Voitures électriques : comment la France va protéger son industrie face à la Chine et aux Etats-Unis

Alors que le gouvernement va annoncer une série de mesures favorisant la réindustrialisation, le bonus écologique fait parler de lui. Attribué aux voitures électriques en dessous de 47.000 euros, des voitures chinoises et américaines peuvent en bénéficier. Le chef de l'Etat pourrait donc annoncer de nouvelles conditions d'attribution...en fonction de l'empreinte carbone. Un casse-tête pour certains et un avantage tricolore pour d'autres. Explications.
Actuellement accordé aux véhicules électriques en dessous de 47.000 euros et de 2,4 tonnes, le bonus écologique profite à des voitures comme la Model 3 de Tesla ou encore des modèles chinois.
Actuellement accordé aux véhicules électriques en dessous de 47.000 euros et de 2,4 tonnes, le bonus écologique profite à des voitures comme la Model 3 de Tesla ou encore des modèles chinois. (Crédits : Reuters)

À la veille des mesures annoncées par Emmanuel Macron pour accélérer la réindustralisation et de son déplacement vendredi à Dunkerque pour imager ses propos, les contours du bonus écologique accordé aux voitures électriques se sont un peu éclaircis. « Nous finançons des usines de batteries, la production automobile en France. Nous sommes le continent qui se fixe les objectifs les plus ambitieux en particulier sur l'automobile, alors doit-on continuer à financer des voitures d'autres pays qui ne respectent pas les mêmes règles imposées ? Ce n'est pas cohérent. Il faut plutôt prendre en compte l'empreinte carbone des produits pour ce bonus écologique», a ainsi estimé l'Élysée lors d'une réunion avec la presse, ce mercredi.

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Actuellement accordé aux véhicules électriques en dessous de 47.000 euros et de 2,4 tonnes, le bonus écologique profite, en effet, à des voitures comme la Model 3 de Tesla ou encore des modèles chinois.

Sous condition de l'empreinte carbone

Ce bonus, à hauteur de 5.000 euros, permet le financement des voitures électriques très coûteuses et reste nécessaire dans la transition. « Sur la seule force du marché actuel, vous n'avez aucune raison d'aller vers l'électrique », affirme Julien Pillot, économiste et enseignant-chercheur à l'INSEEC.

« Il faut aider les revenus les plus faibles, mais il faut également que l'industrie européenne en profite », insiste Anne-Sophie Alsif.

Une préférence européenne avait été évoquée par le chef de l'Etat lors de précédentes interviews. Mais c'est finalement un bonus attribué selon l'empreinte carbone « qui fait sens », selon l'Elysée, dans un contexte de transition vers une mobilité décarbonée.

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L'énergie pour produire les composants ou la batterie ainsi que le transport pourraient être analysés. À ce jeu, les constructeurs produisant en France pourraient être avantagés par la décarbonation de l'énergie grâce au nucléaire et à l'hydraulique. En effet, selon RTE, un kilowattheure produit dans l'hexagone ne dégageait que 56 grammes de CO2 en 2022 soit sept fois moins qu'en l'Allemagne, la grande puissance automobile européenne.

... à condition de simplifier sa mise en place

Mais pour que ce bonus puisse réellement profiter à la réindustrialisation, il va falloir qu'il soit simple à mettre en place, estime les analystes. Car mesurer l'empreinte carbone d'une voiture reste un casse-tête sans nom. Il faut pour cela mesurer l'empreinte de chaque composant selon l'usine dans laquelle il est produit et le type d'énergie utilisée par l'usine. Problème : une voiture possède une centaine de composants, parfois de rangs 3,4 ou 5 soit des pièces produites au début de la chaîne puis utilisées par d'autres usines avant d'être exportées dans les usines d'assemblage. « Je ne vois pas comment cela est possible », confirme un consultant spécialisé du secteur.

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Pour faciliter la mise en place du bonus, le gouvernement pourrait éventuellement annoncer une empreinte carbone calculée sur la production de la batterie uniquement. Celle-ci représente, en effet, une part très importante des émissions du véhicule électrique.

« Pour une voiture de classe moyenne thermique, c'est 6 tonnes de CO2 à la production totale. Lors de la fabrication d'une batterie électrique de 50kwh qui alimente ces mêmes modèles, c'est 3,5 tonnes si elle est produite en France avec une énergie décarbonée, mais le double si elle vient de Pologne ou de Chine », explique Rémi Bastien, ancien directeur R&D chez Renault.

Les trois gigafactories du Nord de la France, complétée par la confirmation d'une nouvelle à Dunkerque du Taïwanais Prologium, seront alors privilégiées par ce bonus écologique. Mais pour le moment, peu de véhicules électriques seront équipés de ces batteries car la première usine inaugurée sera celle d'ACC (consortium entre TotalEnergies, Stellantis et Mercedes) fin mai. Elle devrait délivrer 50.000 batteries d'ici fin 2023.

Vers d'autres options plus judicieuses ?

D'autres solutions pourraient être envisagées, avec, elles aussi, leur lot de difficultés. Une préférence géographique de production comme l'IRA (Inflation Reduction Act) aux Etats-Unis pénaliserait, en effet, Renault avec sa Dacia Spring produite en Chine et favoriserait certains modèles de Tesla produits à Berlin.

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Autre option un temps évoquée par le gouvernement : un bonus attribué en fonction de l'usage et orienté à destination des ménages qui font le plus de kilomètres sans avoir la possibilité de changer de véhicules comme les infirmiers libéraux par exemple. Alors que les trajets longs du quotidien représentent 60% des émissions, ce fléchage semble plus « intelligent » selon Rémi Bastien. « Il faut flécher l'accès à la voiture électrique de taille raisonnable à des publics qui en ont vraiment besoin. Il faut s'assurer que l'on protège les bonnes personnes. »

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Commentaires 22
à écrit le 12/05/2023 à 11:03
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"comment la France va protéger son industrie face à la Chine et aux États-Unis" Pendant ce temps , une entreprise taïwanaise ProLogium choisit Dunkerque.

à écrit le 11/05/2023 à 15:55
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La voiture électrique? Batteries monstrueusement polluantes à fabriquer et à détruire ! Recharges électriques à base d'électricité issues de centrales nucléaires ou à charbon ! Carrosserie en aluminium, métal polluant à produire ! Faire croire que c'...

à écrit le 11/05/2023 à 15:54
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La e-208 n'est pas fabriquée en France, me semble, même si la marque est française, comment va-t-on pouvoir aider les gens qui veulent en acheter une ? Ma 208 à pétrole va encore durer, 3,99L/100 sur 120 000 km mais rien n'est éternel. Pourquoi ne pa...

le 11/05/2023 à 17:21
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"retraités à vélo" ? C'est très restrictif, compte tenu du vieillissement et des éventuels problèmes de santé. Tous ne peuvent pas aller à vélo. Mais les nécessités de la vie et l'envie de voir un peu plus loin que son jardin nécessitent une voiture....

à écrit le 11/05/2023 à 14:50
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Le constructeur automobile TESLA s'est déjà installé en Europe. Les autres constructeurs étrangers vont suivre. A partir de ce moment là, ces marques auront droit automatiquement aux aides des Etats sur le sol européen. Un point c'est tout.

à écrit le 11/05/2023 à 14:07
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La différence de salaires et des charges pénalisent l'industrie européenne , nous avions de l'avance technologique dans les moteurs thermiques , on ouvre un boulevard avec les voitures électriques chinoises. Encore une industrie européenne qui va dis...

le 11/05/2023 à 19:21
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Non les salaires et charges ne pénalisent pas , , ce qui pénalisent c'est le manque d'innovations, de prise de risques et d'investissements .

à écrit le 11/05/2023 à 13:49
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Nos chefs economistes en taxe, nos taxonomistes le savent bien : ce ne sont jamais les entreprises qui paient les taxes mais le consommateur final... La dernière bonne blague du Maire du village Gaulois : il taxerait les industriel de l'agroalimen...

à écrit le 11/05/2023 à 13:48
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Elle ne va pas le faire . L'Europe va lui empêcher de faire quoi que ce soit dans se sens et le Valet Macron va exécuter les ordres . Vos articles sont de la fumée et ne servent à rien . les seuls articles qui pourraient faire avancer serait : Q...

à écrit le 11/05/2023 à 13:24
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Bah oui, la taxe carbone. Logistique et conditions de fabrications comprises. Pour griller totalement la Chine, il faudrait y ajouter une taxe sociale. OMC, les libres échanges et leurs contreparties, un délire total. Evidement les industriels eu...

à écrit le 11/05/2023 à 12:45
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Bonjour, Une bonne nouvelle... Mais pas question de payer les voitures 20/100 plus chère... Car ons nous la déjà fait, ce coups la..

le 11/05/2023 à 13:24
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comme pour nombre d'entreprise vendu a des investisseur chinois les responsables sont ceux qui ont vendu mais pas les acheteurs auquel il faut ajouter les magistrats qui valide ces ventes ces gens qui vende ne sont jamais responsable c'est pour...

le 11/05/2023 à 13:57
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bientôt la fin de la politique du chaos néolibéral,?

à écrit le 11/05/2023 à 8:20
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"Pourquoi continuer à subventionner des voitures étrangères" Déjà le citoyen vache à lait se demande qui a pondu cette loi et qui a voté pour une loi qui dessert les intérêts français ? Avons nous les noms de ces traites ?

à écrit le 11/05/2023 à 6:55
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Faire comme ceux qui pratiquent le protectionnisme style usa. Tout ce qui est fait en dehors du pays, poum, taxes. C'est tres simple, mais a bercy on aime compliquer avec les conflits d'interets doubles et leurs dessous de tables fructueux.

le 11/05/2023 à 9:08
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Oui, un peu de protectionnisme a du bon

à écrit le 11/05/2023 à 1:41
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Les politiques aiment les grandes annonces pour montrer les muscles. Si le marché français est attractif pour les chinois coréens et américains les parades seront trouvées. En général les parades sont les sanctions. Autres possibilité des productions...

à écrit le 10/05/2023 à 22:59
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Pffff si c'est pour gagner 5000 eu et avoir une électrique française de 280 km autonomie réelle non merci dsl non merci ils sont à la trenne côté autonomie

le 11/05/2023 à 13:18
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@David L'autonomie dépend essentiellement de la capacité de la batterie . En France ou en Chine, 1 watt = 1 watt. Pour ce qui est des distances parcourues ça peut passer du simple au double en fonction de la conduite , des conditions météo, du prof...

à écrit le 10/05/2023 à 21:02
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A quoi pourrait bien nous servir une voiture électrique si l'on n'avait pas de déplacements inutiles... qui nous reviennent si cher ? Imaginer les économies que l'on pourraient faire sans une infrastructure routière à entretenir ? ;-)

le 11/05/2023 à 8:39
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…..déplacements inutiles……Vous ne sortez jamais de chez vous?

le 11/05/2023 à 13:20
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@ Non mais. Je suis d'accord, plus de routes, des chemins et pour tous des 4x4...diesel évidemment 🤣

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