Patrick Koller conforte les ambitions de croissance de Faurecia

Le Pdg du premier équipementier automobile français a précisé le rythme de croissance qu'il vise pour l'horizon 2030. Il a insisté sur les leviers qu'il compte activer afin de tirer la marge opérationnelle de Faurecia vers les standards de Valeo ou Plastic Omnium. Il a également abandonné l'idée de doter le groupe d'une quatrième jambe, grâce aux perspectives nettement plus solides à ses yeux sur les activités liés aux moteurs thermiques.
Nabil Bourassi
Le PDG de Faurecia vise une hausse de son chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros par an jusqu'en 2030.
Le PDG de Faurecia vise une hausse de son chiffre d'affaires de 1 milliard d'euros par an jusqu'en 2030. (Crédits : DR)

Faurecia veut ouvrir une nouvelle page de son histoire. Le premier équipementier automobile français par son chiffre d'affaires (17 milliards d'euros en 2017) a déroulé devant les analystes la deuxième partie de sa stratégie de croissance. Devant les journalistes, Patrick Koller, Pdg du groupe, a donné ses priorités notamment axées sur des ratios de rentabilité renforcés.

Le groupe vise ainsi un chiffre d'affaires supérieur à 20 milliards d'euros en 2020 et une marge opérationnelle de 8%. Il s'agit d'un gros effort puisque Faurecia est en queue de peloton des équipementiers automobiles français en matière de marge opérationnelle. En 2017, celle-ci est ressortie à 6,9% (elle était de 4,4% en 2015) là où Valeo affichait 8%, et Plastic Omnium 9,5%.

Les usines sous pression

Faurecia vient de mettre en place un système de classement de ses 300 usines pour identifier les points de faiblesse.

« Celles qui afficheront des performances insuffisantes ne se verront pas affecter de nouveaux programmes ou d'investissements supplémentaires (...), nous pourrions aller jusqu'à leur fermeture », a-t-il tranché.

Sur la R&D, Faurecia veut également gagner en efficacité et va, pour cela, adopter la technologie de la blockchain, actuellement en phase d'expérimentation.

Car Patrick Koller veut préparer Faurecia à un éventuel scénario de retournement de cycle et ainsi garder des leviers de performance et de solvabilité en cas de crise.

« Nous devons être capable d'ajuster les coûts très rapidement ».

Le Pdg de Faurecia juge que l'Amérique latine donne des premiers signes de faiblesses, tandis que le marché nord-américain s'oriente vers une zone de maturité. Il estime toutefois que le marché européen offre encore des poches de croissance et que la Chine reste une excellente opportunité de croissance pour Faurecia.

La digitalisation pour anticiper un éventuel retournement de cycle

Pour autant, il va continuer à investir afin d'améliorer la qualité d'exécution de son complexe industriel à hauteur de 750 millions d'euros par an, notamment dans la digitalisation des usines.

« Notre arbitrage est simple, l'investissement dans les nouveaux process digitaux produit un retour sur investissement très rapide », a-t-il souligné. « On est en avance par rapport à nos concurrents en matière de culture de performance, nous voulons garder cette longueur d'avance », a-t-il néanmoins nuancé pour rassurer.

Certainement une façon de faire converger son discours avec cette hypothèse d'un risque de retournement de cycle dont il dit tout ignorer tant en termes d'ampleur que de calendrier : « Cela pourrait être un atterrissage en douceur, suivi d'une consolidation et d'un rebond... ».

Finalement, pas de quatrième jambe

Patrick Koller est également revenu sur le projet évoqué en juin 2017 lors du précédent Investor Day d'investir dans une « quatrième jambe ». Selon lui, le contexte n'est plus le même :

« Nous avions d'immenses doutes sur l'avenir de nos activités thermiques (...), or, aujourd'hui, nous sommes totalement rassurés sur ce point-là et cette activité continuera à contribuer à nos performances y compris jusqu'en 2030. »

Selon lui, la perspective d'intégrer une nouvelle activité pourrait être très coûteuse (« Les multiples sont très élevés », a-t-il souligné), et assortie de peu de synergies. « Nous prévoyons une croissance de 1 milliard d'euros par an, et nous visons 30 milliards en 2030, c'est colossal et cela me suffit », a-t-il insisté, avant d'ajouter que c'était aussi une question d'opportunités. La porte resterait donc entre-ouverte...

L'activité zéro émission appelée à devenir une ressource majeure

Sans en faire une « quatrième jambe » supplémentaire, Patrick Koller a dit tout le bien qu'il pensait de la technologie hydrogène. Il estime que c'est la solution alternative la plus pertinente à la voiture électrique. Il revendique des positions technologiques qui placent Faurecia au rang de leader en termes de qualité, que ce soit sur le réservoir ou la valve.

« Nous serons en capacité de proposer une solution complète intégrant la pile à combustible à horizon 2025 », a déclaré Patrick Koller qui vise un coût par voiture de 6.000 euros, soit beaucoup moins que les 8.000 euros que les « plus optimistes » des cabinets escomptent pour la voiture électrique classique à horizon 2030, toujours selon lui. Il a annoncé avoir remporté un contrat auprès d'un constructeur automobile européen pour la partie réservoir et valve.

L'activité zéro émission de Faurecia devrait devenir une ressource majeure du groupe à horizon 2030. Celle-ci ne pèse que 500 millions d'euros 2017 et devrait passer à 1 milliard en 2025 puis 2,5 milliards en 2030, soit 13% des ventes.

Plus de Chine encore

La Chine sera également un gros levier de croissance pour Faurecia. Le groupe français est en phase d'accélération sur le premier marché automobile mondial.

« Nous avons largement augmenté notre visibilité avec les clients, notamment les constructeurs locaux », s'est félicité Patrick Koller.

Les ventes en Chine devrait doubler d'ici à 2020 pour atteindre 4,5 milliards d'euros, dont 40% auprès des constructeurs locaux, contre 16% en 2017.

« Le potentiel est plus large puisque les constructeurs chinois vont bientôt se demander quelle est la seconde étape de leur histoire, ce sera probablement l'export ou la production à l'étranger, nous devons les accompagner dans cette évolution », ambitionne Patrick Koller.

Faurecia poursuit sa stratégie de croissance rentable avec l'objectif d'atteindre les standards de ses compatriotes. Patrick Koller s'est montré plus précis sur son rythme de croissance mais également sur la méthodologie d'exécution de son plan, quitte à ajuster certains aspects (exit du projet de quatrième jambe). Il s'est voulu très confiant sur la trajectoire de son plan tout en rappelant qu'il « n'était pas d'un naturel agressif ». Avant de plaisanter : « Achetez du Faurecia tant qu'il en est encore temps... » Pas agressif, mais très confiant !

Nabil Bourassi

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