Le jackpot du stationnement payant à Paris s’envole de 32% en 2022

Selon la mairie de Paris, les recettes du stationnement payant dans la capitale vont augmenter cette année de 82 millions d'euros par rapport à l'année dernière, à 335 millions. Cette croissance de 32% s'explique par des mesures prises il y a quelques années comme la délégation des contrôles effectués par des agents privés en 2018, ou mises en place plus récemment comme le stationnement payant pour les deux-roues à moteur thermique depuis septembre, même si de nombreux motards trouvent des alternatives pour contourner cette mesure... et les contraventions. Explications.
Le niveau de contrôle dans la capitale s'est sensiblement accru avec l'entrée en vigueur de la sous-traitance par les agents assermentés des sociétés Streeteo et Moovia.
Le niveau de contrôle dans la capitale s'est sensiblement accru avec l'entrée en vigueur de la sous-traitance par les agents assermentés des sociétés Streeteo et Moovia. (Crédits : Bpifrance)

Régulièrement pointée par l'opposition, la dette de la Ville de Paris, qui culminera à près de 8 milliards d'euros au 31 décembre, continue de flamber. Aussi, pour les équipes d'Anne Hidalgo, il s'agit de trouver de nouvelles recettes fiscales, et ce alors que la crise énergétique fait envoler les coûts de fonctionnement de la capitale. Dans ce contexte, le stationnement payant dans la ville la plus visitée au monde apparaît comme une manne non négligeable. Une rente qui se vérifie dans les chiffres : en cinq ans seulement, les recettes issues du stationnement payant (dont font partie les redevances de stationnement et les forfaits post-stationnement) sont ainsi passées de 231 millions d'euros en 2018 à 335 millions d'euros en 2022, selon les estimations de la mairie interrogée par La Tribune. Soit un bond de 45%, avec une forte accélération cette année puisque les recettes vont bondir en 2022 de 32%. Une augmentation qui résulte de plusieurs facteurs.

D'abord, l'instauration des forfaits post-stationnement (FPS) - les nouvelles amendes - le 1er janvier 2018 a contribué à augmenter considérablement les recettes liées au stationnement payant. En effet, avec la disparition du PV à 17 euros, le FPS a d'abord été fixé à 35 et 50 euros selon les zones, mais le tarif de cette amende a de nouveau augmenté en août 2021. Désormais, un FPS en zone 1 (du 1er au 11e arrondissement) coûte 75 euros et il faudra débourser 50 euros en zone 2 (du 12e au 20e). Interrogée, la mairie de Paris indique à La Tribune qu'en 2021, la recette issue des FPS était de 109 millions d'euros pour 4,6 millions de FPS distribués. Pour 2022, la recette devrait atteindre les 150 millions d'euros, pour 5 millions de FPS que la mairie estime avoir dressés cette année.

Une fructueuse délégation des contrôles

Ensuite, la privatisation du secteur en 2018 avec la délégation de la verbalisation auprès d'agents assermentés des sociétés Streeteo et Moovia a fortement contribué à l'explosion des recettes issues du stationnement payant. Hors période Covid, celles-ci n'augmentaient annuellement que de deux millions d'euros. En 2022, elles se sont appréciées de pas moins de 82 millions d'euros par rapport à l'année précédente, selon les données du cabinet de David Belliard, à 335 millions d'euros. Ce qui correspond à une hausse de 32%.

Le niveau de contrôle dans la capitale s'est aussi sensiblement accru avec l'arrivée de ces prestataires. « Les places sont désormais contrôlées deux fois par jour », explique à La Tribune David Belliard.  Ces agents peuvent apposer un FPS à la suite « d'un contrôle effectué sur place ou par le biais d'une revue d'image » créée à partir de l'immatriculation du véhicule stationné, via le système LAPI (lecture automatique de plaques d'immatriculation). Certains d'entre eux font preuve d'un engagement à toute épreuve avec, parfois, des contraventions faites quelques minutes avant le passage au stationnement payant (20 heures).

Cette délégation, qui coûte 17 millions d'euros par an à la mairie de Paris (en hausse de deux millions d'euros cette année avec la mise en place du stationnement payant pour les 2RM) a ainsi permis de renflouer les caisses de la capitale. « Grâce à la sous-traitance, le taux de respect des mesures de stationnement est plus élevé », ajoute également David Belliard, précisant qu'il atteint « désormais 80% pour les voitures », tandis qu'il n'était que de 17% en janvier 2018, et de 7% en janvier 2017 avant la délégation des contrôles.

200.000 FPS distribués aux deux-roues thermiques en trois mois

Surtout, l'instauration du paiement pour les deux-roues motorisés (2RM) en septembre dernier accélère les recettes fiscales de la mairie de Paris. Trois mois après la mise en place de cette mesure, environ 40% des utilisateurs de 2RM payent leur stationnement à Paris, a indiqué à La Tribune David Belliard, et ce taux « devrait augmenter dans les prochaines semaines et les prochains mois ». Au total, ce sont environ 200.000 FPS qui ont été établis par Streeteo et Moovia depuis début septembre. Et à raison de FPS compris entre 25 et 37,5 euros en cas de non-paiement du stationnement pour les 2RM, les recettes sont déjà conséquentes (entre 5 millions et 7,5 millions d'euros en trois mois).

Globalement, cette mesure devrait rapporter entre 25 à 30 millions d'euros par an à la mairie de Paris, même si l'élu écologiste concède à La Tribune qu'un véritable bilan ne sera réalisable que l'été prochain.

Mais pour le moment, le « bilan est très positif » et cette mesure s'applique « correctement sur le terrain », assure David Belliard, ajoutant qu'elle a pour objectif d' « inciter à utiliser un véhicule moins polluant ». En effet, les scooters et motos électriques ne sont pour l'instant pas concernés par cette réforme, de quoi déplaire à de nombreux motards, dont la Fédération Française des Motards en Colère - Paris et petite couronne (FFMC) qui se réunit chaque semaine devant la mairie de Paris afin de protester.

Des alternatives pour contourner le stationnement payant et les amendes

Tandis que cette mesure représente une contrainte pour certains, elle est une aubaine pour d'autres. « Nos abonnements moto ont presque doublé depuis la mise en place du stationnement payant des 2RM », indique à La Tribune Charles Pfister, cofondateur de Yespark, spécialiste de la location mensuelle de parkings, et le nombre total d'abonnements a augmenté de 75%. En effet, les parkings proposés par Yespark sont moins onéreux que les parkings municipaux. « En zone 1, il faut compter au minimum 65 euros par mois pour un abonnement moto tandis que la mairie propose des abonnements à 90 euros le mois pour stationner dans les parkings publics », explique le cofondateur. En zone 2, Yespark propose également des tarifs entre 10 et 20 euros moins chers que la mairie. Même si le rythme de croissance actuel est revenu à la normale pour la plateforme, son cofondateur prévoit « une croissance très forte à l'avenir » car « dans un objectif de transformation de la ville, la mairie a l'intention de supprimer 70.000 places de stationnement pour en faire d'autres aménagements ».

Cityscoot, l'un des principaux acteurs de la location de scooters électriques de la capitale, a également vu son nombre de locations exploser. « Nous avons constaté une hausse de 40% des nouveaux inscrits en septembre, et de 85% en octobre », a annoncé à La Tribune Bertrand Altmayer, PDG de Cityscoot, comptabilisant ainsi « entre 30.000 et 50.000 utilisateurs par mois ». Et si les abonnés sont quelques milliers seulement, cette formule est prometteuse car l'abonnement n'a été mis en vigueur qu'en septembre. Ces résultats, « très encourageants » pour l'entreprise qui a loué presque autant de scooters électriques au mois de septembre qu'en juillet et août réunis, est ainsi la preuve d'un changement de comportement des utilisateurs de deux-roues, qui « testent de nouvelles alternatives », selon Bertrand Altmayer. Toutefois, Cityscoot reste limitée sur le nombre de scooters qu'elle peut proposer dans Paris, la mairie lui autorisant seulement 2.500 scooters en circulation afin de « limiter son emprise sur l'espace public ». Dans le nouvel appel d'offres lancé par la mairie de Paris sur l'autorisation d'occupation du territoire, auquel Cityscoot a répondu, ce quota est reconduit, mais il pourra éventuellement être révisé à la hausse.

Finalement, les ventes de scooters ou de motos « sans émission » ont également augmenté ces derniers mois et les immatriculations de véhicules électriques sont désormais plus nombreuses que celles des véhicules thermiques dans la capitale. En septembre et octobre, 943 modèles électriques ont été vendus à Paris (56% de plus qu'à la même période en 2021) contre seulement 616 2RM, selon les chiffres collectés par le cabinet AAA DATA, spécialiste de la donnée automobile. Cependant, pour le PDG de Cityscoot, « la propriété individuelle n'a aucune pertinence économique pour ce type d'actif, inutilisé 97% du temps ».

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Commentaires 10
à écrit le 15/12/2022 à 11:58
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Il faut bien payer les dons plus que généreux de la mairie de Paris aux associations, notamment à SOS Méditerranée.

à écrit le 14/12/2022 à 21:04
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C'est surtout un problème de parisiennes, pas le nôtre.

à écrit le 14/12/2022 à 16:01
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Belles recettes obtenues en culpabilisant le citoyen mais bien insuffisantes face à des dépenses de dingue ! Comme disait M Thatcher , le problème du socialisme c'est que vous manquez toujours de l'argent des autres.

à écrit le 14/12/2022 à 14:38
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des super-profits!!!!!!!!! des profiteurs de guerre, qui profitent de la guerre en ukraine et de la transition ecolo pour exploiter leurs concitoyens!!! il faut confisquer tout ca et traduire les responsable devant la justice ( stalinienne, pour etre...

le 14/12/2022 à 22:28
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Et hidalgo en suv à paris c est combien le stationnement ? Quel montre l exemple !!

à écrit le 14/12/2022 à 14:02
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S’enorgueillir de faire du racket fiscal sur le stationnement après la hausse des taxes foncières, la gauche ne pense qu’à ponctionner la minorité des français qui payent l’impôt leur devise c’est YA CEUX QUI PAYENT POUR EN FAIRE PROFITER CEUX QUI P...

le 14/12/2022 à 14:25
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Normal qu'ils fassent cela c'est comme ça qu'ils sont élus ! Ce sont leurs électeurs et futurs électeurs en fait ces politiques sont des .....ils vendent leur âme pour un mandat

à écrit le 14/12/2022 à 13:55
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En même temps, comme dirait l'autre, avoir une voiture dans paris Intra-muros, ça ne sert, un tantinet, à rien. Sinon, a quoi ça sert que la nation sponsorise le métro parisien ?

à écrit le 14/12/2022 à 13:00
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le boycott de la ville de paris s'impose déjà réduits au minimum les places de stationnement la vitesse inapproprié a une circulation fluide les travaux indigne d'une capital les gaspart et bientot la maladie tout repousse un voyage a paris et ...

à écrit le 14/12/2022 à 12:02
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Paris est invivable, plan de circulation irréaliste , saleté et ville mal gérée qui s'endette de plus en plus. 7 milliards env alors qu'avant l'arrivée d' Hidalgo, les comptes étaient équilibrés. Elle va en conséquence augmenter la TF de plus de 50...

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