Prix de l'alimentation : le gouvernement propose un cadre pour la reprise des négociations entre la grande distribution et les industriels

Les grands distributeurs et les industriels sont invités à s'engager à la réouverture des contrats, même en l'absence d'obligation juridique, à suspendre les pénalités liées aux problèmes logistiques et à être transparents. Selon le gouvernement, ils sont prêts à accepter.
Giulietta Gamberini
Le gouvernement a aussi révélé travailler à un assouplissement des règles régissant l'étiquetage des produits alimentaires, afin de répondre à un problème suscité par la guerre en Ukraine: les prix très élevés de certains ingrédients obligent les industriels à changer leurs recettes, alors que la filière des étiquettes adhésives connaît des difficultés d'approvisionnement.
Le gouvernement a aussi révélé travailler à un assouplissement des règles régissant l'étiquetage des produits alimentaires, afin de répondre à un problème suscité par la guerre en Ukraine: les prix très élevés de certains ingrédients obligent les industriels à changer leurs recettes, alors que la filière des étiquettes adhésives connaît des difficultés d'approvisionnement. (Crédits : Pixabay / CC)

Une semaine après sa décision de convoquer de nouveau les acteurs de la chaîne alimentaire autour de la table, pour mettre à jour les résultats des négociations commerciales annuelles sur les marques nationales conclues le 1er mars, le gouvernement se dit optimiste. Deux réunions hebdomadaires auxquelles étaient présents les producteurs, les industriels et les grands distributeurs, ainsi que le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, la ministre déléguée chargée de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher et le ministre délégué chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne ont fait émerger une "ambiance constructive", les divers maillons de la chaîne ayant "pris conscience de la gravité de la situation" inflationniste aggravée par la guerre en Ukraine, affirme le gouvernement, qui se dit toutefois vigilant sur les avancées concrètes.

Lire: Avec l'Ukraine, l'accord sur les prix alimentaires est mort-né : les négociations doivent reprendre, dit le gouvernement

10% des fournisseurs des grandes marques réunies dans l'association Ilec ont déjà envoyé des demandes de réouverture des contrats, et "des rendez-vous ont été pris, des rencontres ont eu lieu", affirme le ministère de l'Agriculture. A partir de l'envoi de ces demandes, de nouveaux accords sur les tarifs payés par les grands distributeurs aux industriels devront être signés dans le mois, précise la même source.

Une charte publiée dans une semaine

Afin d'encadrer le mouvement et d'en assurer l'issue positive, le gouvernement propose toutefois à l'ensemble des acteurs concernés l'approbation d'une charte, fondée sur trois principes, a-t-il annoncé. En raison de la situation exceptionnelle, les grands distributeurs s'engageraient tout d'abord à réouvrir des discussions sur les conventions annuelles de vente qui viennent de se terminer y compris en l'absence de clauses de renégociation les y obligeant.

Ils accepteraient également un moratoire sur les pénalités logistiques lorsque les dysfonctionnements dans les livraisons de produits seraient imputables aux difficultés particulières engendrées par les désordres dans les chaînes d'approvisionnement internationales. Les industriels s'engageraient en contrepartie à la plus grande transparence concernant les hausses de leurs coûts de production.

L'initiative ne semble pas rencontrer de véritable opposition, les discussions ne portant pas sur ces principes mais seulement sur leur déclinaison concrète: par exemple, sur l'éventuelle durée et sur les conditions du moratoire sur les pénalités logistiques.

"Nous espérons parvenir à une validation de l'ensemble des acteurs, puis à une publication, dans une semaine", affirme ainsi le gouvernement.

Le gouvernement a aussi révélé travailler à un assouplissement des règles régissant l'étiquetage des produits alimentaires, afin de répondre à un problème suscité par la guerre en Ukraine: les prix très élevés de certains ingrédients obligent les industriels à changer leurs recettes, alors que la filière des étiquettes adhésives connaît des difficultés d'approvisionnement. Les professionnels comme les associations de consommateurs sont en train d'être consultés, affirme l'exécutif.

Une inflation des prix en rayon difficile à éviter

L'équation est complexe, car tout en voulant assurer une juste rémunération aux producteurs -objectif déjà poursuivi par les lois Egalim 1 et 2-, et désormais aussi protéger les industriels de leurs hausses des coûts, le gouvernement espère aussi "éviter une inflation à outrance", avait-il expliqué la semaine dernière. Il mise donc sur une réduction des marges et sur une révision des stratégies des distributeurs.

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"Mais avec des marges de 1,5% en moyenne, la grande distribution à elle seule ne pourra pas résorber l'ensemble des hausses demandées", note un acteur du secteur.

Avant la guerre en Ukraine, les industriels demandaient en effet déjà des augmentations de leurs tarifs de 6 à 8% à cause d'une inflation des prix de l'énergie, des emballages et de nombreux matériaux qui dure depuis des mois. Ils n'avaient finalement obtenu que des hausses de 3%. Et depuis le début de la guerre, la situation s'est aggravée.

L'extrême volatilité des prix, destinée à durer, fait en outre craindre que les accords trouvés aujourd'hui soient de nouveau caduques demain. Elle retient même de nombreux industriels de demander des hausses, ces dernières étant encore difficiles à chiffrer, affirme le même acteur de la grande distribution. Les incertitudes sur l'impact de la spéculation, et sur l'évolution de la situation en Ukraine, accroissent la complexité du contexte. Sans compter le risque que la charte proposée par le gouvernement soit un jour remise en cause par l'autorité de la concurrence au nom de la législation sur les ententes, souligne-t-il encore.

Giulietta Gamberini

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