Le record d'inflation annoncé par Eurostat en février, de 5,8% en un an, concerne aussi les produits de grande consommation vendus dans les grandes surfaces françaises. C'est ce que concluent les dernières études du cabinet d'analyse NielsenIQ, qui se penche régulièrement sur l'évolution des prix de ces produits.
68% des catégories alimentaires sont notamment touchées par l'inflation, selon sa dernière analyse du 1er mars. Sur l'ensemble des produits alimentaires, cette inflation a atteint +0,52% en février 2022 par rapport au même mois de l'année précédente.
"Un fléau qui n'épargne personne"
Certaines catégories d'aliments sont toutefois particulièrement concernées depuis six mois : notamment les pâtes alimentaires, dont les prix ont crû de 11,4% en un an. L'inflation des légumes secs (+3,4%), des huiles (+2,6%), du café torréfié (+2,5%) et du riz (+ 2,4%) se situe aussi bien au dessus de la moyenne.
L'inflation frappe surtout les supermarchés (+0,75% en un an), où elle est deux fois plus importante qu'en hypermarchés (0,34%). Le seul circuit qui ne se révèle par touché est le drive (-0,03%). Toutes les marques sont concernées, sauf les plus grandes marques nationales, qui restent déflationnistes (-20%). Les prix des marques de distributeurs (MDD) augmentent notamment de 1,25%, et ceux des MDD premiers prix de 2,85%.
"L'inflation est un fléau qui n'épargne personne, tant les distributeurs, les marques que les consommateurs", commente Emmanuel Cannes, expert pricing et service à la distribution chez NielsenIQ France, cité dans le communiqué.
"Cette analyse de NielsenIQ démontre cependant qu'elle impacte fortement les produits d'entrée de gamme car les matières premières, qui flambent, en représentent la composante majeure du prix", explique-t-il encore.
L'impact à venir de la guerre en Ukraine
Cette inflation est déjà perçue par les Français, selon NielsenIQ : 54 % des consommateurs ont le sentiment que leurs courses de la semaine leur coûtent plus cher qu'il y a six mois.
Et la guerre engagée par la Russie en Ukraine ne peut qu'aggraver la situation :
"Le conflit Russie/Ukraine risque d'avoir un impact conséquent sur le prix des matières premières (le prix de la tonne de blé flambe déjà 450 euros) et donc, par effet boule de neige, sur le prix de l'alimentaire. Le mois de mars et le résultat des négociations commerciales vont être décisifs", note Xavier Ségalié, directeur général de NielsenIQ France.
Ces négociations annuelles se sont clôturées le 1er mars, et pour la première fois en huit ans, elles ont abouti à une augmentation des tarifs des produits alimentaires payés aux industriels par la grande distribution : de l'ordre de 3% en France en 2022, une première depuis 2014 sous l'effet de l'inflation, a indiqué le gouvernement mercredi. Les répercussions de cette hausse sur les ménages reste toutefois encore inconnu : tout dépendra en effet du choix des distributeurs de remonter ou non les prix des biens finaux que les Français peuvent acheter en rayons.
Dans ce contexte tendu, Emmanuel Cannes met en garde :
"Les marques et les consommateurs vont devoir arbitrer et faire preuve de fortes capacités d'adaptation dans les mois à venir pour tenter de contrecarrer les effets de l'inflation pour les premiers, sur leurs ventes, et pour les seconds sur leur pouvoir d'achat".
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