un cloud de combat). Sauf accident dans les négociations, Dassault Aviation et Airbus devraient prochainement pouvoir annoncer le lancement de la phase 1B (études détaillées en vue d'aboutir à la définition d'un démonstrateur), puis à son issue viendrait naturellement la phase 2 (démonstration).

Tout est réglé depuis mars dernier sur la phase 1B, y compris sur les commandes de vol sur lesquelles les deux industriels se sont longtemps déchirés. Dassault Aviation veille à ce que le contrat reflète bien l'accord trouvé en début d'année. Les commandes de vol seront fournies sur étagère par l'avionneur tricolore pour équiper le démonstrateur. Mais Airbus et Dassault Aviation se sont surtout bagarrés au printemps et à l'été sur l'après démonstrateur, quand les enjeux pour les deux industriels seront alors majeurs. Airbus Allemagne, qui souhaite avoir plus de présence sur les commandes de vol du NGF pour soutenir ses bureaux d'études de Manching, voulait obtenir des engagements fermes de Dassault Aviation sur l'après démonstrateur. L'avionneur n'aurait pas cédé. "Personne ne peut leur tordre le bras", rappelle-t-on à La Tribune. Clairement, à prendre ou à laisser...

Plan B à l'étude

Toutefois, Dassault Aviation reste prudent en dépit d'un prochain accord trouvé avec Airbus. Pourquoi ? Par expérience, il sait bien qu'il ne peut pas tout maîtriser en Allemagne et que tout peut être remis en question par le Bundestag, les syndicats allemands ou encore la future loi allemande sur le contrôle des exportations, qui serait a priori restrictif. Auquel cas l'avionneur pourrait alors jeter l'éponge et actionner son fameux plan B.

Un plan B qui serait également à l'esprit du ministre des Armées Sébastien Lecornu, sensibilisé aux enjeux stratégiques de ce programme. D'autant plus que le SCAF est un des éléments centraux de la prochaine loi de programmation militaire (LPM), qui doit être bouclée à la fin de l'année, ou tout début 2023. Le ministre aurait demandé à la Direction générale des armées (DGA) ainsi qu'à l'armée de l'air et à la Marine nationale de travailler dessus. La question qui se posera alors : qui a le plus à perdre ? Dassault Aviation ou Airbus ? L'Allemagne ou la France ?

Michel Cabirol

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Commentaires 10
à écrit le 31/10/2022 à 15:45
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Dans le conditions actuelles, la poursuite du SCAF est une ineptie contraire aux intérêts français. le calendrier du programme est désormais surréaliste : premières livraisons attendues en 2045, alors que c'est dès 2030 que nous allons avoir besoin d...

à écrit le 28/10/2022 à 12:14
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Je crois que la nouvelle disponibilité des Allemands envers le SCAF dépend du fait que les Britanniques, les Italiens, les Suédois et, à l'avenir, les Japonais, ne veulent PAS d'eux dans le programme Tempest. Ils sont trop dangereux et tous les part...

à écrit le 28/10/2022 à 6:48
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Bien , la france n'a pas les moyen. De développer seul un nouvelle avion de chasse... Donc nous devons trouvé un pays pour participé au financement, au développement, et a l'exportation... Bien sur nous pouvons acheté américain et perdre tout so...

à écrit le 24/10/2022 à 9:38
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Quand on voit Hensold s'allier avec l'israélien sur le combat électronique, un Président intelligent et pas naïf ne comprend pas que SA SOUVERAINETÉ EUROPÉENNE=INDUSTRIE ALLEMANDE pour SCHOLZ c'est à désespérer

à écrit le 23/10/2022 à 18:26
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La solution à deux avions n’est pas une mauvaise idée. Elle permettra de préserver la partie électronique pour chaque partie, sans transferts de technologies sur tout ce qui est sensible tout en mutualisant sur le non sensible. Après en terme de coût...

à écrit le 23/10/2022 à 18:25
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La solution à deux avions n’est pas une mauvaise idée. Elle permettra de préserver la partie électronique pour chaque partie, sans transferts de technologies sur tout ce qui est sensible tout en mutualisant sur le non sensible. Après en terme de coût...

à écrit le 23/10/2022 à 11:53
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Mais évidemment que les Allemands remettront en cause dans le futur l'accord quel qu'il soit, et en demanderont encore plus sous peine d'arrêter de financer. Ils font toujours ainsi, c'est leur stratégie de négociation. Il n'y a que les dirigeants po...

à écrit le 23/10/2022 à 10:57
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Espérons que non. En l'état, le SCAF qui a marginalisé Thalès, est trop favorable à l'Allemagne.

le 23/10/2022 à 18:38
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Je pense que le Scaf n’est qu’une des briques de notre future défense. Il n’y a aucune raison que la France se laisse faire par qui que ce soit. Thales aura d’autres marchés de l’état, que les allemands soient d’accord ou pas. Du moins, je le désire ...

à écrit le 23/10/2022 à 10:27
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il ne faut pas inventer de nouveux moyen de detourner le pillage de la technologie francaise pour les allemands car ces cela la nouvelle idees de m macron pour vendre dassaut lui qui voulu vendre de l'eau douce a l'arabie il ne recule devant rien...

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