Sous-marins en Australie : Naval Group signe un accord important avec Canberra

Naval Group torpille une nouvelle fois les opposants au programme de sous-marins français en Australie. Naval Group s'engage à dépenser au moins 60% du montant du contrat portant sur la fabrication de douze sous-marins d'attaque dans l'économie australienne pour stimuler l'industrie et l'emploi.
Michel Cabirol
Le programme australien porte sur le développement et la conception par Naval Group et Lockheed Martin (systèmes d'armes) de douze sous-marins, dont le premier doit entrer en service en 2034 et le dernier au début de la décennie 2050.
Le programme australien porte sur le développement et la conception par Naval Group et Lockheed Martin (systèmes d'armes) de douze sous-marins, dont le premier doit entrer en service en 2034 et le dernier au début de la décennie 2050. (Crédits : DCNS)

Depuis la visite du PDG de Naval Group Pierre Eric Pommellet en février en Australie, la tension avait baissé de plusieurs crans dans la presse australienne ainsi qu'au sein de la classe politique, notamment dans l'opposition, sur le programme de construction de douze sous-marins destinés à la marine australienne et réalisés en partie par Naval Group. A l'issue du périple australien de Pierre Eric Pommellet, il était alors question d'un accord en voie d'être signé. C'est désormais fait. Dans un communiqué publié mardi de Canberra, Naval Group s'engage à dépenser au moins 60% du montant du contrat dans l'économie australienne pour stimuler l'industrie et l'emploi. Canberra et Naval Group ont intégré et engagement très important pour le gouvernement australien dans l'accord de partenariat stratégique du programme (SPA) signé en 2019.

« Naval Group est pleinement engagé pour soutenir le développement d'une capacité sous-marine souveraine en Australie. J'ai été très impressionné par la forte capacité du tissu industriel australien et son enthousiasme à l'égard du projet de sous-marins de classe Attack », a expliqué le PDG de Naval Group, cité dans le communiqué.

120 entreprises australiennes prêtes à travailler

Naval Group a déjà créé près de 300 emplois directs en Australie et sa filiale, Naval Group Australia, prévoit de doubler ses effectifs avec pour objectifs la construction de la section de qualification de coque en 2023 et la découpe de la première coque épaisse en 2024 sur chantier naval d'Osborne. Plus de 120 entreprises australiennes ont déjà fait part à Naval Group de leur intérêt à devenir des partenaires de premier rang du programme, en réponse à la publication de la première série d'appels d'offres industriels représentant près de 900 millions de dollars australiens (580 millions d'euros).

« La part de contenu local augmentera au fur et à mesure de la réalisation des douze sous-marins de classe Attack, car nous continuons à travailler avec les entreprises locales pour stimuler la capacité souveraine de l'Australie », a expliqué le PDG de Naval Group Australia, John Davis

Le programme porte sur le développement et la conception par Naval Group et Lockheed Martin (systèmes d'armes) de douze sous-marins, dont le premier doit entrer en service en 2034 et le dernier au début de la décennie 2050.

Une guerre informationnelle

"Je sais que j'étais là où il fallait être et au moment où il fallait y être", a expliqué Pierre Eric Pommellet dans une interview accordée à La Tribune. Son voyage était d'ailleurs devenu indispensable tant la campagne dans la presse orchestrée par les opposants au projet de sous-marins développés et conçus par Naval Group et Lockheed Martin a pu semer le trouble en Australie. Depuis 2016, le groupe français est d'ailleurs sous le feu d'une guerre informationnelle en Australie. "Il ne faut pas se leurrer, explique-t-on à La Tribune, Naval Group a des ennemis sur place et tous ceux qui étaient contre le groupe lors de la décision en avril 2016, sont toujours contre le groupe français. Et ce qui se passe en Australie ne reste pas qu'en Australie. Les concurrents de Naval Group ne sont pas totalement absents en soufflant sur les braises et en alimentant ces débats".

Derrière cette nouvelle campagne violente contre Naval Group depuis la fin de l'année 2020, il y a à nouveau et en grande partie Rex Patrick. Le sénateur indépendant de l'Australie du sud est déjà l'origine des fuites sur des données soi-disant confidentielles sur les Scorpène indiens, l'affaire du "Scorpene Leak", qui avait déstabilisé à l'été 2016 le gouvernement australien, quelques mois après le choix en faveur de Naval Group. Depuis la sélection de Naval Group en Australie, Rex Patrick "alimente la presse et est celui qui crée toutes ces interrogations et tous ces débats au Sénat", expliquait-on il y a un an à La Tribune. Pourquoi ? "Il a été proche des intérêts allemands" en Australie, explique-t-on à La Tribune. Entre 1995 et 2008, il a effectivement travaillé pour Sonartech Atlas, une filiale de la société allemande Atlas Elektronik qui a eu comme propriétaire... à partir de 2006 ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS).

Tout est bien qui finit bien

Naval Group a eu deux "torts" dans ce dossier, dont un contre lequel il ne pouvait pas grand chose. L'arrivée de Pierre Eric Pommellet à la tête du groupe naval a coïncidé avec la crise sanitaire inédite liée au Covid-19, qui a stoppé quasiment tous les voyages à l'étranger, et en particulier en Australie. Le PDG de Naval Group avait pourtant prévu d'y aller très rapidement après son arrivée. En vain. Par ailleurs, Naval Group a mis beaucoup d'énergie à clore la phase d'avant-projet détaillé du programme en début d'année mais a en revanche sous-estimé quelque peu l'importance de l'"autralianisation" du programme pour les Australiens.

Résultat, la presse a relayé l'insatisfaction du Premier ministre, qui attendait la signature d'un tel accord avant la fin de 2020. Mais tout est bien qui finit bien, grâce au pacificateur, Pierre Eric Pommellet, qui a même réussi à s'afficher devant la presse australienne avec le ministre des Finances australien, Simon Birmigham, lors de la visite du chantier devant fabriquer les 12 sous-marins.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 25/03/2021 à 14:48
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Bien que cela date, les Australiens ont participé avec les Britanniques à notre libération au 20 ième siècle. Tout comme ces derniers, ils restent des partenaires majeurs, en plus ils sont proches de certains de nos territoires d'Outre Mer. Donc nous...

à écrit le 24/03/2021 à 23:16
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Encore et toujours les Allemands ! Tenaces, rapaces, totalement égoïstes. Prêts à tout pour être les plus forts et écraser les autres. Il ne faut plus collaborer avec eux : ils ne veulent pas des partenaires, mais des sous-traitants à leur botte.

le 27/03/2021 à 16:38
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D'accord avec vous mais vous irez expliquer ça à Macron et à nos élites fous d'Europe. Une Europe que les Allemands ne veulent pas et surtout pas d'une Europe de la défense.

à écrit le 24/03/2021 à 22:29
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Naval Group peut se payer le luxe de transfert de technologie massif pour se fidéliser un client capital face à l'appétit féroce de concurrents menaçants qui n'ont d'autre issue que de se lancer ds une course poursuite incertaine où la hte technologi...

à écrit le 24/03/2021 à 19:46
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J'ose espérer que le même traitement s'applique à Lockheed Martin ... pas sûr que Camberra soit aussi exigeant avec l'oncle Sam, malheureusement !

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