Thales Alenia Space : si, si le projet de dirigeable stratosphérique Stratobus respire encore

Le projet Stratobus a été sauvé par la direction générale de l'industrie de la défense et de l'espace de la Commission européenne, qui a sélectionné cet été Thales Alenia Space pour conduire le projet EuroHAPS dans le cadre du Fonds européen de défense.
Michel Cabirol
Le FED apporte une contribution financière de 43 millions d'euros pour le projet EuroHAPS estimé à 63,5 millions.
Le FED apporte une contribution financière de 43 millions d'euros pour le projet EuroHAPS estimé à 63,5 millions. (Crédits : Thales Alenia Space)

Mis sévèrement à la diète financière ces deux dernières années par le PDG de Thales Alenia Space (TAS) Hervé Derrey, le programme Stratobus a rebondi in extremis cet été grâce au Fonds européen de défense (FED). La direction générale de l'industrie de la défense et de l'espace (DG DEFI) de la Commission européenne a confié à TAS en tant que coordinateur d'un consortium de 21 entreprises européennes de 11 nationalités différentes un projet de démonstration technologique portant sur la conception de trois plateformes à haute altitude (EuroHAPS). TAS va apporter des briques technologiques via son projet Stratobus.

Une aide d'environ 80 millions d'euros

Le FED apporte une contribution financière de 43 millions d'euros pour un projet estimé à 63,5 millions. Cette aide sera doublée par un abondement de certains grands pays comme la France (Direction générale de l'armement), l'Allemagne et l'Italie, précise à La Tribune Hervé Derrey. En contrepartie, le consortium devra fournir des démonstrateurs technologiques aéroportés en vue de concevoir des capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR) jamais développées en Europe.

Les principaux partenaires de TAS dans ce projet sont le Centre italien de recherche aérospatiale (CIRA) et le groupe allemand ESG (Elektroniksystem-und Logistik-GmbH), spécialisé dans l'électronique de défense : Stratobus (à une échelle réduite à 60 mètres de long avec deux démonstrateurs), HHAA (Hybrid High Altitud Airship), un dirigeable tactique d'une vingtaine de mètres développé par CIRA et AsBass (ballon contrôlé en 3d) d'ESG. Dans ce cadre, plusieurs charges utiles seront testées lors des phases de démonstrations qui interviendront entre 2024 et 2026 : la charge utile Lidar (télédétection par laser) fournie par l'ONERA, COMINT (Communication Intelligence) par l'Institut national espagnol de technique aérospatiale (INTA), ELINT (Electronic Intelligence) par l'italien Elettronica et, enfin, Satcom et broadband par ESG.

Stratobus, premier vol en 2030 ?

Sommées par Hervé Derrey de trouver des financements publics et de se montrer imaginatives sous peine d'un éventuel arrêt de Stratobus, les équipes du programme ont réussi avec le soutien de la France à convaincre la DG DEFIS de miser sur des dirigeables stratosphériques pour faire de l'observation. Ce qu'elles n'avaient su faire en 2019 dans le cadre du programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense (EDIDP). Les équipes Stratobus de TAS n'avaient plus vraiment le choix : quand Hervé Derrey est nommé en février 2020 à la tête de TAS, il doit gérer la tempête provoquée par le Covid-19 et serrer les boulons. A ce moment-là, Stratobus n'est alors plus une priorité. D'autant que le PDG de TAS a d'autres priorités qui sont beaucoup plus cruciales comme la relance de l'activité Satcom en très grande difficulté à la fin de la décennie précédente.

Mises au défi par Hervé Derrey, les équipes de Stratobus ont su toutefois remettre le dirigeable stratosphérique à l'agenda du groupe. Le PDG de TAS attend encore les conclusions du projet EuroHAPS pour s'approprier le concept et être définitivement convaincu par Stratobus, qui devra démontrer son attractivité auprès des clients. Ce sera le juge de paix pour Hervé Derrey, qui note un réel regain d'intérêt pour ce type de projet comme le montre l'aide financière apportée au projet EuroHAPS par la France, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Pour autant, le PDG de TAS souhaite que Stratobus devienne un projet entrepreneurial ouvert à d'autres investisseurs et non plus un programme développé de façon traditionnelle par la société franco-italienne.

Résultat, le programme va beaucoup dériver dans le temps alors des projets aux Etats-Unis commencent à émerger. Prévu pour être mis en service en 2020, Stratobus, qui est désormais personnellement suivi par Hervé Derrey, ne devrait effectuer son premier vol à échelle 1 (140 mètres de long, 32 mètres de diamètre, de l'ordre de 8 tonnes) qu'en 2030 à Istres, selon TAS. Car le développement du premier dirigeable stratosphérique, capable d'embarquer une charge utile de plus de 250 kg, reprendra qu'une fois les phases de démonstrations d'EuroHAPS réalisées.

Michel Cabirol

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Commentaires 3
à écrit le 22/09/2022 à 7:28
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Un moyen economique de maintenir une surveillance aériennes a moindre couts financière... voila l'intérêt de ce type de projets... Energie solaire, navigation automatiques.. Certe cela est moins puissant d'un avion de patrouilles haute altitude, ...

à écrit le 18/09/2022 à 9:09
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Bonjour, Ce projet a un intérêt tout relatives, ils faut dire que l'ons souhaitent un système automatique de navigation, cela pourra etre utile dans la recherche atmosphériques haute altitude voir dans la surveillance des trafic routier (circulati...

à écrit le 16/09/2022 à 7:10
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Non. mais qu'elle arnaque ce truc.... déjà soutenu à bout de bras par la DGA alors que ça vole à peine et maintenant l'UE.... Sont fort chez Thales pour se faire financer des trucs inutiles....

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